A peine sorti de prison, Ombre rencontre un étrange personnage, Voyageur, aussi sarcastique que malhonnête. Il s’agirait de Wotan, le roi des anciens dieux germaniques qui en serait réduit à de petites truanderies et à profiter de son statut pour séduire de pauvres gamines. Voyageur charge Ombre d’une mission un peu particulière, lui servir de garde du corps, de factotum et d’envoyé spécial. Mais en l’acceptant, il se retrouve au cœur d’un conflit qui le dépasse et qui oppose les anciens dieux de l’ancien monde (Odin, Thor, pour les nordiques, mais également les dieux de la mythologie grecque, hindoue ou égyptienne) à ceux du nouveau : la télévision, l’informatique, l’argent, la carte de crédit etc… Qui va l’emporter ? Et qui tire vraiment les ficelles de cette improbable histoire ?
American Gods est un roman-fleuve (604 pages) où l’on ne s’ennuie pas une seconde à la condition absolue de laisser cartésianisme et rationalisme au vestiaire. On nage dans la fantaisie et la loufoquerie la plus complète. En véritable disciple de Pratchett, Gaiman nous entraine dans un délire sans queue ni tête. Sa théologie est assez étrange. L’homme crée ses propres dieux et ne peut pas vivre sans eux. Au fur et à mesure que ceux-ci sont négligés, ils ne disparaissent pas, mais continuent à errer à la surface de la terre en ne réalisant pas grand-chose de bon d’ailleurs… En Amérique, les dieux « classiques » sont très malheureux, car les habitants leur préfèrent d’autres dieux plus techniques ou plus pragmatiques. Œuvre complètement inclassable, pris au second degré, ce livre peut se lire comme une sorte de conte ou de fable philosophique. Gaiman a cru bon d’introduire des « interludes » qui n’apportent pas grand-chose à l’intrigue et alourdissent l’ensemble. Le style est agréable, mais le livre m’a semblé légèrement inférieur à celui qu’il a écrit après, « Anansi Boys », plus réussi, moins brouillon, car plus détaché de l’influence de Pratchett.
3,5/5
American Gods (Neil Gaiman)