Livre pas du tout ennuyeux sur l’ennui.
L’ennui, mal du siècle au XIX ème. L’ennui, vécu dans une existence littéraire et secrètement religieuse.
Le héros, Des Esseintes, admire Baudelaire et Barbey. Le roman s’ouvre sur une épitaphe de Rusbroek l’admirable et s’achève sur une prière baudelairienne des Esseintes.
« Seigneur, prenez pitié du chrétien qui doute, de l’incrédule qui voudrait croire, du forçat de la vie qui s’embarque seul, dans la nuit, sous un firmament que n’éclairent plus les consolants fanaux du vieil espoir ! »
Exercice spirituel pour Huysmans que ce personnage de des Esseintes. Espace littéraire où un jeu se joue entre l’auteur et son personnage. Il se projette dans ce fantoche et s’identifie à lui pour matérialiser et donc pouvoir s’arracher à ses tentations le plus profondes, celles du crime.
Pas étonnant alors que Huysmans soit autant cité dans le beau livre illustré pour l’exposition Crimes et Châtiment du Musée d’Orsay. Son thème est constant : le monde est une entreprise sadique dont l’homme est la cible. Alors des Esseintes emprunte la route dangereuse du crime en commentant les toiles de Gustave Moreau que vous pourrez admirer au musée d’Orsay.
On lira avec intérêt les passages sur les estampes de Jan Luyken, graveur hollandais. On aurait aimé admirer ces estampes dans l’actuelle exposition.
« Il possédait de cet artiste fantasque et lugubre, véhément et farouche, la série de ses Persécutions religieuses, d’épouvantables planches contenant tous les supplices que la folie des religions a inventés, des planches où hurlait le spectacle des souffrances humaines, des corps rissolés sur des brasiers, des crânes décolletés avec des sabres, trépanés avec des clous, entaillés avec des scies, des intestins dévidés du ventre et enroulés sur des bobines, des ongles lentement arrachés avec des tenailles… » (p.151)
Des Esseintes, héros kierkegaardien et figure d’angoisse, annonce le Bardamu de Céline, tout comme les estampes de Jan Luyken préfigurent les tortures du XX ème siècle et nous donnent une certaine lecture du crime de cet arrageois, mari modèle qui, pourtant décapita son épouse après l’avoir assassinée.
La Bible de l’esprit décadent et de la « charogne » 1900 est toujours d’actualité. Le dernier livre de Régis Jauffret l’a prouvé.
Huysmans A rebours – Comment s’arracher à l’ennui et à la tentation du crime que chacun porte en soi ?
Je termine presque toujours un livre que j’ai commencé. J’ai terminé « A rebours ».
Quel ennui!
L’écrivain a un talent certain : son style est admirable. Mais à quoi bon bien écrire si c’est pour présenter un personnage détestable vivant artificiellement d’idées inconsistantes. Des Esseintes se voudrait un dandy désabusé et il lui semble de bon ton de mépriser le peuple besogneux. Soit, mais ressasser sa haine du pauvre, est-ce de la littérature? Et puis, de la part de Huysmans, n’est-ce pas une facilité de lire un ouvrage à propos des écrivains anciens, un autre à propos des pierres précieuses, un autre à propos des couleurs…et de composer autant de chapitres que d’ouvrages lus et revomis avant digestion. Loin de m’éblouir, le procédé m’ennuie à mourir. Et puis mépriser Voltaire, Molière, Rabelais, Rousseau, Diderot, je veux bien mais il faudrait que le créateur de Des Esseintes ait écrit autre chose que « A rebours ».
Je me suis relu. J’écris mal mais j’avais besoin de me débarrasser de la désillusion éprouvée à la lecture d’une oeuvre de bien peu d’intérêt.
Un lecteur
c’est de l’ironie, du recul sur ce mal (du siècle), alors à la mode.
C’est terriblement outrancier ; c’est tout le romantisme moribond)…
Lautréamont, je veux bien que plane encore le doute, mais là ))