Ceinte de hautes murailles blanches, la cité de Twynte est devenu un monstre urbain qui ne peut plus s’étendre qu’en hauteur ou en profondeur. Elle a multiplié les coursives, les entassements, les enchevêtrements de constructions au point de se transformer en dédale labyrinthique fort inquiétant. A la demande d’un Remarquable, Fahim Lévi, un devin aidé de Carl son garde du corps, mène l’enquête sur une sombre affaire de trafic d’organes. Ses premiers soupçons se portent sur une certaine Agatha Print qui officie comme envoûteuse à la clinique de la ville. Elle serait partie prenante d’un complot organisé par La Bulle Rouge, une société secrète qui chercherait à procéder à des amputations sauvages sur des vivants pour pouvoir pratiquer des greffes sur des magiciens atteints de « Décadence ». En effet, à force de pratiquer leur art, tous finissent un jour ou l’autre par perdre l’usage d’un membre ou d’une faculté. Fahim pourra-t-il élucider ce mystère ? Et quel rôle jouera Badia, jeune fille disposant d’un PMI (Potentiel Magique Individuel) si exceptionnel qu’il intrigue le haut Conseil des Sorciers ?
« Décadence » est un roman de fantaisie qui ne manque pas d’originalité. L’auteur y a privilégié la conduite d’une enquête policière style Hercule Poirot ou Sherlock Holmès avec une fin aussi classique que surprenante, ce qui n’est pas très fréquent dans ce genre littéraire. Il s’est également intéressé à un thème qui n’a rien de médiéval ni de fantastique : celui du trafic d’organes et d’improbables greffes, ce qui ne manque pas de sel à une époque où la civilisation en est encore aux porteurs d’eau ! L’ensemble donne une intrigue intéressante, bien menée et avec des personnages crédibles quoi que souvent esquissés à trop grands traits. Le style est vivant et agréable à lire avec un petit bémol : quel besoin a eu l’auteur de se lancer dans une nouvelle façon de comptabiliser le temps avec des déciheures, des centiheures et des milliheures, ce qui n’apporte rien, sinon de la confusion et d’inutiles calculs chez le lecteur. Et bien entendu, fin ouverte pour pouvoir mettre en place une saga, graphisme ésotérique en couverture et l’inévitable glossaire permettant de traduire les inventions lexicales de l’auteur, originalité si répandue et si systématique qu’elle en devient parfaitement convenue. Sinon, un bon ouvrage de divertissement qui ne sera sans doute pas LE livre de fantaisie de l’année mais qui mérite quand même le détour.
3,5/5
Décadence (Sylas)