En 1917, quand les Etats-Unis entrent en guerre, le jeune Joe Bonham, simple boulanger du Middle West, se retrouve embarqué dans le conflit, incité qu’il est par des va-t-en guerre qui lui racontent qu’il doit partir pour sauver la liberté et la démocratie. Malheureusement pour lui, il se retrouve atrocement mutilé par l’explosion d’un obus. Il doit être amputé des quatre membres. Il est complètement défiguré. Sourd, muet et aveugle, véritable mort vivant, il ne sait comment s’y prendre pour communiquer à nouveau avec ses semblables.
Plus conte philosophique et pamphlet virulent contre l’horreur de la guerre « Johnny s’en va en guerre » n’est en aucune façon un témoignage. Il fut écrit dans les années trente et parut en 1939. Il devint très vite un livre culte d’abord revendiqué par les isolationnistes de droite opposés à l’intervention américaine pendant la Seconde Guerre mondiale puis encensé par les pacifistes de gauche luttant contre la guerre du Viet-Nam. D’un style très parlé, quasi célinien, donnant l’impression d’un texte écrit au fil de la plume, plus hurlé qu’écrit, cet ouvrage mérite largement sa réputation de chef d’oeuvre de la littérature antimilitariste. Il laisse une très forte impression et réussit le tour de force d’arriver à faire partager tous les sentiments ressentis par cet homme réduit à l’état de légume à cause de la folie des hommes. On peut avoir quelque peine à entrer dans cette histoire qui part un peu dans tous les sens au début, mais très vite on se prend de pitié et de compassion et on ne peut plus lâcher plus ce bouquin atypique qui sonne comme un grand cri du cœur avec sa fin lyrique et pleine d’humanité. A lire absolument.
4,5/5
Johnny s’en va-t-en guerre (Dalton Trumbo)