Dans ce formidable ouvrage très récent (2010) sur la Corée du Nord, non seulement, l’auteur Barbara Demick, à travers de multiples témoignages d’exilés Nord-Coréens qu’elle a recueillis, nous décrit dans le détail le mode de fonctionnement du régime Totalitaire Communiste, ainsi que l’impitoyable persécution dont est victime le Peuple Nord-Coréen ; mais de surcroît, elle donne un nombre incalculable d’exemples, relevant du lavage de cerveau et montrant à quels points : le « Culte de la Personnalité », la volonté de domination de la dynastie des « Kim » au Pouvoir, l’obligation de vénération, d’idolâtrie, sont poussés jusqu’aux confins de l’horreur, de l’humiliation et de la déshumanisation. Il a suffi seulement de deux hommes : Kim Il-sung (mort en 1994) et de son fils, Kim Jong-il, pour parvenir depuis la création du régime Totalitaire Communiste de Corée du Nord en 1948, à faire culminer le « Culte de la Personnalité » encore plus loin dans l’ignominie, que ne l’avait déjà fait auparavant leur grand modèle du monde Totalitaire Communiste : Staline !
Le livre commence par la saisissante photo satellitaire nocturne, des deux Corées. La Corée du Sud brille de milliers de petits points lumineux.
En revanche, la Corée du Nord est intégralement noire, avec juste un minuscule point blanc, qui doit correspondre à la Capitale : Pyongyang.
Malheureusement, ce n’est pas parce que la Corée du Nord serait en avance dans le domaine de l’écologie, mais c’est dramatiquement le révélateur général d’une économie exsangue, dont le régime tyrannique Totalitaire Communiste des « Kim » (première dynastie familiale de l’ »univers » Communiste) a conduit dans les années 90, le pays, dans les tréfonds d’une gigantesque famine, engendrant la mort d’environ 2 000 000 de Nord-Coréens.
Le régime Totalitaire Communiste de Corée du Nord de Kim Il-sung fut donc mis en place en 1948, après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, avec le soutien de Moscou, donc de Staline. La frontière est truffée de barbelés, de mines antichars et antipersonnel, de fossés et de pièces d’artillerie. Elle s’étend sur 250 kms de long et 4 kms de large, entre la Corée du Nord et la Corée du Sud, séparant les deux Corées le long du 38ème parallèle, nommé DMZ (zone démilitarisée).
Dans l’ »univers » Totalitaire Communiste, il s’est produit le même type de scission lors de l’érection du Mur de Berlin en 1961, entre l’Allemagne de l’Ouest (R.F.A.) de l’Allemagne de l’Est (R.D.A.).
Très rapidement, Kim Il-sung rentrant parfaitement dans son nouvel habit de Dictateur, déclara la guerre à la Corée du Sud, en 1950. Durant la guerre de Corée les Américains combattaient aux côtés de la Corée du Sud (dirigée par Syngman Rhee), alors que Staline et Mao soutenaient de leurs côtés, la Corée du Nord.
Mais en envahissant la Corée du Sud, les Armées de Kim Il-sung furent repoussées par celles des Etats-Unis aux côtés desquels figuraient 15 autres nations, dont : la Grande-Bretagne, l’Australie, le Canada, la France, les Pays-bas, etc., dans le cadre d’une coalition des Nations Unies.
Cette alliance remonta en Corée du Nord jusqu’à la Capitale : Pyongyang. L’Armée Chinoise de Mao Zedong vint alors renforcer les Armées : Nord-Coréenne et Soviétique. La guerre s’enlisa pendant deux ans et fut particulièrement meurtrière, puisque l’on dénombra plus de 1 000 000 de morts.
Finalement, l’armistice fut signée le 27 juillet 1953. Chacune des deux Corées restant de son côté de la frontière du 38ème parallèle.
Mi-ran, une évadée de Corée du Nord était institutrice dans les années 90. Sa fonction était intenable car elle devait inculquer à des enfants de 5 et 6 ans, le mensonge selon lequel ils devaient se sentir heureux d’être nés en Corée du Nord, alors qu’ils mouraient littéralement de faim.
La cantine ferma par manque de nourriture, puis en trois ans dans l’école maternelle de Mi-ran, le nombre d’écoliers se réduisit de cinquante à quinze !
Elle n’osait imaginer ce qu’étaient devenus ces enfants…
L’école est obligatoire jusqu’à l’âge de 15 ans. Ensuite, ils peuvent postuler pour le lycée, et ceux qui ne sont pas admis sont assignés dans des unités de travail, dans des mines de charbon, des usines, etc..
La propagande s’insinue jusque dans les programmes scolaires, comme en mathématique, dans l’exemple pages 133 et 134 :
« Dans les manuels de mathématiques de classe primaire, on trouve par exemple ce genre de questions :
« Huit garçons et neuf filles chantent des hymnes à la louange de Kim Il-sung. Combien d’enfants chantent-ils au total ? »
« Une fillette oeuvre comme messagère pour nos troupes patriotiques durant la guerre contre l’occupant japonais. Elle porte les messages dans un panier contenant cinq pommes. Un soldat japonais l’arrête devant un barrage. Il lui vole deux pommes. Combien lui en reste-t-il ? »
« Trois soldats de l’Armée populaire de Corée tuent trente soldats américains. Combien de soldats américains ont-ils été tués par chacun d’eux, s’ils en ont tués un nombre égal ? »
Un livre pour jeune lecteur de classe primaire, publié en 2003, propose le poème suivant intitulé « Où allons-nous ? » :
Où sommes-nous allés ?
Nous sommes allés dans la forêt.
Où allons-nous ?
Nous allons sur les collines.
Qu’allons-nous faire ?
Nous allons tuer des soldats japonais.
L’une des chansons enseignées en classe s’appelle « Tue l’ordure yankee » :
Nos ennemis sont ces ordures d’Américains
Qui tentent d’envahir notre belle patrie.
Avec des fusils que je construis de mes propres mains,
Je les tuerai. BANG, BANG, BANG.
Les manuels de classe élémentaire racontent des histoires d’enfants battus, brûlés, éventrés par des baïonnettes, défigurés par l’acide, jetés au fond d’un puits par divers scélérats : missionnaires, chrétiens, ordures japonaises ou fumiers d’impérialistes états-uniens. Dans ce récit populaire, des GI battent à mort un jeune garçon à coups de pieds parce qu’il refuse de cirer leurs chaussures. Les soldats américains sont représentés avec des nez crochus, comme ceux des Juifs dans les caricatures antisémites de l’Allemagne nazie. »
Tous les enfants doivent vénérer les deux grandes « divinités » du pays : Kim Il-sung le père et son successeur officiel depuis 1994, Kim Jong-il le fils. Classiquement, le propre d’un système Totalitaire, ici Communiste, est de détruire, entre autres, les religions du pays, pour capter la foi religieuse et la transformer ainsi, à travers un véritable lavage de cerveau, en « Culte de la Personnalité ». D’ailleurs, Kim Il-sung fit fermer les églises, interdit la Bible, et fit déporter dans l’arrière pays, l’ensemble des fidèles.
Les immenses affiches de propagande à l’effigie de Kim Il-sung, sont omniprésentes en Corée du Nord, éclatantes de couleurs et ressortent de la grisaille ambiante des villes et villages. Comme le précise Barbara Demick, George Orwell décrivait déjà dans son formidable et visionnaire ouvrage 1984, ce mode de propagande par la manipulation : un subtil mélange entre les textes et les photos en couleurs du « Grand dirigeant » débonnaire. Voici quelques exemples de slogans, page 21 :
« LONGUE VIE A KIM IL-SUNG. »
« KIM JONG-IL, SOLEIL DU XXI SIECLE. »
« VIVONS COMME NOUS LE SOUHAITONS. »
« NOUS FERONS CE QUE LE PARTI NOUS DIT DE FAIRE. »
« DANS CE MONDE, NOUS N’AVONS RIEN A ENVIER AU RESTE DU MONDE. »
Les studios de cinéma de Pyongyang dirigés par Kim Jong-il viennent renforcer cette propagande du régime, à grands coups de films décriant le Capitalisme et vantant les mérites du sacrifice individuel au profit de celui de la collectivité. Evidemment, aucun film étranger ne rentre dans les salles de cinéma Nord-Coréennes.
Il existe en Corée du Nord un nombre incroyable de statues de Kim Il-sung : environ 34 000, dans tout le pays !
Chaque maison doit comporter plusieurs portraits des « Chers Dirigeants » accrochés aux murs, en excluant tout autre type de décoration.
Les enfants ne fêtent pas leur propre anniversaire, mais uniquement ceux de Kim Il-sung le 15 avril et de Kim Jong-il, le 16 février.
A la mort de Kim Il-sung le 9 juillet 1994, le Peuple a eu l’obligation d’aller se prosterner aux pieds des statues de leur « Grand Dirigeant », gourou et bourreau, afin de démontrer sa « tristesse », et chaque Nord-Coréen devait pleurer de gré ou de force.
Le corps de Kim Il-sung a été embaumé et présenté au public, dans la grande tradition Totalitaire Communiste, comme l’ont été avant lui, Lénine en 1924, puis Staline en 1953.
Tout cet endoctrinement, depuis si longtemps, fait qu’il est impossible de résister à ce lavage de cerveau perpétuel.
Une fois par semaine, après une longue et éreintante journée de travail, il faut assister à des séances d’autocritiques, techniques comparables à celles utilisées lors d’interrogatoires. L’objectif des régimes Totalitaires Communistes étant d’essayer de transformer, de modeler la nature humaine pour créer un « Peuple nouveau » idéologiquement pur.
D’ailleurs, Kim Il-sung a inventé sa propre « philosophie » Idéologique : le « Juche » (signifiant autonomie), inspiré, bien évidemment, du dogme Marxiste-Léniniste de la « lutte des classes ».
Barbara Demick, nous résume la vision que Kim Il-sung a du Pouvoir, page 55 :
« Il enseigna aux Nord-Coréens que leur pouvoir en tant qu’êtres humains viendrait de la soumission de la volonté individuelle au collectif. Le pouvoir ne doit pas être remis aux mains d’un peuple versatile à travers quelque processus démocratique que ce soit. La masse doit suivre sans question un dirigeant suprême, absolu. Et à l’époque, ce leader, bien entendu, s’appelait Kim Il-sung. »
Au début des années 90, l’U.R.S.S. et la Chine Communistes ne supportèrent plus la dette de la Corée du Nord, s’élevant à 10 milliards de dollars. Ces deux alliés Communistes décidèrent donc de ne plus pratiquer envers Pyongyang, de « prix d’amis », mais de faire payer la Corée du Nord au prix du marché. Ce fut alors l’engrenage de l’effondrement économique déjà excessivement précaire et totalement dépendant de l’U.R.S.S. : plus de pétrole donc plus d’électricité, etc..
Qui plus est, alors qu’il n’y a pas eu de guerre depuis celle de Corée en 1953 (déclenchée par Kim Il-sung), la paranoïa du Pouvoir de la dynastie des « Kim », les poussa à consacrer une part phénoménale du budget du pays à la Défense : 25 % du P.N.B. (produit national brut) !
Par comparaison la moyenne des pays industrialisés y consacrent environ 5 %.
La Corée du Nord est l’un des derniers pays de la planète, où l’agriculture est presque totalement collectivisée : L’Etat confisque les récoltes et en redistribue une portion aux paysans.
Dans la décennie 90, comme la Corée du Nord n’était plus en capacité de fournir suffisamment d’énergie, notamment d’électricité à son Peuple, Bill Clinton proposa son assistance énergétique au régime Totalitaire Nord-Coréen, en échange de l’arrêt de son Programme Nucléaire Militaire. Mais l’Etat Nord-Coréen refusa.
Depuis le début des années 90, la nourriture se faisait de plus en plus rare, mais à partir de 1994, une famine profonde s’installa dans le pays. Les premiers symptômes apparurent : des enfants aux ventres gonflés, la maladie de la pellagre, les diarrhées finissant en dysenteries, etc..
Lorsque le système de distribution public de nourriture s’arrêta complètement, les Nords-Coréens durent se débrouiller seuls pour trouver de quoi manger. Ils y consacraient tout leur temps et devaient faire preuve d’ingéniosité pour y parvenir, comme : arracher l’écorce des pins pour en faire de la farine, récupérer les grains de maïs non digérés dans les excréments du bétail, concevoir des pièges pour capturer les animaux des champs, tendre des filets pour capturer les moineaux, etc..
De surcroît, les Nord-Coréens devaient jongler avec les quelques heures de disponibilité d’électricité par semaine, et encore ne pouvant brancher qu’un seul appareil ou une seule ampoule de 60 watts à la fois.
En 1997, en pleine Famine, Kim Jong-il créa le 27 septembre les Centres 927, des refuges pour les sans-abri, qui n’étaient en réalité que des prisons.
D’autre part, le régime prévint la population que tous ceux qui seraient arrêtés pour : vol, stockage, ou ventes de céréales, seraient considérés comme des gens qui : « bafouaient notre forme de socialisme », et risquaient donc la peine de mort.
D’ailleurs, les fusillades publiques par les pelotons d’exécution sont courantes en Corée du Nord, et la population est obligée par centaines de citoyens, d’assister à ces monstrueuses exécutions arbitraires et sommaires.
Barbara Demick nous dresse le sinistre bilan de cette Famine de masse, page 159 :
« En 1998, entre six cent mille et deux millions de personnes étaient mortes de faim en Corée du Nord soit, pour l’estimation haute, près de dix pour cent de la population. A Chongjin, qui connut une famine précoce par rapport au reste du pays, le bilan atteignit peut-être vingt pour cent. Les chiffres exacts ne seront jamais connus, car les hôpitaux nord-coréens n’enregistrent pas l’inanition comme une cause de mort.
Entre 1996 et 2005, Pyongyang reçut l’équivalent de 2,4 milliards de dollars d’aide alimentaire, fournie en majeure partie par les Etats-Unis. »
L’auteur précise qu’en plus de la Famine engendrée par l’Etat Totalitaire de Pyongyang, celui-ci organisait ignominieusement le détournement d’une grande partie de cette aide alimentaire, pages 159 et 160 :
« Des cargos remplis de céréales du Programme alimentaire mondial de l’ONU arrivèrent sur les quais de Chongjin à partir de 1998. Le militaires nord-coréens débarquaient la cargaison dont ils remplissaient ensuite des camions dont nul ne connaissait la destination. Une petite partie de la nourriture arrivait dans les écoles et les orphelinats, mais la majorité terminait sa course dans des entrepôts militaires ou au marché noir. Il fallut près de dix ans à l’agence des Nations unies pour élaborer un système de contrôle fiable. Fin 1998, le pire de la famine était passé. Non parce que la situation s’était améliorée, conjectura plus tard Mme Song, mais parce qu’il y avait moins de bouches à nourrir.
Ceux qui devaient mourir étaient déjà morts. »
Les gens s’ »habituaient » à voir des cadavres dans les rues, dans les trains… Dans les gares, voyant des êtres humains inanimés depuis la veille, les employés finissaient par charger des piles de cadavres sur des charrettes à bras.
Les rumeurs de cas de cannibalisme se propageaient également…
Certains veulent faire porter la responsabilité uniquement sur le fils Kim Jong-il, pour tenter de préserver les décennies de Totalitarisme du père. Hors, c’est bien le père qui a instauré l’ensemble de ce système de Terreur de masse, et le fils a pris progressivement la relève au fil des années, ce que décrit Barbara Demick, page 127 :
« La mort de Kim Il-sung ne changea pas grand-chose dans le pays. Kim Jong-il avait graduellement pris les rênes du pouvoir dans la décennie qui avait précédé le décès de son père. L’effondrement inévitable de l’économie couvait depuis des années et résultait du poids de sa propre inefficacité. Mais le Grand Dirigeant de Corée du Nord choisit bien son moment pour mourir ; un moment qui éviterait à son héritage d’être terni par les évènements catastrophiques qui se profilaient. S’il avait vécu ne serait-ce que quelques mois de plus, les Nord-Coréens aujourd’hui ne pourraient plus parler avec nostalgie de la relative abondance qui existait durant son règne. Son trépas coïncida avec les derniers soubresauts de son utopie communiste. »
Le régime Totalitaire de Kim Il-sung a mis en place 51 catégories sociales, regroupées en trois couches : le « noyau-dur » (les sympathisants), les « ébranlés » (les indécis), et les « hostiles ».
Ceux qui sont considérés par le Parti comme en bas de l’échelle sociale, environ deux cent mille personnes (1 % de la population) sont détenus de façon permanente en camps de travail, véritables camps de concentration, copies conformes du Goulag Soviétique.
Cette classification se transmet héréditairement sur trois générations. Celui qui est considéré comme « hostile » transmettra, malgré-lui, son statut à ses enfants.
On retrouve les mêmes types de camps qu’en Union Soviétique ou en Chine : les camps de travail ou « centres de rééducation », les « kyohwaso », destinés aux prisonniers de Droit Commun. Mais ceux qui sont encore plus effroyables sont ceux destinés aux prisonniers politiques. Ces camps se nomment « kwanliso » ou « centres de contrôle et de gestion », sortes de colonies pénitentiaires ou camps de concentration étendus sur des kilomètres, contenant au total plus de 200 000 détenus.
Kim Il-sung créa ces camps rapidement après son arrivée au Pouvoir, afin d’éliminer d’emblée tout risque d’opposition. Les prisonniers, souvent déportés avec leurs familles (enfants, parents, toute la fratrie) puisque « contaminées » par le « sang impure », y sont condamnés à perpétuité et y meurent la plupart du temps très rapidement à cause des infâmes conditions de survie ; sur l’horreur de ces camps, confer l’indispensable témoignage de Kang Chol-Hwan Les Aquariums de Pyongyang.
Les épouses quant à elles, sont obligées de divorcer.
Comme tout régime Totalitaire Communiste, la Corée du Nord possède sa propre Police Politique : la « Protection de la sécurité nationale ».
Selon les témoignages, cette Police Politique détient le sinistre « record » du plus grand nombre d’agents délateurs par nombres d’habitants, puisqu’il y aurait : 1 AGENT POUR 50 CITOYENS. Battant même le « record », historiquement détenu par la STASI de feue l’Allemagne de l’Est, avec 1 agent pour 180 habitants.
L’espionnage des concitoyens est permanent avec l’aide : des miliciens de l’ »Union de la Jeunesse Socialiste », la police des normes publiques et de la police mobile.
Au pays Nord-Coréen tout est normalisé selon les exigences du Parti Totalitaire, nommé Parti du Travail :
– Les tenues vestimentaires ne devant surtout pas ressembler aux vêtements « Capitalistes » : pas de Jean, pas de t-shirt avec des inscriptions en alphabet latin, les cheveux longs pour les hommes sont limités à 5 centimètres, etc..
– Interdiction de dépasser les quotas d’électricité.
Pour contrôler ces normes, la police mobile peut perquisitionner chez n’importe quel habitant, n’importe quand, même de nuit.
Tous les Nord-Coréens sont encouragés à la délation entre eux. Même les enfants sont incités à dénoncer leurs parents.
Parfois, pour n’importe quel motif futile, les gens disparaissent et on ne les revoit jamais…
En Corée du Nord comme dans TOUS les pays Totalitaires Communistes, la répression est totale : l’endoctrinement, l’obligation d’idolâtrie, de vénération de la dynastie des « Kim » sont tellement incontournables, que tenter de se révolter individuellement et/ou collectivement est inenvisageable, comme l’explique Barbara Demick, page 212 :
« Les étudiants et intellectuels nord-coréens ne se risquent pas à s’organiser en opposition comme le firent leurs homologues des autres pays communistes. Pas de printemps de Prague ou de place Tian’anmen. Le niveau de répression est tel, en Corée du Nord, qu’aucune résistance n’a jamais germé. Toute activité dirigée contre le gouvernement entraîne des conséquences sinistres à l’encontre du protestataire, mais aussi de sa famille plus ou moins proche. Dans un régime qui cherche à purger le sang impur sur trois générations, la punition s’étend aux parents, grands-parents, frères, soeurs, nièces, neveux et cousins. « Beaucoup de gens pensent que, quitte à se sacrifier, autant donner sa vie pour chasser ce régime totalitaire. Mais vous n’êtes pas le seul puni. Et votre famille vivra un enfer », m’a confié un transfuge. »
Les évadés de Corée du Nord passent principalement par la très longue frontière de près de 1400 kms séparant les deux pays, plutôt que de prendre le risque de tenter une évasion suicidaire, par l’infranchissable zone DMZ démilitarisée du 38ème parallèle, séparant les deux Corées.
Voici le bilan du nombre d’exilés, page 228 :
« Entre la fin de la guerre de Corée et la fuite de Mi-ran en octobre 1998, en près d’un demi-siècle donc, seuls neuf cent vingt-trois Nord-Coréens avaient fait défection. Un chiffre ridicule, quand on sait que du temps du Mur de Berlin, près de vingt et un mille Allemands de l’Est passaient tous les ans à l’Ouest. »
(…) « La situation changea à la fin des années quatre-vingt-dix. La famine et les réformes économiques en Chine donnèrent de nouvelles motivations aux Nord-Coréens. »
(…) « Le nombre de transfuges s’accrut de manière exponentielle. En 2001, on estimait que cent mille Nord-Coréens s’étaient enfuis en Chine. Un petit pourcentage finit ensuite en Corée du Sud. »
Dans le même temps, des dizaines de milliers de Nord-Coréennes ont été vendues à des Chinois ou des « maris » Chinois.
A la fin 2008, vivaient en Corée du Sud : 15 057 transfuges Nord-Coréens sur une population Sud-Coréenne de 44 millions d’habitants.
La Corée du Sud essaye d’intégrer le mieux possible ces exilés Nord-Coréens, et commence à s’organiser dans le cas d’une éventuelle future réunification entre les deux Corées.
Les Sud-Coréens tentent de s’inspirer de différents modèles, comme celui évidemment, de la réunification entre l’Allemagne de l’Est et celle de l’Ouest.
Tragiquement, contre toute attente, le régime Totalitaire Communiste de Corée du Nord a survécu : à la chute du Mur de Berlin en 1989, à l’effondrement de l’U.R.S.S. en 1991, aux réformes économiques en Chine, à la mort en 1994, de son criminel de gourou Kim Il-sung, à la famine de la décennie 90, etc..
Aujourd’hui Kim Jong-il a 70 ans, il est malade, mais semble avoir, dramatiquement, organisé la continuité de sa despotique succession dynastique, entre son beau-frère, Jang Song-taek et son fils cadet : Kim Jong-un.
Il ne reste plus qu’à espérer pour le Peuple Nord-Coréen, tristement momifié dans le Totalitarisme Communiste depuis plus de 60 ans, que cette filiation Étatique Totalitaire Communiste cesse au plus vite et définitivement, pour qu’il puisse enfin recouvrer, voire pour les plus jeunes générations…, découvrir : la LIBERTE et la DEMOCRATIE !
Confer également d’autres ouvrages aussi passionnants sur le même thème, de :
– Pierre Rigoulot Corée du Nord, Etat voyou ;
– Kang Chol-Hwan Les Aquariums de Pyongyang ;
– Juliette Morillot et Dorian Malovic Evadés de Corée Du Nord : Témoignages ;
– Sophie delaunay et Marine Buissonnière Je regrette d’être né là-bas : Corée du Nord : l’enfer et l’exil.
Détails sur Vies ordinaires en Corée du Nord
Auteur : Barbara Demick
Editeur : Albin Michel
Nombre de pages : 336
Isbn : 978-2226217394