Guylain Vignolles, qui a souffert toute sa vie de la contrepèterie faite sur son nom, est un jeune homme solitaire employé dans une usine de pilonnage de rebuts éditoriaux. Il y travaille sous les ordres d’un certain Kowalski, responsable atrabilaire qui le prend souvent pour tête de turc. Il y côtoie Brunner, son assistant atteint de beauferie aggravée et Yvon Grimbert le gardien poète déjanté ne s’exprimant qu’en alexandrins. Tout le travail de Guylain consiste à approvisionner et à entretenir la Zerstor Fünf Hundert, la monstrueuse broyeuse de livres perpétuellement affamée de culture qu’il soupçonne d’ailleurs de se mettre en route toute seule pour le plus grand malheur de pauvres rats égarés dans ses entrailles ou d’un ouvrier devenu cul de jatte. Chaque matin, en partant au travail, Guylain lit à haute voix aux habitués du RER de 6h27 quelques feuillets qu’il a sauvé des mâchoires du monstre. Un jour, il y trouve une clé USB qui va changer sa vie…
« Le liseur du 6h27 » se présente comme un joli conte philosophique plein de tendresse et d’humanité. Bien sûr, la plupart des situations et des personnages ont quelque chose d’improbable et de déjanté, mais cela n’en est que plus nébuleux et plus poétique. L’auteur nous livre à petites touches la description d’un monde grisâtre et sans grande perspective, de vies ternes voire désespérantes à peine éclairées par le détachement ou la folie ordinaire des petites gens. L’écriture est agréable, soignée et minimaliste à souhait. Un vrai régal. Didierlaurent parvient au niveau des plus grands tels Fournier, Garnier et Mingharelli. Ne pas manquer ce premier roman qui pour un coup d’essai est un vrai coup de maître.
4,5/5
Le liseur du 6h27 (Jean-Paul Didierlaurent)
J’ai adoré ce livre également et je vous rejoins sur votre critique. Un beau livre… le meilleur que j’aie lue depuis un moment!