Le Journal Intime De Meridan Jane de Rémy Ryan Richards, m’a beaucoup plu et cela pour plusieurs raisons.
Premièrement : le traitement des personnages. La jeune femme rousse, qui tout juste sortie de l’adolescence, a subit plusieurs préjudices physiques et moraux, sous l’indifférence absolument effarante de la société. Hormis sa mère qui se préoccupe d’elle, Meridan Jane est seule, livrée à elle-même et fait preuve d’une humilité assez exemplaire face aux horribles coups du sort que la vie lui inflige. Idem pour son amie Larinda, qui a aussi vécu des drames.
Les deux amies que tout oppose en apparences, sont alors liées par deux choses : les discriminations qu’elles subissent de par leurs identités d’une part et des drames vécus de par leurs histoires de l’autre. Les situations vécues par les personnages principaux ainsi que leurs manières de réagir face aux événements qu’ils subissent, les rendent tout de suite attachants.
Secondement : le style du livre est assez surprenant. Cela commence par un genre dramatique et permute progressivement de registre, ce qui apporte des surprises au fur et à mesure que la lecture avance. Les éléments perturbateurs sont bien ficelés, ce qui tient le lecteur en haleine. Le style d’écriture parait assez timide au début, mais parvient à s’affirmer en toute sincérité au fil de la progression, ce qui ne gêne en rien la lecture.
On peut donc se poser la question suivante : l’auteur aurait-il la même personnalité que son personnage principal ? La question reste posée en lisant cet ouvrage.
Les sujets traités sont nombreux : la discrimination et ses conséquences, les relations d’une adolescente face au monde qui l’entoure, l’impact d’un entourage positif et/ou négatif sur une personne, la chute physique et psychologique…, qui sont tous régis par un même thème : le paradoxe. Attention, pas le paradoxe dans le sens de la négativité, mais un paradoxe dans le sens de la dualité. Cela se démontre par la vie matériellement confortable pour Meridan Jane en tant qu’adolescente, qui subit des insultes et autres coups bas, mais lorsqu’elle se retrouve seule, dans un logement de fortune, elle devient plus adulte et finit par accepter ses nouvelles conditions tout en se satisfaisant de son confort rudimentaire.
Le paradoxe de cette dualité s’expose également à la psychologie des personnages. Par exemple : Meridan Jane est timide, renfermée et lucide, tandis que son amie, veut aller de l’avant tout en étant insouciante. Les autres aspects paradoxaux comme l’adolescence/adulte, la compagnie/la solitude, la richesse/la pauvreté…crée un rythme soutenu dans la lecture, ce qui donne tout le charme du récit.
Autre point fort qui rend cet ouvrage exceptionnel : les références. Celles-ci étant omniprésentes à chaque pages, apportent une petite dose de légèreté face au sujet prédominant du livre. On peut même y capter quelques anachronismes. Sachant que l’auteur a glissé de nombreux clins d’œil à la culture populaire, on peut se demander si c’est bien voulu ? Grâce à ce procédé, il fait questionner le spectateur sur le sujet traité, mais aussi sur le style d’écriture global du livre tout en ayant un point de vue moralisateur sur la société.
Pour conclure, en abordant les conséquences de la discrimination via les yeux d’une jeune femme, Rémy Ryan Richards signe un premier livre réussit de par le regard critique qu’il livre sur la société de l’époque, tout en faisant des références à la pop culture. Bravo Mr Richards, vous m’avez épaté.
Le Journal Intime De Meridan Jane de Rémy Ryan Richards