Leur mère, Evelyne Pisier, sœur de l’actrice Marie-France, étant décédée seule à l’hôpital de Toulon, Camille, accompagnée de son jumeau Victor, de son aîné Colin et des adoptés Luz et Pablo, arrive pour les formalités d’enterrement. Sa mère était une intellectuelle, agrégée de sciences politique, féministe, gauchiste, prototype de la soixante-huitarde libérée et mariée un temps avec le célébrissime Bernard Kouchner, plus souvent au quatre coins du monde qu’auprès de sa famille. Elle pratique l’amour libre de manière systématique. Elle a même eu une liaison avec Fidel Castro alors que son mari en avait une avec sa propre sœur. Elle incite sa fille à suivre son exemple. Elle divorce de Kouchner alors que Camille n’a que 6 ans et prend un nouveau compagnon qui fera office de beau-père, dont le nom n’est pas mentionné dans le livre. Mais chacun sait qu’il s’agit d’Olivier Duhamel. Il abuse sexuellement de Victor âgé de 14 ans. Camille l’apprend, mais n’ose rien dire à sa mère. Les deux jeunes vont très longtemps garder le secret et la culpabilité…
« La familia grande » est un témoignage aussi bouleversant qu’écœurant sur les mœurs dissolues d’une élite bobo-gaucho toujours prête à faire des leçons de morale au bon peuple alors qu’elle-même est loin d’être un exemple. C’est aussi un terrible réquisitoire contre une forme d’éducation libertaire qui fit de grands dégâts chez des enfants innocents qu’on poussait à découvrir l’amour physique le plus tôt possible. De l’amour libre, du rejet de tous les tabous sexuels au laisser-aller complet, à l’échangisme et au crime de l’inceste, la frontière est ténue et malheureusement aisément franchie. Si Duhamel ne pourra pas être inquiété, car il y a prescription des faits, cette « grande famille » bien dépravée en paiera autrement les conséquences. Le grand-père se suicidera en se tirant une balle dans la tête. La grand-mère en fera autant en avalant des barbituriques. La mère sombrera dans l’alcoolisme avant de rejeter ses propres enfants quand ceux-ci voudront témoigner. L’actrice si libre et si jolie sera retrouvée noyée dans sa piscine. Ouvrage court et très aisé à lire qui donne à réfléchir sur les excès de liberté, le rejet des tabous qui amène aux pires excès et l’absence de moralité et de principes éthiques d’une certaine élite. Le poisson pourrit par la tête, dit-on.
4/5
Détails sur La familia grande (Camille Kouchner)
Auteur : Camille Kouchner
Editeur : Seuil
Nombre de pages : 174
Format : 11X15
Étiquettes : témoignage