À travers ce premier roman, Anne Delaflotte Mehdevi nous livre un récit magnifique et empreint d’une très belle sensibilité. L’auteur nous transporte en Dordogne, dans l’atelier artisanal d’une relieuse qui possède la singularité d’être autant amoureuse de ses livres qu’elle ne l’est des vers de Cyrano de Bergerac.
Un matin pluvieux, un homme énigmatique et au charme indéniable ouvre la porte de l’atelier et tend à la relieuse un vieux livre de manufacture allemande. Puis, rapidement, il disparaît, laissant Mathilde seule avec ses interrogations. Le volume, vraisemblablement un exemplaire unique, comporte une série de croquis représentant la construction d’un fanum, monument gallo-romain, puis son déclin. L’absence de toute écriture, couplée à une forte odeur de brûlé émanant de l’ouvrage, accroît encore le mystère entourant et l’œuvre et son propriétaire. Bientôt, la jeune femme découvre une feuille de papier cachée dans la reliure, feuille sur laquelle une liste de noms apparaît. Mathilde n’aura dès lors de cesse de déterrer l’histoire de ce catalogue de dessins à travers une quête aussi intrigante que passionnante…
Autant en avertir immédiatement le lecteur, La relieuse du gué est une œuvre tout à la fois odorante et visuelle ! Anne Delaflotte Mehdevi réussit la gageure de nous faire pénétrer dans son atelier par de simples mots et parvient d’une manière exceptionnelle à restituer le silence et la sérénité qu’on aime à imaginer pour un tel artisanat. On se complait à flâner dans cette maison de pierre, au milieu des ouvrages du temps passé, et à admirer les gestes maintes fois répétés de la relieuse qui redonne miraculeusement vie à chacune des œuvres qu’on lui a confiées. De surcroît, les senteurs de cuir et de colle nous assaillent tendrement tout au long de la lecture, et contribuent à rendre réel le petit monde imaginé par l’auteur. Curieusement, et on ne peut qu’en être admiratif, l’ambiance créée par le style narratif de Anne Delaflotte Mehdevi supplante presque le récit en lui-même : ce dernier aurait-il été d’un intérêt moyen qu’on l’eût presque pardonné à son auteur tant on reste imprégné de cette quiétude bienfaisante qui nous accompagne à chaque page. Pour autant, l’histoire en elle-même présente un réel intérêt et propose au lecteur une tranche de vie toute simple, sans circonvolutions, mais digne de bon nombre de polars !
La relieuse du gué : un superbe premier roman tout en odeur à réserver aux amoureux de l’objet livre !
Editions Gaïa, 2008, ISBN : 978-2-84720-122-2, 288 p.
« La relieuse du gué », de Anne Delaflotte Mehdevi
J’ai adoré !!!!!
J’ai commencé ce bouquin un mardi pour le terminer le jeudi à minuit. J’ai littéralement dévoré cette histoire.
Tout comme dis dans la critique ci-dessus ce livre nous laisse ressentir toutes les émotion de la relieuse amoureuse de ses livres, de ces beaux papiers, de ces cuirs et nous donne presque envie de découvrir cet artisanat devenu rare et pourtant si précieux !!!!
Une chose est sure je le relirai !!!!