Blog: Passion-romans
Mon premier roman de Cyrille Audebert. Comment je pourrais définir cette oeuvre? C’est un polar, c’est certain, mais tellement atypique! Dès les premières pages, le lecteur se demandera dans quelle aventure cocasse il s’est engouffré. Cyrille Audebert s’en donne à coeur joie et c’est succulent!
Il nous plonge rapidement dans une ambiance bretonne haute en couleur avec des habitants qui se retrouvent tous bien emmerdés et contrariés par un évènement pour le moins… inhabituel.
Petit à petit, nous faisons connaissance avec les personnages et là encore l’auteur se montre d’une générosité renversante en nous confrontant à des protagonistes d’une épaisseur hors norme et vraiment bien représentés. Le mot atypique me revient encore une fois pour qualifier les personnages du livre. Sont-ils à l’image de l’auteur? Totalement extravagants et fêlés… (rire)
Néanmoins, le lecteur découvrira une panoplie « d’acteurs » qui en vaut assurément le détour. J’irais même jusqu’à dire que l’ambiance des personnages me faisait parfois penser à du Fred Vargas. Cyrille, désolé de faire une comparaison mais c’est un compliment! Allez, un passage que j’adore pour me faire pardonner:
« – Il a un goût de bouchon ton muscadet! brailla un client assis à une table du fond en frappant sa canne sur le sol carrelé.
– T’as raison, rigola Chandouineau sans se retourner, plongé qu’il était dans ses étagères à la recherche d’une boîte de pêches au sirop. T’as toujours bu que de l’étoilé, Baptiste, et ça tombe bien, justement c’en est… Du comme t’aimes… Du qu’est bouché avec des capsules en plastique… Alors que tu lui trouves un goût, je peux facilement le comprendre. Mais que tu lui trouves un goût de bouchon, c’est plutôt risqué comme diagnostic. »
Cyrille Audebert nous livre cette histoire avec une écriture fluide, agréable et un peu folle tout de même. Beaucoup de dialogues accrocheurs, ponctués d’un humour aiguisé et quelques fois crasse. Mais attention, toujours inséré dans un contexte bien maîtrisé! L’intrigue est sincèrement captivante par sa marginalité. Pour écrire cette oeuvre, l’auteur a tenu une plume dotée d’un réservoir rempli de dérisions, de sarcasmes et de lazzi. Du grand art et cela me plait. De la « moquerie » subtilement utilisée.
Je vous résume cette histoire que je qualifie de rocambolesque. Calgary, dit le Colosse, découvre en rentrant chez lui une femme nue au bord de la route, ensanglantée. Il la prend chez lui pour savoir ce qui a bien pu lui arriver. Cette femme, amnésique, va lui réserver bien des surprises… Parallèlement, la police enquête sur des meurtres macabres, gores, respectivement des hommes et des femmes salement déchiquetés retrouvés dans cette région habituellement calme. Les pistes ne mènent nul part, ou alors peut-être vers des aboutissements peu vraisemblables. Des chiens?
Margot, flic sur cette enquête, va faire une rencontre peu commune avec un vieil homme irlandais, Mac Cool, qui traîne dans la région, tel un SDF, depuis quelques temps. Que fait-il là? Les collègues de Margot n’aiment pas sa présence.
« Margot se leva et resta un moment immobile à détailler l’homme. Cette maigreur, ces haillons pendants sur ses épaules, ce long bâton de pèlerin: tout cela lui était familier. Elle s’avança vers lui… »
Cet homme va finalement guider Margot dans la bonne direction, une piste inquiétante et difficile à assimiler pour un esprit cartésien. Qui est ce vieil irlandais qui semble être partout à la fois? Margot aura un semblant de réponse en se penchant un peu sur la mythologie irlandaise…
Des personnages provenant de mythes irlandais auraient-ils choisi cette région bretonne comme terrain de bataille? Je ne vous en dis pas plus. Le lecteur doit toutefois s’attendre à être surpris et décoiffé!
Cyrille Audebert mêle fiction et réel avec adresse, et nous emmène sans prendre de précaution vers un final qui déménage. Bonne lecture.
Un mot sur l’auteur (Source de la biographie: sindbadboy éditions)
L’année 1959 aura été marquée par deux événements capitaux : une canicule, pas meurtrière pour deux sous (de là à dire que les vieux ne sont plus ce qu’ils étaient…), et la naissance de Cyrille Audebert. La face du monde aurait dû en être bouleversée, mais Cyrille, conscient de ses fabuleuses possibilités, mettra toute son énergie à passer inaperçu : un peu d’humilité ne peut pas nuire.
Il n’y a guère que ses professeurs de français, invariablement séduites par son charme légendaire, qui se souviennent encore de lui, une larme à l’oeil et les mains tremblantes d’un désir toujours intact…
C’est aussi à cette période qu’il écrira ses premiers grands succès. Sa Lettre au Père Noël 1965 reste ainsi un modèle du genre, moult fois copiée, jamais égalée.
Tour à tour fort des Halles, artisan d’art, vendeur ambulant, publicitaire, plombier, chauffeur de maître, mais aussi maçon, joueur professionnel, déménageur et quelques autres étrangetés dont commercial dans une entreprise de lingerie féminine, où donc son impressionnante stabilité allait-elle bien pouvoir le mener ? Tout naturellement vers le métier de dresseur de chèvres dans une ménagerie… mais il se destine à rapidement devenir auteur à succès (on va se gêner !!!)
Également fondateur sur Internet de Tir Na N’og et Cie, site d’aide à l’écriture pour les auteurs amateurs, Cyrille Audebert a récemment signé Un temps de chien, la suite de son premier polar, L’évangile selon Jacques Lucas, déjà un énorme succès dans sa famille et même un peu plus (un peu d’humilité…), et fait paraître deux autres romans : une comédie fantastique, Fantôme d’amour, et un thriller initiateur du genre « rigolo-gore »,Cinquième étage.
« Un temps de chien », de Cyrille AudebertÉtiquettes : Cyrille Audebert, Temps de chien