Voici ce que je pense du roman de Bernard Viallet. Un adage dit qu’il faut toujours se méfier de ce qu’on demande car on risque de l’obtenir ! Je ne me rendais pas bien compte de ce que j’écrivais, lorsque, après avoir vu l’annonce de parution du dernier Viallet, j’ai posé cette question à l’auteur : « Suis-je moi aussi le bienvenu sur Déliciosa ? ». Chaque roman de Bernard Viallet aborde des sujets différents. Leurs dénominateurs communs sont l’amour de la liberté, le sens du devoir, la méfiance de l’encadrement étatique, la place de l’individu face au système. Bernard Viallet écrit bien ! Il ne tombe jamais dans le simplisme de la sophistication du langage pour tenter de surévaluer la valeur de ses ouvrages, sans pour autant afficher une confiance arrogante en son talent. Oui, l’italo-belge que je suis lui reprochera ce vice quasi unanime des contemporains d’outre-Quiévrain d’ajouter des abréviations pour désigner (ou officialiser) des « organismes » franco-français que vous seuls, amis de l’hexagone, ne pouvez déchiffrer. Certes, l’auteur prend la précaution de les décoder, prévoyant qu’il sera lu au-delà des frontières. Si j’insiste sur ce qui semble un détail pour vous, c’est par amour pour la littérature française, souhaitant qu’elle tienne un peu plus compte du reste du lectorat francophone hors France. Autre petit reproche : par son essence, l’histoire nous plonge dans un monde imaginaire qui ne manque pas de crédibilité. Les noms des protagonistes sont quelques fois inventés avec ce que j’appellerai des clins d’œil aux réalités contemporaines. Dès la première phrase : « (…) le spatioport de Boissy Charlton Easton… ». Vous me direz que, dans le même style, juste après la seconde guerre mondiale avec « 1984 » Orwell imagina un personnage prénommé Winston, prénom pourtant assez peu courant. Considérons avec bonne humeur que c’est une petite manie compréhensible chez les « anticipateurs ». Allez, juste un dernier petit reproche sinon vous allez me suspecter d’être un inconditionnel de l’auteur : je trouve trop petites les dimensions du livre, par rapport à son épaisseur. Deux centimètres de plus en longueur et en largeur auraient rendu la prise en main et le tourné des pages un peu plus confortable. Bon, il est temps de cesser de chercher des poux à « Bienvenue sur Déliciosa » ! Je conseille pleinement la lecture ! Les surprises et les trouvailles s’enchaînent, l’exotisme des situations garantit un dépaysement plaisant, cocasse et parfois salace qui tient en haleine. Le tout, promené par une lisibilité au style voluptueux. Lu avec le même plaisir que « La possibilité d’une île » de Michel Houellebecq !
5/5
Bienvenue sur Deliciosa (Bernard Viallet)