Alexandre danse. Il est le maître du monde, au sommet de sa gloire. Et pourtant dans quelques heures, Alexandre Le Grand ne sera plus…
II règne sur l’empire le plus vaste jamais conquis. Il a vaincu la plus grande armée du monde antique : l’armée Perse. Il a fait de Persepolis, un champ de ruines et étendu son pouvoir jusqu’aux rives du Gange. Cet homme, si puissant, danse : ivre, lors d’un banquet en son honneur. Sa cour est là, à le regarder : admirative et envieuse de sa beauté, de sa grâce et de sa puissance.
Il flotte comme porté par l’alcool et le vertige de la danse. Et soudain, une douleur l’abat en plein vol. Alexandre s’effondre d’un coup. Il ne se relèvera plus. On le transporte dans sa chambre. Son médecin lui conseille le repos. Il demande qu’on aille chercher Dryptéïs, la fille de Darius, son ennemi Perse vaincu. Quelle est la raison de cette requête ? Qu’a-t-il à lui dire ? Et pourquoi fait-on aussi venir Sisygambis, la pythie ? Commence alors son dernier combat contre un ennemi intérieur invisible. Mais tous semblent se résigner à l’impensable : Alexandre va mourir.
Dès l’annonce de sa mort, les Généraux se partagent l’Empire. Des clans se forment. Le palais est le théâtre de coups bas et de chausses trappes. Une bataille s’annonce pour la dépouille et l’héritage d’Alexandre …au propre comme au figuré. Le corps part alors rejoindre les siens en Macédoine. Un incroyable cortège se met en route pour un voyage de plusieurs mois, afin d’accompagner le roi jusqu’à sa dernière demeure….
Laurent Gaudé a choisi Alexandre Le Grand comme sujet de son nouvel opus. Et une fois encore, il nous enchante avec une histoire de fin du monde. Il nous rend témoin de ces quelques heures qui précèdent et suivent un désastre, un basculement, une catastrophe. Destins croisés d’un homme puissant foudroyé en pleine jeunesse avec celui d’une femme à qui il a tout pris, mais qui lui est mystérieusement attachée. Ils auraient pu s’aimer mais encore fallait-il qu’ils se le disent.
Il y a quelque chose d’addictif dans l’écriture de Laurent Gaudé. Son style inimitable fait chaque fois son oeuvre. Il apporte plaisir, jubilation et émerveillement au détour de chaque page. Quel est donc son secret ? D’où vient cet capacité d’envoûtement du lecteur ? Pour seul cortège est à la fois un roman épique, plein de batailles et de complots, mais aussi un drame intime, dans le huis clos des palais.
Ce roman n’atteint peut-être pas le sublime de son chef d’œuvre Ouragan, publié il y a deux ans, mais il procure un immense plaisir. Un plaisir à savourer sans modération.