Une compagnie d’une cinquantaine de vétérans commandée par un certain Lorgeam est en marche vers la Cité de Pierre, bastion des Seigneurs de Fervadora. Ils accompagnent deux diplomates, Aymeric et Tirsand… Frimas fige dans la glace une bande de brigands de grands chemins… Le paladin Ravel sauve son frère, un nourrisson, et part le confier aux bons soins des clercs qui devront se charger de son éducation… Victime d’un empoisonnement lent, Brisard, l’empereur de Ferva n’en finit pas de mourir. Son fils, le prince Elin, soutenu par Gweleth, le grand chancelier chargé de son éducation, s’apprête à prendre la succession de son père alors que toutes sortes de conspirateurs s’agitent dans l’ombre.
« La voix de l’empereur » se présente comme le premier tome d’une saga de fantaisie que l’éditeur, qui ne doute de rien, nous annonce comme proche de Robin Hobb mais que le lecteur hésitera à classer entre « dark » et « heroïc » tant son esprit n’en est que pseudo moyennâgeux, pseudo poétique et pseudo raffiné. En dehors de quelques combats, de quelques dialogues souvent inutiles, de longues descriptions quelquefois bien ennuyeuses (quatre pages pour un simple crochetage de serrure par exemple!), il ne se passe pas grand chose dans ce premier tome. Ouali se contente de présenter toute une galerie de personnages sans grande consistance et plutôt antipathiques. Dans de courts chapitres maniérés, il saute de l’un à l’autre sans trop se préoccuper de les relier les uns aux autres. Le résultat donne une intrigue atomisée, mal construite, une histoire où le lecteur peine à se retrouver. Un fouillis qui oblige très souvent à repartir en arrière pour essayer de comprendre qui est qui, qui fait quoi et où tout cela mène. A ce handicap majeur, s’ajoute celui d’un style que d’aucuns au premier abord, pourraient trouver raffiné voire sophistiqué ne serait-ce que par l’emploi de mots recherchés ou par l’utilisation systématique du subjonctif passé. Si on l’analyse plus finement, on notera quelques pléonasmes, pas mal de coquilles, de nombreuses approximations lexicales et autres erreurs de syntaxe qui ne peuvent en aucun cas passer pour des licences poétiques. L’inclusion de poèmes plus ou moins longs, plus ou moins abscons et plus ou moins travaillés dans un texte en prose vendu comme roman d’aventures n’est pas non plus du meilleur effet. En raison d’un manque de rythme permanent et sans doute voulu, d’une absence d’originalité, de fantastique et de merveilleux (ennuyeux pour de la fantaisie!), ce premier tome tombe vite des mains et ne donne pas envie de continuer avec cette saga. Et pourtant, l’éditeur a le culot de noter en quatrième de couverture cette publicité mensongère : « Un roman rare, une histoire flamboyante comme un voyage à travers des lieux merveilleux où règne une atmosphère d’éternité. » Péniblement parvenu à l’ultime page cette oeuvrette, le lecteur averti comprendra mieux quand il découvrira cette mention : « Ouvrage publié avec le soutien de la région Rhône-Alpes ». Astuce qui permet à l’éditeur, qui semble s’être fait une spécialité de la chasse aux subventions, de publier n’importe quoi au frais du contribuable. Chaque fois que le lecteur est tombé sur une mention de ce genre, l’ouvrage était mauvais. Etrange, n’est-ce pas ? Nos régions feraient sans doute mieux de ne plus s’occuper de littérature…
2,5/5
La voix de l’empereur / Le corbeau et la torche (Nabil Ouali)