« GENESIS », de Karin Slaughter, sortie 1er février 2012

Critique de le 30 janvier 2012

Je n‘ai pas aimé...Plutôt déçu...Intéressant...Très bon livre !A lire absolument ! (9 votes, moyenne: 4,22 / 5)
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Psychologie Roman

Mon blog: passion-romans

Karin Slaughter nous embarque dans la cité qui a vu naître Martin Luther King, la ville qui abrite le musée « Coca Cola » et les studios de télévision CNN. Nous sommes dans le sud des Etats-Unis, à Atlanta, dans l’état de Géorgie.

Henry et Judith Coldfield n’ont rien pu faire lorsque cette femme s’est jetée devant leur véhicule en courant, alors qu’ils étaient sur le chemin de la maison. Le couple est sous le choc, ce n’était pas un animal, non, malheureusement pas! Lorsque cette inconnue est amenée aux urgences, le constat est sans appel. Hormis les blessures consécutives à l’accident, Sara Linton, du Grady Hospital, va découvrir que la malheureuse a subi des atrocités inhumaines (et pourtant…), des sévices qui dépassent l’entenduement. Quelqu’un l’a apparemment longuement torturée et violentée. Ce médecin, ancien légiste, va également tomber sur un os… manquant. La onzième côte lui a été arrachée à vif.

L’affaire n’étant plus de leur compétence, la police du comté se voit retirer l’enquête qui est remise aux agents Faith Mitchell et Will Trent, du GBI – équivalent au FBI mais pour l’Etat de Géorgie. A ce propos, l’auteur touche un point sensible et délicat qui se trouve être la rivalité entre les divers services de police. Frustrés, les inspecteurs de la police de la région vont s’avérer être lamentablement idiots, irréfléchis et négligents, acceptant et endossant une conscience professionnelle affligeante qui ferait froid dans le dos à tout un peuple d’Inuits! Autant omettre de livrer des informations importantes à ces frimeurs du GBI, quitte à démonter l’enquête au détriment des victimes qui ont leur vie en sursis. Voilà un peu la pensée profonde, la mentalité de ces flics locaux terriblement consciencieux…

Bref, Faith Michell et Will Trent vont être amenés à résoudre ce cas de mutilation, de dégradation déplorable commis sur cette jeune femme qui semblerait se prénommer Anna. Lors de ce début d’enquête, Will Trent va découvrir un peu par-hasard l’endroit dans lequel la victime s’est retrouvée en captivité. Un trou, un antre creusé à la main, à proximité de la route où l’accident s’est produit, rempli d’instruments de torture, infecté de rats et sentant la monstruosité et la mort à plein nez. Mais Will va également constater qu’il n’y avait pas qu’une seule victime séquestrée dans cette cache de fortune.

Les évènements qui vont se produire quelques heures après vont se révéler affligeantes et pénibles – une course contre la montre – pour les enquêteurs. D’autres femmes, toutes ayant les mêmes caractéristiques que la première, à savoir antipathiques, autoritaires, ténébreuses et anorexiques, vont disparaître, enlevées pour certaines sur la voie publique. Peut-être d’autres cadavres retrouvés aussi… Les éléments du puzzle, s’emboîtant lentement, vont petit à petit créer un résultat, soit une image consternante; tous les cas semblent liés, ce qui implique qu’une seule chose; un tueur en série sévit dans la région.

Karin Slaughter met en scène des personnages vrais, fracassée et cassée par vie. Pas de super-héros et cela permet au lecteur de bien s’imprégner, peut-être même de s’identifier. A l’image de Sara Linton, qui travaille dans cet hôpital de l’Etat, établissement bondé et miséreux, qui se bat depuis plus de trois ans contre ses vieux démons, avec un passé qui s’agrippe à elle comme une sangsue. Son mari, ex-flic, s’est fait assassiner durant son service. Cette absence pesante et foudroyante de l’être cher ne la quitte plus, ne la quittera probablement jamais et l’auteur, par les ressentis et les propos de Sara, nous transmet ce sentiment et nous le fait porter malgré nous. Nous aurions presque envie de prendre son deuil, sa douleur, juste un instant, pour combler ce vide insupportable.

Et Sara garde aussi cette lettre depuis plus de trois ans dans ses poches, sans jamais l’ouvrir. Elle en connaît la provenance et elle ne l’ouvrira certainement jamais. Pourquoi? Néanmoins, cette douleur permanente ne va pas l’empêcher de s’acharner au travail et tout donner d’elle-même pour tenter d’aider les enquêteurs sur cette effroyable affaire qui les occupe.
Faith Mitchell n’a pas été épargnée non plus par la vie. Cette femme flic relativement instable au niveau de son intimité chaotique, qui vient en plus d’apprendre qu’elle est enceinte et diabétique, a également dû faire face à pas mal d’emmerdements durant son existence. Et ce n’est pas son coéquipier Will Trent qui va pouvoir faire monter le niveau des préservés de la vie! Cet homme à la carrure impressionnante, dont l’auteur nous en dévoile toujours un peu plus durant le récit, n’a pas été gâté par la vie non plus. Orphelin tabassé et maltraité gardant de nombreuses séquelles physiques et psychiques, ce flic au caractère arrangeant et conciliant – illettré de surcroît, étonnant! – va se montrer très complémentaire au côté de sa collègue qui semble être quelque peu irritable et impatiente. Mais Will, franchement, il ne faut pas le chercher non plus…

Leur collaboration et leur détermination vont petit à petit les rapprocher de ce Monstre qui se veut être très discret par sa présence dans le roman. L’auteur nous le décrit plutôt par ses actes, ses actions et ses tristes résultats sur les victimes. Nous tournons autour de lui, nous le sentons très proche par sa cruauté mais nous ne le rencontrons pour ainsi dire jamais. Nous avons une irrésistible envie de savoir qui se cache derrière ce pervers vicieux et surtout en connaître le mobile.

Karin Slaughter nous fait languir douloureusement, longtemps, avec une tension évidemment constante. Une écriture fluide, lente et démoniaque qui nous emmène jusqu’à ce dénouement explosif lors duquel tout se met en place, s’explique et nous refroidis telle une stalactite de glace qui s’enfonce d’un seul coup dans la nuque en nous répandant son eau gelée dans toutes les parties de notre corps. Un final qui nous donne envie – et cela est également cruel de la part de l’auteur – de recommencer cette oeuvre avec une vision différente. Oui car l’auteur de ces atrocités, nous le rencontrons peut-être bien plus souvent qu’on le croit…

Les actes barbares perpétrés sur les victimes sont une chose, mais leurs motivations en sont une autre. Et là Karin Slaughter, dans cet aboutissement effrayant, nous donne les raisons troublantes qui ont poussé un être humain socialement bien établi à devenir un de ces Monstres. Et là je pense, malheureusement, que la réalité dépasse une nouvelle fois la fiction. Une bouleversante affaire de famille? Un manque de reconnaissance ou alors une toquade, une obsession constante et ingérable inscrite dans les gènes? Une seule façon de le savoir… Bonne lecture.

« GENESIS », de Karin Slaughter, sortie 1er février 2012

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