A Paris, vers le milieu du XIXème siècle, Monsieur le duc de la Tour d’Embleuse vit dans une soupente du boulevard Saint Germain un vieil aristocrate désargenté suite à une série de mauvais choix et à pas mal de malchance au jeu. Trop fier de ses origines nobles, il a toujours refusé de travailler et s’est reposé sur sa femme Marguerite qui peine à faire vivre sa petite famille à l’aide de quelques expédients et de beaucoup de recours au Mont de piété. Dans la débine, la pauvre femme essaie quand même de toujours rester ferme et digne. Malheureusement, cette misère noire et son cortège de mauvaises conditions de vie ont miné la santé de leur fille Germaine qui est atteinte de phtisie galopante (tuberculose). Le médecin de famille ne lui a pas donné plus de quatre mois à vivre quand une demande en mariage pour le moins étrange est présentée au duc.
« Germaine » se présente comme un roman naturaliste et social qui se termine en tragédie morale digne d’une pièce de Corneille ou de Racine. A un siècle et demi de distance, ce texte peut se lire avec grand plaisir ne serait-ce que pour la qualité de la langue et pour la beauté du style qui rappelle celui d’Alexandre Dumas. Bien entendu, l’intrigue et la problématique qu’elle recouvre, une histoire de mésalliance, n’a plus aucune actualité. De nos jours, même les familles royales épousent des roturières. Il n’en était pas de même au temps d’Edmond About qui en profite pour tirer à boulets rouges sur l’aristocratie qu’il juge décadente. En plus d’un véritable intérêt historique et social, le lecteur y trouvera une fine analyse des comportements humains et, cerise sur le gâteau, un charmant portrait de personnage féminin en la personne de Germaine, cette innocente vouée à la mort et qui réchappe presque miraculeusement à tout ce que le destin s’acharne à lui faire subir… Edmond About, auteur un peu oublié aujourd’hui, mériterait largement d’être découvert ne serait-ce que pour ses qualités de conteur qui surpassent très largement celles de beaucoup de petits maîtres qui ne méritent pas les louanges que tant d’incultes leur adressent.
4,5/5
Germaine (Edmond About)