Abu Nizar : un roman déjanté, imprévisible… et addictif.
Je suis tombé sur Abu Nizar par hasard dans les nouveautés policier d’Amazon. Ce qui m’a intrigué et m’a donné envie de le lire c’est la description et le titre assez exotique. À la place du synopsis, l’auteur a fourni un morceau de dialogue qui résume à mon avis le ton et l’atmosphère de son roman :
« C’est vivre en enfer que de voir ce monde à la manière de ceux qui n’ont d’yeux que pour le paradis. »
« Voyez-vous, monsieur Banel, un flocon de neige est ce qu’il y a de plus insignifiant dans ce bas monde. Ça n’a pas de destin, ça n’a pas d’avenir, ça tombe au gré du vent. La moindre chaleur, un rayon de soleil, les paumes d’un enfant… et il n’est plus. Voyez-vous que par un miracle de Dieu, le mien ou le vôtre, ce flocon se transforme en boule de neige. Et qu’elle tombe et qu’elle roule, et qu’elle grossit, et qu’elle grandit. Et que par son propre miracle, elle devient avalanche. Voyez-vous qu’il y a un village sur son chemin, dans lequel se trouvent les meilleurs hommes sur terre et les pires diables de la création. Les deux. Et que cette avalanche les emporte tous, sans discernement… pois chiches et raisins secs. Diriez-vous qu’elle a bien tué ou qu’elle a mal tué ? Diriez-vous que c’est l’avalanche qui les a tués ou que c’est le flocon de neige ? Moi… je ne suis qu’un insignifiant flocon de neige dans cette putain de tempête. Voyez-vous mon avalanche, monsieur Banel ? »
Le début du roman est plutôt calme, voire ennuyant. On a l’impression qu’il s’agit d’une mise en place, ou peut-être que l’auteur cherchait encore ses repères. Quoi qu’il en soit, l’intrigue monte en crescendo dès le premier meurtre et l’on se rend compte rapidement que cette mise en place du début n’avait rien d’anodin. Chaque personnage cache une histoire captivante révélée au moyen de flashbacks savamment orchestrés tout au long du récit. Même s’ils ne se connaissent pas, leurs histoires sont liées par une série de causes à effets qui prend de l’ampleur une page après l’autre. Le début relativement calme laisse place à des chapitres de plus en plus turbulents, ponctués d’une certaine touche d’humour noir. Il n’y a pas de suspens à proprement dit, mais l’auteur crée quand même l’envie d’aller jusqu’au bout du livre en jouant sur la curiosité naturelle du lecteur.
L’auteur précise bien dans la préface de son roman qu’il s’agit d’une uchronie. Cependant, l’intrigue est tournée d’une manière très réaliste, la réalité se confond avec la fiction d’une façon si remarquable que j’ai dû aller à plusieurs reprises sur internet pour démêler le réel de l’imaginaire, et c’est assez divertissant. Dans tous les cas, on décèle un grand effort de recherche. Autre particularité de ce livre, il n’y a pas de notes de marge, tout est dans le roman. L’auteur ne se gêne pas pour donner ses sources de documentations dans le corps même du texte, au cours de la narration ou entre parenthèses, tout en s’adressant directement aux lecteurs sans que cela n’affecte l’expérience de la lecture ni sa fluidité.
Un livre que je conseille fortement.
Détails sur Abu Nizar : Partie 1
Auteur : Daly
Editeur : Amazon Independently published
Nombre de pages : 701
Format : Ebooks et Broché
Isbn : 979-8738459207
Étiquettes : Abu Nizar
Je l’ai lu quasiment d’un seul jet en un weekend. L’intrigue est bien menée et ficelée au millimètre près, je dirais même que c’est dessiné à l’équerre et au compas avec une précision chirurgicale. L’auteur joue sur les détails avec brio, tout ce que vous lirez aura son importance à un certain moment de l’histoire, « tout ce que vous lirais pourra être retenu contre vous ».