Journaliste à la « Revue de Paris » et à la « Revue des deux mondes », Jules Janin entreprend en 1840 un voyage d’un mois à travers la France et l’Italie. Il fait ses adieux à ses amis en forêt de Fontainebleau, poursuit à cheval jusqu’à Lyon puis gagne Marseille, Nice, Gênes, Milan, Pise et Florence par étapes et en faisant halte dans des auberges de fortune. Il trouvera Bologne misérable. Il rentrera par Parme et Milan, en ignorant Venise et en traversant les Alpes qui lui sembleront glaciales par comparaison avec la douceur du climat toscan. Il gagnera à Paris après avoir fait étape sur les bords du lac Léman.
Ce récit de voyage écrit comme une longue lettre à Madame de Courbonne est tout à fait dans le style de l’époque. Nombreux furent les romanciers ou poètes qui publièrent ce genre de littérature sans doute très prisée, le tourisme n’en étant encore qu’à ses premiers balbutiements. Dumas, Musset, Nerval, Lamartine et bien d’autres s’y illustrèrent pour le plus grand plaisir de lecteurs qui devaient y trouver un moyen pour s’évader de l’Hexagone et explorer par personne interposée des territoires inconnus ! Le style de Janin est un peu pompeux et vieillot, mais son œil d’observateur des paysages et des gens est aussi aigu que bienveillant. Janin s’intéresse à tout : mœurs des autochtones, œuvres architecturales, musées, histoire locale et même le devenir des rois détrônés, des nobles déchus. Il propose au passage de belles pages sur la famille Bonaparte. Il y a autant d’émerveillement que de nostalgie dans ses découvertes, observations et descriptions. Un livre encore agréable à lire aujourd’hui, à titre de document historique bien sûr, et non sans un petit effort d’adaptation.
3/5
Le voyage d’un homme heureux (Jules Janin)