Dans le Nord Kivu, en République Démocratique du Congo, quelques casques bleus découvrent les cadavres de six techniciens français atrocement mutilés et la chair marquée par cette inscription : « Meure la France ». Ils travaillaient sur un site d’extraction de terres rares dont du coltan, minerai considéré comme stratégique pour son utilité en aéronautique et informatique. Branle-bas au Ministère des Affaires étrangères, dans les services secrets et jusqu’à l’Elysée. Quel groupe terroriste a commis cet attentat ? Quelles sont ses revendications ? Pour mener l’enquête sur place, Clément Neumann, sous-traitant discret pour les affaires « mouillées », va jusqu’à extraire Théo Zeldner, devenu frère Jean Baptiste, du monastère dans lequel il s’est retiré depuis déjà dix sept ans. Ancien des commandos de la Marine, tireur d’élite spécialiste des exécutions discrète, lui seul connaît bien ce terrain ravagé par des années de guerre civile et pour cause : il y a déjà sévi dans le passé… Mais les temps ont bien changé. Ce ne sont plus les Russes qui s’intéressent aux richesses de l’Afrique mais les Chinois avec la complicité de bandes armées hutus, anciens tueurs de la guerre civile du Rwanda. Avec l’aide d’Esther, une spécialiste des négociations difficiles, Théo parviendra-t-il à mener à bien une mission qui s’annonce des plus périlleuses ?
Bien que commençant dans une ambiance d’horreur cauchemardesque, « Le silence des vivants » est plus un roman d’espionnage qu’un thriller à proprement parler quoiqu’en dise la couverture. Mais le lecteur qui s’attend à des aventures rocambolesques et à un agent secret à la James Bond sera déçu. Véritable antihéros, Théo est un homme brisé, un mystique chercheur de Dieu, implorant le pardon de ses crimes passés, doutant de tout et arraché de son monastère d’une manière aussi cavalière qu’improbable. L’intrigue basique comporte peu de rebondissements, un certain nombre d’invraisemblances et quasiment aucune surprise finale. Le principal intérêt de ce livre bien écrit et facile à lire reste la description du fonctionnement des cellules de crise du Quai d’Orsay, les arcanes des service secrets et les agitations des plus hautes instances du pouvoir. Ayant longtemps travaillé dans des cabinets ministériels et même comme assistant de Bernard Kouchner, Jacques Baudouin était particulièrement bien placé pour dépeindre les moeurs de ce milieu. L’ennui c’est qu’il ne nous apprend pas grand chose de plus que ce que nous avons pu découvrir dans les médias lors d’affaires comme l’attentat de Karachi, les prises d’otages au Sahel, les versements de rétro-commissions, les financements occultes des partis politiques et l’évasion de capitaux vers des paradis fiscaux. Les scènes de massacres africains sont loin d’atteindre à la puissance de celles racontées dans « Une saison de machettes » d’Hatzfeld. Pour les amateurs de ce genre particulier.
3/5
Le silence des vivants (Jacques Baudouin)