En 2024, Paris est devenue une ville fantôme, décrépie, dépeuplée et quasi en ruines. La raison de cette catastrophe ? La dépopulation. En effet, depuis plusieurs décennies, les femmes se sont refusées à avoir la moindre progéniture et les hommes n’ont rien pu ou voulu faire pour contrer ce mouvement. Résultat : l’humanité, composée principalement de vieillards cacochymes et de rombières acariâtres et flétries, chemine lentement vers sa fin programmée. Et voilà qu’un jour, le narrateur fait une rencontre extraordinaire dans un jardin public : un jeune père d’une trentaine d’années accompagné par un petit gamin de six ans prénommé Jean-Pierre…
« 2024 » est une dystopie écrite dans les années 70 sur le principe que l’humanité ne court pas vers la surpopulation, mais vers son contraire, la dépopulation générale due à un excès de progrès, de science, d’efficacité et à un manque de spiritualité, de charme, de magie. « Le XXIème siècle sera religieux ou ne sera pas », prête-t-on à André Malraux. Jean Dutourd en a tiré cette histoire en forme de conte philosophique. L’intrigue est simple et le recul du temps nous montre que cette hypothèse ne tenait pas la route. Cependant, elle sert à de magnifiques développements sociologiques ou philosophiques sur les conséquences des idées de Mai 68. Résultat : on a encore beaucoup de plaisir à découvrir ce texte tant la pertinence du propos reste flamboyante d’intelligence. Il faut lire Dutourd, même aujourd’hui. Il y a tout à gagner de profiter de la sagesse d’un grand esprit et de la plume alerte d’un merveilleux écrivain.
4,5/5
2024 (Jean Dutourd)