Pour échapper aux griffes du Traqueur, monstrueux géant de métal capable de tout détruire sur son passage, Lina et ses amis, Toddy, un garçon capable de se transformer en ours-garou et Kanzo, un kangourou jaune doté de la parole, essaient de se cacher dans la forêt des sortilèges. Mais celle-ci est loin d’être accueillante aux humains. Pour se venger d’eux, elle multiplie les embûches et les pièges mortels. Les trois jeunes héros trouvent refuge dans une ville invisible peuplée de forbans, pirates et autres fuyards, tous horriblement cupides et décidés à tout leur faire payer au prix fort. Le remède se révélant pire que le mal, cette solution montrera ses limites. Bien d’autres mésaventures et tribulations barreront la route des trois amis bientôt rejoints par Dita, une jeune, jolie et capricieuse fée domestique.
« Lina et la forêt des sortilèges » est un roman de pure fantaisie bien dans le registre plutôt inquiétant du prolifique Serge Brussolo qui reste sur ses habituels thèmes de fantastique et d’horreur à peine édulcorés ce qui donne un ouvrage à plutôt réserver à des enfants de dix à quinze ans peu impressionnables. Dans cet univers aussi horrible qu’irrationnel, tous les ressorts de la magie noire, toutes les arcanes de la sorcellerie sont utilisés. Le lecteur nage dans les cauchemars, les délires, le paranormal et l’onirisme le plus échevelé. Quelle imagination, c’est un festival, un feu d’artifice assez unique ! Ca n’arrête pas une seconde. On rêve de la débauche d’effets spéciaux que le cinéma actuel pourrait tirer de l’adaptation de cet ouvrage. Entre la forêt maléfique qui envoie des flèches empoisonnées capables de vous transformer en lapin, les champignons espions et délateurs, les guêpes géantes aux dards monstrueux capables d’injecter un venin ressuscitant le vieux bois, les herbes porc-épic se transformant en longues aiguilles capables de vous embrocher comme papillon pour collectionneur, (et tant d’autres…) les pauvres malheureux ne cessent d’échapper à mille dangers. Au point que le lecteur qui a dévoré ce livre magnifiquement écrit ressort pantelant d’une histoire racontée à cent à l’heure. L’art de Brussolo est peut-être celui d’un cousin éloigné de Boris Vian, Lewis Caroll voire d’Eugène Ionesco et pourquoi pas leur hybride réincarné. Au pays de la magie, même sauvage et hyper dangereuse, tout est possible ! A signaler que ce livre, bien que le deuxième tome d’une série peut parfaitement se lire indépendamment du premier dont un court résumé est donné au début.
Lina et la forêt des sortilèges (Serge Brussolo)