L’imparfait est-il subjectif ?

Critique de le 17 août 2010

Je n‘ai pas aimé...Plutôt déçu...Intéressant...Très bon livre !A lire absolument ! (8 votes, moyenne: 2,75 / 5)
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Littérature

guerilleros.jpgOrthographe, conjugaison, temps & modes, syntaxe, font partie de l’univers impitoyable de l’auteur comme autant de maîtres exigeants et sévères. Pire encore, ils font l’auteur et sa crédibilité, même si de « petites mains » traquent à sa place, le plus souvent, ces imperfections de sous-doués.

Qu’en est-il lorsque l’instruction vous est supprimée à 7 ans et qu’à 67 vous avez quelque chose d’important à dire, les mots pour le dire, les phrases et le ton pour le faire vivre ? De plus, vous êtes Kabyle et l’enseignement du français s’est arrêté en primaire.

Et si, justement, c’est cette absence d’instruction, cette souffrance d’avoir été laissé pour compte, cette aberration de l’Histoire, qui jalonnent son roman, qu’Idir Ait Mohand a voulu coucher sur le papier ?

Son personnage principal, lui-même, a 7 ans lorsque l’école ferme pour toujours. Alors il écoute et regarde. Il écoute son village, ses légendes et ses peines, ses joies et ses plaisanteries. Il regarde ses montagnes et ses champs, il joue avec, il joue dedans. Il est Kabyle en Kabylie dans ces années 60 qui ne rappellent rien de bon à quiconque. Il ne fait pas la guerre, il la subit, d’un côté comme de l’autre. Il ne la juge pas, il ne la comprend pas, il la contemple, d’un côté comme de l’autre. Il grandit en son sein et en connaîtra d’autres, guerre civile, révolution, agitation, fanatisme.

S’il doit vivre avec, bien malgré lui, il y conservera l’âge du moment qui s’effraie tout autant de légendes diaboliques, s’amuse de facéties locales, participe au labeur quotidien de la survie, s’émancipe en jeux d’une situation qui le dépasse. Mais il y a des yeux d’enfants qui vont au delà des apparences et des mensonges, qui pressentent ce qui se dissimule derrière et voient ceux qui se cachent et mentent, d’un côté comme de l’autre. Et qui interrogent…

On est très loin de Hors la Loi, le film de Rachid Bouchareb, et de ses polémiques insalubres. On est très loin d’ici également. On est en Kabylie et tout commence dans les années 50. Idir Ait Mohand, matricule S/5341, fait traverser le temps à son regard d’enfant sans instruction qui deviendra l’adulte sans instruction qui osera écrire « Les Guérilleros » qui en retrace la mémoire.

Un roman à l’imparfait tout subjectif, revêtu d’un voile de pudeur sans naïveté qui lui procure une force irrésistible faisant oublier que, sans instruction, on ne serait rien.

Les Guérilleros – Idir Ait Mohand

L’imparfait est-il subjectif ?

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5 commentaires pour “L’imparfait est-il subjectif ?”

  1. avatar Laurent dit :

    Votre critique m’a donné envie de le lire !
    Le buzz autour du film m’a laisse indifférent mais je vais peut être lire le livre.Il est chez quel éditeur ?

  2. avatar Meiji dit :

    Ayant contacté l’auteur, le livre en version papier est en cours d’édition. Il devrait sortir d’ici la fin du mois.
    Je poste ici dès sa parution.
    Sinon, il est disponible en pdf avec le lien dans l’article au prix de… 1 euros.

  3. Trois années se sont écoulées depuis que j’ai eu l’agréable surprise de découvrir cette critique qui m’a décortiqué et présenté tel que je ne l’aurais espéré. Tout en remerciant le critique, je tiens à rajouter que ce roman est en lecture et téléchargement gratuits : http://www.inlibroveritas.net/auteur19937.html
    l’Auteur

  4. avatar nicole Dugros dit :

    blog très intéressant et sortant de l’ordinaire

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