Authentique auteur de série noire, Chester Himes, popularisé en France par Marcel Duhamel, nous enchante par les aventures dans le ghetto d’Harlem de deux policiers sans illusion. Ils ont des noms d’enfer : Ed Cercueil Johnson et John Fossoyeur. Pour qui a connu le Harlem d’avant 1980, ces personnages créés pour la première fois dans La reine des pommes, traduisent la vie du ghetto.
La croisière solitaire, elle, n’est pas un polar mais une œuvre dostoïevskienne, nimbée d’amertume sur les relations humaines, même quand c’est plein de contradictions :
» Lee songeai à Mc Kinley et à sa famille.un exemple positif du mélange des races. Cest peut-être ainsi que le noir trouverait son salut, après tout, car Mc Kinley lui paraissait aussi sensible et sain d’esprit qu’un homme pouvait souhaiter l’être. Lee se demanda qu’elle serait sa propre réaction s’il avait une épouse blanche. C’était difficile à imaginer. Pourtant, il enviait profondément la sienne à McKinley. » (p.108)
L’histoire d’amour de Lee et Ruth Gordon s’inscrit dans une lutte contre le racisme amplifiée par une magnifique force d’aimer. La lecture de l’ouvrage éclaire sur les présupposés idéologiques des polars de Chester Himes.
L’Amérique de l’époque y est décrite par un jeune artiste noir, passionné de dire une vérité qu’il voit et sent. En lisant ce livre, on se demande bien ce qui a vraiment changé dans l’Amérique profonde.
CHESTER HIMES La croisière solitaire.Étiquettes : Amérique profonde, Chester Himes, Harlem, La reine des pommes, polar, Racisme