Viviane, quadra parisienne, travaille dans une grande entreprise de BTP comme Directrice des Relations Publiques. Elle est une toute « jeune » maman en congès de maternité mais vient d’être quittée par son mari, pour une « vraie » jeune.
Un jour, une pulsion l’envahie. Elle insiste pour obtenir en urgence un rendez-vous chez son psycho-thérapeute . Elle part, emportant un couteau de cuisine dans son sac. En plein milieu de la séance, elle se lève et le poignarde mortellement. Elle rentre chez elle sans croiser personne. Prend soin de cacher les preuves et de se trouver un alibi. La police vient l’interroger… Pourra-t-elle longtemps cacher la vérité ? Qu’a-t-elle oublié chez le docteur ? Son alibi tiendra-t-il la route ? Y-a-t-il d’autres suspects ?
Eh bien oui ! Contre toute attente, s’en suit un défilé de coupables potentiels. Ils viennent soudain perturber les certitudes des enquêteurs et faire planer le doute sur sa culpabilité. Il faut dire que les autres candidats au meurtre sont de sacrées personnalités. Tous ces individus semblent avoir eu de réelles raisons d’en vouloir au docteur. Dans la suite du récit, Viviane passe alternativement de coupable numéro 1 à victime de coïncidences malheureuses ! Elle en vient presque à douter de son acte…
Lecteur cartésien, amoureux des enquêtes policières bien ficelées, avec un suspense qui tient parfaitement la route, passez votre chemin !
Dans son premier roman Viviane Elisabeth Fauville, Julia Deck nous rend spectateur des errances d’une femme à la dérive qui semble faire les choses en dépit du bon sens. Une meurtrière maladroite et un peu « barrée« . Tout au long du livre, on se pose la question si elle a conscience de ses incohérences, de l’incongruité de sa conduite, de l’irrationalité de ses décisions et de la folie de ses idées. Est-elle folle ou simplement victime d’un baby blues ? Est-ce une exceptionnelle manipulatrice ? Une veuve noire ? Sera-t-elle confondue par la police ?
L’utilisation du vous comme technique de narration permet bien évidemment la prise de distance face à une héroïne perturbée et à ses comportements bizarres. Mais elle donne en plus une couleur unique à ce récit. Elle renforce l’atmosphère très particulière de l’intrigue. Est-on spectateur d’un fantasme ou est-ce la vie réelle qui nous est racontée ? A quel moment, l’héroïne est-elle réellement consciente de ses actes ? Ce vous est-il un ou une autre? Comme décidément, Julia Deck ne veut rien faire comme tout le monde, à un moment très précis du livre, la narration bascule du vous vers le je. Et de nouveau des doutes. Qui racontait l’histoire depuis le début ?
Viviane Elisabeth Fauville est un objet littéraire rare mais difficile à identifier. Il y a résolument un coup de génie dans l’idée originale, la construction de l’intrigue et la recherche stylistique. Mais tout n’est pas parfait dans ce premier roman. Parfois la forme littéraire et la volonté de coller à un style d’écriture devient un peu trop mécanique. Elle le fait au détriment de la profondeur de l’intrigue ou de la capacité à pousser toujours plus loin le délire. Les situations rocambolesques vont crescendo sur cent pages mais tombent d’un coup à plat dans le dernier chapitre. On sent une certaine retenue à des moments de l’histoire. Comme si Julia Deck avait voulu se rassurer, redevenir cartésienne. Comme si elle craignait que le livre ne lui échappe et vive sa propre vie.
N’ayez pas peur ! Lâchez cette autre vous-même et laissez-vous porter par votre prochain livre chère Julia….
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