« Réseau d’état », d’Hugues Leforestier — ou l’envers du décor politique, voir le jardin d’enfants!

Critique de le 3 octobre 2012

Je n‘ai pas aimé...Plutôt déçu...Intéressant...Très bon livre !A lire absolument ! (13 votes, moyenne: 3,92 / 5)
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Roman

« Lou leva son verre pour trinquer à ce qu’elle savait être une promesse d’ivrogne pour un politicien: la vérité. »

Une phrase très parlante qui en dit long sur les personnages de ce roman: des girouettes et des menteurs.

Imaginez une école maternelle, sa cours de récréation. Des enfants (ici en costume cravate) qui se courent les uns après les autres, se mentent, se jalousent, se détestent, s’amusent quoi. Soudain, l’un a un secret, les autres veulent savoir quoi, puis ils se rendent comptent que cela les concerne, que cela va nuire à leur petite réputation dans la cours d’école, dans la cours des grands, ici dans la grande cours du milieu politique! Alors il faut le faire taire, il faut user de ses petites influences, des copains – copinage! – pour remédier au problème. Et bien entendu, sans oublier de bien mentir pour mieux régner, ne pas se faire entuber, et ainsi en finir.

C’est 180 pages que nous écrit Hugues Leforestier pour nous expédier cette intrigue politique, voir d’espionnage ou encore totalement burlesque. C’est rapide, ça dénonce, ça dévoile, c’est du polar et de la fiction; quoi que!

Les personnages sont l’atout de ce roman. Hugues Leforestier nous présente une panoplie de protagonistes pas tout à fait fictifs, même si l’histoire ne les définis pas vraiment. Les noms sont inventés mais les fonctions sont clairement établies, donc au lecteur de faire son propre rapprochement et surtout son opinion.

Hugues Leforestier nous bascule dans l’envers du décor politique, face aux hommes de l’ombre, à l’image d’un conseiller du Président très obéissant et bien docile, un responsable de la sécurité de l’Etat pas vraiment très intègre ou encore le Président lui-même, imbu de sa personne, le Pouvoir dans la tête ou peut-être même ailleurs, personnage limite ridicule tel qu’il est décrit dans cette oeuvre. Il se nomme Marcoussy, chef d’Etat sortant, nous sommes en 2012; je ne vois pas bien qui cela peut être…

Il faut apprécier cette oeuvre en plaçant la dérision et le sarcasme en 1ère ligne, une satire politique qui laisse tout de même un peu songeur; je ne suis pas un spécialiste de la politique française, mais je pense qu’Hugues Leforestier n’est pas très loin de la vérité en nous présentant ses personnages qui se tournent et se retournent bien plus vite qu’une girouette en pleine tempête, des hommes qui sont totalement aveuglés par le Pouvoir et qui sont prêts à tout pour accomplir leur sport favori; « se tenir par les couilles » et entretenir la dissimulation! De vrais gamins immatures insatisfaits, donc dangereux…

Il y a de la fiction, il y a du vrai c’est certain, au lecteur de faire la part des choses et de penser ce qu’il veut. Mais une chose est sure, vous aller vous marrer à force de suivre ces espèces de pantins qui ne valent pas mieux que quiconque, la plupart totalement frustrés de ne pas être là où il voudrait être. Et bien entendu, tous les coups (bas) sont permis!
C’est le cas de le dire dans ce roman.

L’intrigue en elle-même n’est pas compliquée. Il y a un homme, on va l’appeler « La Cible », qui est recherché par toutes les polices de France et les Services secrets. Cet ancien activiste gauchiste au passé tumultueux, devenu par la suite mercenaire pour une officine spécialiste des coups tordus, détient des dossiers sensibles hautement compromettants sur des hommes d’Etat actuellement au Pouvoir. Ayant entretenu par le passé des relations privilégiées avec plusieurs d’entre eux, « La Cible », prise dès lors très au sérieux, devient un élément gênant à abattre à n’importe quel prix.

Nous sommes à la veille des élections présidentielles, le gratin politique est nerveux, instable et va tout mettre en oeuvre pour arrêter cet homme. Le faire passer pour un terroriste sera un moyen discret et bigrement efficace. Dès lors, un autre grand Pouvoir, avec lequel il est très intéressant de « jouer » avec, va également entrer en scène dans cette course dangereuse et rapide, celui de la presse, soit de la communication. Lou, jeune femme diaboliquement bien foutue et futée, représentera ce Pouvoir là qui a l’avantage d’être indépendant.

« Mais s’il y a un truc que ces gens-là (haute sphère de l’Etat) savent faire, c’est communiquer. Je te jure que même Staline était un morveux sur le sujet, et qu’avant ce soir tu vas te retrouver responsable de l’assassinat de Kennedy et du 11 septembre réunis, avec des centaines de pages de rapport à l’appui. M’étonnerait pas qu’ils expliquent que Ben Laden était un acteur de complément dont tu écrivais tous les discours. »

« La Cible », bien que débrouillarde, futée et astucieuse tel qu’un Belmondo dans « Le Professionnel », aura tout de même besoin d’aide. Tout de même à bout de souffle, il se tournera vers ses « amis » trotskistes de l’époque, des camarades qui se battaient à ses côtés pour la révolution et contre le capitalisme. Mais voilà, le passé reste le passé, la plupart de ces gens ont viré de bord – le Pouvoir! -, ont suivi la voie de la domination – c’est un terme qui me convient bien – et sont à présent liés à des postes clés de la politique du pays. Dilemme! Pourra-t-il compter sur eux? A qui peut-il désormais faire confiance?

Hugues Leforestier nous dévoile quelques pratiques financières – vraies ou pas? – cautionnées et mises en place par des dirigeants politiques, un réseau d’influence au niveau international complexe et hautement efficace qui rapporte gros!

L’intérêt de ce roman qui se lit très vite est de se demander si tout cela est plausible et peut-être même véridique. Mais je pense que non, hein? 😉 Bonne lecture.

« Réseau d’état », d’Hugues Leforestier — ou l’envers du décor politique, voir le jardin d’enfants!

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