Alors qu’il effectuait des relevés scientifiques à la surface de la planète Carcosa, le cosmomythologue Gert Slättengard est grièvement blessé suite à l’attaque surprise d’une entité inconnue surgie d’un lac tout proche. Le croyant mort, ses compagnons, qui viennent de découvrir une fresque étrange, preuve de l’existence d’une antique civilisation disparue, le rapatrient à bord de leur vaisseau spatial, l’Aniara II où il sera plongé en hibernation cryogénique dans l’attente de soins. Mais quelque temps après, Gert commence peu à peu à émerger du coma. Il est devenu amnésique, a de nouveaux souvenirs et ne s’appelle plus Gert, mais Gottfried Falkenberg. L’équipage ne le reconnaît plus. Il est devenu quelqu’un d’autre…
« Seentha » est pour le moins une œuvre atypique et particulièrement originale à tous point de vue. Jean-Michel Archaimbault la présente comme un opéra, la divise en actes et en scènes, la parsème de citations de Richard Wagner, de parties versifiées et même d’une coda en fin d’ouvrage. Le lecteur y verra une réappropriation magistrale du thème du célèbre « Hollandais volant », une nouvelle version du vaisseau fantôme, mais également une sorte de poème en prose onirique, cauchemardesque, explorant les rives du satanisme et les mythes des dieux nordiques Wode et Loki dont le cosmos serait l’Asgard. Au-delà de cet hommage, (« Eternel et galactique est le géant de Bayreuth », dit-il), le lecteur peut également y voir un exercice de style avec utilisation d’un langage raffiné voire sophistiqué (rhomboédrique, sibilant, trémulant, noctiluque, lampyre, pour ne citer que quelques vocables de cet ordre), d’un abus de néologismes pseudo-scientifiques (biopositronique, polyspécialiste, cryovaults ou psychophotonique, entre autres) qui justifieraient aisément la présence d’un glossaire. On l’aura compris, cet ouvrage étrange demande quelques efforts intellectuels au lecteur qui sera récompensé par une immersion dans un univers aussi démentiel qu’inquiétant.
3,5/5
Seentha (Jean-Michel Archaimbault)