Into The Wild (Jon Krakauer)

Ecrit en 1996 par Jon Krakauer, alpiniste, écrivain et journaliste du magazine Outside (spécialisé dans les activités sportives et de plein air) Into the Wild relate (d’apres un premier article du même auteur paru dans Outside en janvier 93, intitulé Death of an Innocent) l’histoire de Christopher McCandless, jeune étudiant américain qui décide, après avoir obtenu son diplôme, de partir sur les routes et de vivre en marge des principes de la société moderne.

Apres un départ vers le Sud, qui le portera jusqu’au Mexique, il repartira vers l’Alaska, pour Fairbanks. Là, il trouvera un bus abandonné dans lequel il vivra une centaine de jours dans la plus complète solitude, et entièrement livré à lui-même. Il y mourra d’inanition.

 

Roman biographique bien mené et efficace, il offre aussi, parfois, des aspects autobiographiques aussi surprenants que gênants ; en cela que Krakauer parle aussi de ses propres expériences.

Ces incessantes comparaisons que l’auteur ne peut s’empêcher de faire entre lui-même et le jeune Christopher (même s’il tente de noyer cet aspect en comparant McCandless avec d’autres marginaux plus ou moins célèbres et savamment sélectionnés) ne sont pas sans conséquences, et suscitent la suspicion du lecteur. Pourquoi, en effet, Krakauer nous parle-t-il tant de lui dans cet ouvrage ?

Ce que le lecteur non-averti peut ignorer en abordant ce livre (mais qu’il découvrira au fil de sa lecture), c’est que l’Alaska attire de nombreux rêveurs à demi fou qui mêlent mal de vivre et récits de Jack London, et ambitionnent de retrouver la paix de leurs âmes via le prisme d’une spiritualité que seule la vie sauvage pourrait permettre (on peut difficilement leur en vouloir, cela dit).

Il n’est donc pas à exclure que, suite à la controverse qu’avait suscité son article dans Outside, Krakauer se soit fait le porte-parole de McCandless dans cette œuvre non seulement pour défendre son point de vue sur ces préjugés, mais aussi pour être associé positivement à la race des McCandless en tirant un petit coin de couverture à lui, ce qui, pour un lecteur un tant soit peu critique, pourrait passer pour une mesquine forme d’opportunisme, et cela encore dans la mesure ou, à la manière d’un documentaire à la Mickael Moore, il nourrit son plaidoyer en forçant grossièrement l’objectivité de son lecteur.

 

Alors finalement, et en prenant en compte ce dernier aspect du livre, McCandless était-il vraiment un visionnaire, un héros moderne pétri de ces qualités qu’on ne retrouve que chez ceux qui ont la force de réaliser leurs rêves ? Ou n’était-il plutot, comme certains pourraient le penser, qu’une espèce de hippie délirant et immature, incapable de s’adapter au monde d’aujourd’hui ?

La réponse de Krakauer semble sans appel, mais, et justement à cause de lui, le doute plane. Au lecteur d’en juger.

Dans tous les cas, et même si le livre peut donner une impression différente du film de Sean Penn, il donnera des précisions intéressantes sur les motivations et péripéties du jeune McCandless, inspirera la lecture d’auteurs variés (mais toujours dans le trip « Wild » cependant) en citant plusieurs d’entre eux, et permettra au lecteur de vivre une belle aventure.

À lire donc. Mais pour une fois, préférez le film.

Into The Wild (Jon Krakauer)

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