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Ce livre contient plusieurs textes, dont des réponses à certaines enquêtes de Périodiques directement adressées à PC, mais surtout Le Dialogue dans la Montagne et le Méridien.
Le Dialogue est un exemple de toute beauté de l’évolution et de la situation de la prose en nos temps modernes, après les œuvres de poètes importants – et après Auschwitz. C’est le parcours d’une entité impersonnelle, le il, qui progresse vers lui-même et la reconnaissance de sa personne, le je, dans un nous solidaire de son peuple et de sa distinction, de son authenticité personnelle.
Le Méridien, écrit pour la cérémonie du prix Buchner qui lui fut remis en 1960, raconte les opinions de Celan sur la position du poète dans l’acte de création : entre autre, ce passage d’un je, de lui-même à lui—même à travers le processus d’écriture, toute orientée vers un tu incertain mais espéré et en qui l’on met sa confiance et qui donne vit au poème. Le poète ne vit que dans cet élan de création. Après, il est absent; le texte est destiné, marque de son temps, vers un autre temps et plein de sens.
Extraits :
«C’est seulement dans l’espace de ce dialogue que se constitue cela même à quoi la parole s’adresse et qui se ressemble autour du Je qui lui parle et le nomme. Mais dans ce présent, ce à quoi la parole s’adresse et qui d’être nommé est devenu pour ainsi dire un Tu, apporte aussi son être autre. Là encore, dans l’ici et maintenant du poême – le poême par lui-même n’a jamais que ce présent-là, unique, ponctuel -, encore dans cette immédiateté et proximité le poème laisse parler aussi ce que l’Autre a de plus proprement sien : son temps.»
CELAN, Paul, Le Méridien et autre proses, La Librairie du Xxie siècle, Seuil.
