Marc est un journaliste français. Il retourne en Bosnie après de nombreuses années. A l’époque, il était venu couvrir la guerre civile de l’ex-Yougoslavie. Aujourd’hui, il s’y rend avec deux objectifs en tête : d’abord, enquêter sur le suicide présumé, en 1994, de la fille du Général Mladic, leader serbe de l’époque. Ensuite, fuir Paris et surtout Hélène, son épouse qui lui a annoncé son envie de divorcer.
Marc arrive à Sarajevo au tout début de l’hiver balkan. Il souhaite retrouver les témoins ayant connu le Général et sa famille. Il cherche à comprendre ce qui est arrivé à Ana, que l’on a retrouvé morte quinze ans plus tôt, tuée avec l’arme de collection de son père dans sa chambre d’adolescente. Toutes les preuves confirment un suicide. Qu’est-ce qui a pu pousser cette jeune fille apparemment heureuse, adorée par son père et bénie des Dieux « serbes », à mettre fin à ses jours ?
Son enquête le conduit alors hors de la grande ville. Il voyage à travers le pays jusqu’à une enclave, perdue dans les montagnes autour de la ville de Pale. Ses habitants lui ont donné le nom de Republika Srpska, petit territoire fermé, au milieu d’une Bosnie multi-ethnique. Ses habitants sont doublement coupés du monde : d’abord par un climat rude, un paysage montagneux difficile et une route défoncée mais surtout par la haine de la population pour tout ce qui est leur rappelle que la Bosnie est majoritairement musulmane.
Marc va de rencontres en rencontres, toutes plus inquiétantes et incroyables les unes que les autres… des anciens gradés de l’armée du Général qui lui vouent encore un culte démesuré, des membres de la famille qui remettent en cause le suicide officiel, des hommes politiques qui mettent en doute la légitimité des charges portées contre le Général par le Tribunal Pénal International. Les témoignages divergent. Personne n’est sûr des causes réelles de la mort d’Ana mais tous sont convaincus du bien fondé de leur actions d’antan. Le journaliste poursuit ainsi son errance pendant plusieurs semaines et finit par rentrer sur Sarajevo sans avoir trouvé les réponses à ses questions.
La couverture médiatique de la Rentrée Littéraire 2012 avait présenté « L’hiver des hommes » comme un livre évènement, une œuvre de réflexion : Comment peut-on vivre lorsque l’on est issu d’une famille de monstres ? N’y-a-t-il pas d’autre salut que le suicide ? Peut-on pardonner, avancer après l’horreur ?
Lorsque l’on referme le livre de Lionel Duroy, on ne peut que ressentir de la déception. L’hiver des hommes laisse même une impression de livre bâclé comme si l’écrivain avait perdu, au fil des pages, les raisons qui l’ont poussé à écrire. Tout sonne faux. Le style se veut polar avec une ambiance inspirée du « troisième homme », mal mise en scène. Les personnages sont caricaturaux dans leur ruralité animale et sans aucune profondeur. Les villages enneigés font décors de cinéma, artificiellement sales et délabrés. Quant aux flash-back de sa vie amoureuse, ils font plaqués, mécaniques et écris sans aucune intensité émotionnelle.
L’auteur développe au début du livre une thèse : Il met en parallèle le suicide d’Ana Mladic avec les histoires singulières d’enfants de dignitaires Nazi, qui, eux aussi, avaient mis fin à leurs jours. Mais visiblement lassé par son artifice ou bien coincé dans son récit, Lionel Duroy abandonne sa belle idée dans le premier tiers du livre pour ne plus y revenir ! Et que viennent donc faire tous les sms de sa femme, qui tombent au beau milieu des interviews de ces soldats du passé ? Rien… pour le lecteur en tous les cas.
Quel était le but poursuivi par Lionel Duroy à l’écriture de ce livre ? Enquête journalistique sur un fait d’histoire ? Thérapie familiale en public ? Apologie de crimes de guerre ? Le sait-il lui même ? Je n’ai malheureusement pas trouvé de réponse à cette question… Une certitude : ce qui était promis à l’extérieur n’est pas délivré à l’intérieur. Un gros coup de bluff. Un vrai marché de dupes.
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Marché de dupes