> Présentation: Vie et mœurs d’un médecin de campagne : dans cet ouvrage, Robert Escande nous raconte comment il s’est attaché à cette région montagneuse qu’est l’Ardèche, mais surtout comment il s’est lié d’amitié avec bien des gens sur place. Suite d’anecdotes qui tracent une vie, ce roman est un regard rétrospectif du médecin sur le chemin parcouru professionnellement et personnellement depuis lors.
[Cette critique a été rédigée par Aurore Morizot, auteur du blog Les citrons amers que nous vous invitons à découvrir]
> Un roman aux couleurs très personnelles, témoignage des nombreuses expériences de vie que peut rencontrer un médecin généraliste.
L’auteur trace ligne après ligne le portrait des gens qu’il a côtoyé pendant ses années en tant que médecin dans la vallée de St-Etienne-en-Montagne qu’il qualifie lui-même de « désert médical ». L’ouvrage est construit comme une suite d’anecdotes de vie, racontées par Robert Escande avec beaucoup d’humour et un certain recul concernant les événements. Il y dresse certes le tableau de sa patientèle mais dévoile aussi et surtout beaucoup de lui-même, de sa personnalité et de sa vie de famille.
C’est avec une certaine honnêteté qu’il fait le point sur les bons souvenirs, les coups de chance, mais aussi sur les ratés de sa carrière, les moments où en tant que médecin, il a été confronté pourtant aux mêmes impératifs que tout un chacun : la pluie ou la neige qui rendent les routes pratiquement impraticables et qui le retardent auprès de ses patients, qui l’empêchent parfois d’arriver à temps.
Au delà de l’aventure humaine et du lien qui se forge nécessairement entre un médecin généraliste et son patient au bout de vingt années de soin, Robert Escande ouvre aussi une fenêtre qui permet à celui qui n’a pas côtoyé de médecin sur le plan privé, de prendre conscience de la difficulté d’un métier où les dimanches n’existent pas ou si peu. Malgré un emploi du temps chargé, des consultations qui n’en finissent pas, l’auteur semble trouver le temps de se souvenir de chaque patient.
Le livre d’un homme avant d’être le livre d’un médecin, même si – force est de le constater – sa fonction a occupé et occupe toujours une place prépondérante dans sa vie. La preuve en est ce livre, puisqu’alors même que Robert Escande est censé ne plus être médecin, il a toujours la tête à ses patients.
Un bémol tout de même qui a son importance : la quatrième de couverture qui présente le livre comme le témoignage d’un homme brisé par le système médical français. A la fin de la lecture, l’impression qui reste du livre n’est pas celle-ci du tout. Certes, l’auteur n’est pas sans évoquer les dysfonctionnements de ce système, pourtant ces dysfonctionnements, s’ils vous restent à l’esprit sur le plan de la réflexion, sont bien loin de transformer ce roman en hymne à la révolte. La quatrième de couverture suggère un livre empreint d’amertume qu’on referme en « essay[ant] de se rassurer avec un : « Ca n’est pas près d’arriver en France ! ». » alors que l’idée de l’ouvrage me semble plutôt contenue dans l’une des dernières phrases du livre : « J’ai aimé ce lourd travail, mais ô combien gratifiant d’être là présent, dans les moments difficiles de la vie ».
Je viens de terminer la lecture de ce témoignage .
« J’ai aimé ce lourd travail, mais ô combien gratifiant d’être là présent, dans les moments difficiles de la vie » : cette phrase résume également mon état d’esprit . Après 33 ans d’exercice de la médecine générale en milieu rural, j’aime ce métier comme au premier jour et si j’avais demain 18 ans, je retourne à la fac de médecine sans hésiter. Sauf que…
A sa façon, Robert a bien décrit les évolutions de notre métier dans les bonnes, comme dans les mauvaises directions. Mais je suis convaincu depuis un certain temps déjà que la médecine libérale est condamnée à plus court terme qu’on veut bien le penser.
Le médecin corvéable , comme Robert, et comme moi, j’ose le dire (je suis aussi médecin de pompier volontaire depuis 30 ans) n’existera plus. Et c’est ce médecin là que la population souhaite ( à nous de gérer ceux qui dérapent dans leurs exigences). La volonté de nous faire disparaître vient des gouvernants qui se succèdent…
RDV dans 5 ans ou moins…
Cher Philippe
Quel plaisir d’avoir un écho confraternel. Effectivement, le glas de la Médecine française, avec ce qu’elle avait de particularité, d’humanisme, de compétences ajoutées, a bel et bien sonné. Nous sommes écrasés par des politiques et une administration qui nous méprise. Adieu donc, mes patient, je vous ai tant aimé, et vous saviez le rendre si bien. Bienvenu a une médecine salariée, bradée, étatisée, a la botte des « contrôleurs » de la sécu, des mutuelles, des gratte papiers. Bonne chance Philippe, et pense a arrêter avant moi qu’un infarctus a stoppé net dans son élan. Amitiés.