Dans cet ouvrage Léon Trotski répond à son détracteur Marxiste : Karl Kautsky. Ce livre de Trotski est, selon moi, le plus important de ses écrits pour au moins deux grandes raisons :
1 / Il l’a écrit en 1920, en pleine Guerre Civile. Guerre Civile essentiellement provoquée, d’une part, par l’infâme politique du Communisme de Guerre (réquisitions forcées des récoltes agricoles dans la paysannerie, qui conduiront à la gigantesque et tragique Famine de 1921-1922, faisant 5 000 000 de morts). Et d’autre part, cette Guerre Civile fut également le fruit de la politique de Terreur de masse du Parti-État unique Totalitaire Bolchevique (Communiste), et ceci dès le coup d’État du 25 Octobre 1917 à Petrograd.
En mars 1918, Trotski mit en place l’Armée Rouge chargée d’anéantir toute résistance durant la politique du Communisme de Guerre et de la Guerre Civile. Trotski écrivit donc ce livre dans son wagon blindé, se rendant de champs de bataille en champs de bataille pour galvaniser ses bataillons afin d’exterminer toujours plus largement les Armées Blanches et Vertes ; et de décimer, anéantir et brûler d’innombrables villages entiers et régions de Russie, y compris : des enfants, des femmes, des vieillards, au nom de la Totalitaire Idéologie de la « Dictature du Prolétariat ». Comme nous le verrons tout au long de ce commentaire, plutôt que de parler de « Dictature du prolétariat », il faudrait plutôt parler de « Dictature SUR le prolétariat » et SUR les infinis et imaginaires « ennemis du peuple » et « contre-révolutionnaires » du Bolchevisme !
Ensuite, dès le 7 décembre 1917, seulement un peu plus d’un mois après le coup d’État d’Octobre, fut créé par la volonté de Lénine, la Police Politique du Parti Bolchevique : la Tcheka, dirigée par Felix Dzerjinski. Ce dernier (avec Lénine) octroya comme mission immédiate à la Tcheka, de : traquer, rafler, interroger, torturer, et exécuter sommairement les soi-disant « ennemis du peuple », dans les caves et arrière-cours des Tchekas locales ; ainsi que dans les sous-sols du tristement célèbre siège social de la Tcheka dans l’immeuble de la Loubianka à Moscou. Les premières victimes furent les « bourgeois » et « petits-bourgeois » (mais qu’est-ce qu’un bourgeois ?), les « Koulaks » (des paysans un peu moins pauvres que les autres !), puis les ouvriers grévistes qui furent fusillés et noyés par centaines, les intellectuels, les Cosaques du Don et du Kouban (massacre de masse nommé : la Décosaquisation), les intellectuels, les journalistes, les médecins, les Kronstadtiens, les prêtres, les paysans, des femmes, et même des enfants. Bref, l’engrenage Totalitaire faisait que n’importe qui pouvait devenir potentiellement un « ennemi du peuple » !
D’ailleurs, le paradoxe schizophrénique de la haine irrationnelle que les Bolcheviques vouaient, et notamment Lénine et Trotski, envers la « bourgeoisie » et les « intellectuels », résidait dans le fait, que suivant leur propre « logique », ils auraient dû eux-mêmes se suicider ou s’entretuer, puisqu’ils étaient ce qu’ils exécraient le plus au monde : des « bourgeois » et des « intellectuels ». Et contrairement aux mensonges et à la propagande qu’ils colportaient, ils éprouvaient également une haine sans bornes envers la paysannerie qui représentait à l’époque environ 90 % de la population Russe ; et un mépris, une condescendance envers les ouvriers (encore peu nombreux dans cette Russie de 1917), qu’ils ont, encore une fois, largement massacrés… ; n’en déplaise aux militants Communistes du 21ème siècle…
Comme Lénine, Trotski était donc un intellectuel, il maîtrisait l’art de l’écriture et était un excellent tribun et propagandiste. En tant que « Révolutionnaire Professionnel », il connaissait parfaitement bien l’Histoire de la Révolution Française, son modèle ; dont ils se sont largement inspirés (Lénine et lui). Plus exactement, ils ont voulu réutiliser la terminologie et reproduire les monstrueux actes de l’effroyable période de la Terreur Robespierriste donc Jacobine, sous le Comité de Salut Public et la Convention de 1793-1794. Plus tard, en 1937-1938, sous Staline, on nommera l’un des plus grands massacres de masse Staliniens (750 000 personnes fusillées et 750 000 autres déportées dans les camps de concentration du Goulag, en seulement 15 mois !) : la Grande Terreur, appellation toujours reprise de la Révolution Française ; Grande Terreur votée le 10 juin 1794, lors de la loi du 22 prairial.
Trotski, en plus d’être passé maître dans l’art de la rhétorique mensongère et de la propagande afin de manipuler Idéologiquement les foules, était un personnage méprisant, condescendant, arrogant et pensant (comme tout Criminel de masse) détenir la « Vérité Absolue ». D’ailleurs, il ne se remit jamais en cause, pas plus qu’il ne remit en cause l’Idéologie de la « Dictature du prolétariat ». Pire que tout, il n’eut jamais de regrets ni de remords pour tous ses massacres de masse, qu’il justifia jusqu’à sa mort, au nom de la sacro-sainte Idéologie Totalitaire Communiste !
2 / L’autre principale raison de l’intérêt fondamental de cet ouvrage, réside dans le fait qu’ici, nul besoin de livres d’Histoire, puisque Trotski assume presque entièrement et décrit parfaitement bien : la mise en place du régime Terroriste et Totalitaire Bolchevique. Ce régime Communiste Totalitaire prendra très rapidement sa forme en tant que : Système International, par la volonté hégémonique mondiale de Lénine et Trotski, à travers la création de l’Internationale Communiste (nommée également 3ème Internationale ou Komintern), dès 1919. Ce fut d’ailleurs Trotski en personne, qui en rédigea le Manifeste.
Sans le savoir (car cette notion ne sera inaugurée que dans les années 1940-1950, après la fin du Nazisme, essentiellement, par Hannah Arendt et Raymond Aron), à travers ce texte de 1920, Trotski était en train de décrire la définition même d’une nouvelle forme de régime et de système, au 20ème siècle : le Totalitarisme !
J-L. Dumont a rédigé la « Présentation » de cet ouvrage (dans l’édition de 1980). Il commence son texte avec des mots qui, à mon sens, ne peuvent provenir que d’un esprit totalement conditionné à l’Idéologie Bolchevique :
« Terrorisme et communisme » est probablement l’un des textes les plus magnifiques de Trotsky, l’un des plus clairs, des plus tranchants et des plus puissants. La raison est simple : par-delà les capacités personnelles de l’auteur, c’est ici la voix de la révolution qui s’exprime, aux heures de la lutte suprême, à travers un de ses chefs dirigeant la lutte sur le champ de bataille. »
Plus loin, J-L. Dumont pose la question et la réponse centrales, qui seront plusieurs fois confirmées par Trotski lui-même, tout au long de l’ouvrage :
« La question centrale, à laquelle se ramènent en définitive toutes les autres, est simple : OUI ou NON la révolution implique-t-elle le recours aux armes, l’insurrection, la guerre civile, l’instauration de la dictature du prolétariat ? Ceux qui répondent non tournent le dos au marxisme et quittent le terrain de la révolution pour celui des « nouvelles voies », des « voies pacifiques au socialisme » dont la diversité, la nouveauté et la spécificité sont d’autant plus hautement proclamées qu’elles se rattachent toutes, en fait, à la matrice éculée du réformisme et du pacifisme social, autrement dit de la soumission à l’idéologie de la classe dominante.
(…) C’est pourquoi la lutte de classes débouche inéluctablement, à certains moments de l’histoire, sur la guerre civile, dans laquelle la décision appartient en dernier ressort aux armes. La révolution, écrivait Engels, est :
« un acte par lequel une partie de la population impose sa volonté à l’autre partie à l’aide de baïonnettes, de fusils, de canons, moyens autoritaires s’il en fut ; et le parti qui a triomphé doit maintenir son autorité par la terreur que ses armes inspirent aux réactionnaires ». (Note n°2 : Engels, De l’autorité, in Marx-Engels, Textes sur l’organisation, Paris, Spartacus, 1970, p. 8.).
Si l’on admet cette réalité – et des révolutionnaires dignes de ce nom ne peuvent se contenter de l’admettre, mais doivent la préparer – alors il faut en tirer toutes les conséquences. Dans la révolution et la guerre civile, comme le montre magnifiquement Trotsky, il ne s’agit pas seulement de se battre mais de vaincre l’adversaire bourgeois et de l’anéantir à jamais en tant que classe ; sinon, l’histoire l’a abondamment montré, lui ne fera pas de quartier. Pour vaincre, il faut utiliser toutes les armes, sans hésitation, sans exception aucune, et les utiliser de manière impitoyable, sans la moindre concession, ni aux principes de la démocratie ou de la métaphysique petite-bourgeoise, ni même à tous les principes humanitaires qui ne peuvent être, dans toute société de classe, et mille fois plus encore dans la société impérialiste, qu’une cynique mascarade. Ces armes sont la violence prolétarienne sans entraves dirigée par le parti centralisé du prolétariat, le démantèlement de l’État et donc la dispersion de toutes ses institutions « démocratiques » qui ne servent qu’à mystifier la classe opprimée, la suppression des partis ennemis, de tous leurs appuis et de leurs journaux, l’instauration de la terreur prolétarienne contre la classe vaincue pour la désorganiser et l’empêcher de relever la tête, la guerre civile menée de manière décisive et impitoyable contre tout ennemi armé, la liquidation physique des chefs politiques et militaires de la classe ennemie tant que la révolution n’a pas définitivement assuré son pouvoir, la prise d’otages et les représailles – en un mot toutes les mesures de la guerre civile sans en excepter aucunes. Tout cela est horrible ? Sans aucun doute. Mais le capitalisme impérialiste, avec ses rivalités et ses conflits qui ne font que s’exacerber, avec ses guerres et ses répressions incessantes, avec le pillage qu’il fait subir à la planète et ses crises périodiques, est une atrocité mille fois plus horrible pour les neuf dixièmes de l’humanité – et même le dixième restant, celui des couches privilégiées qui se croient à l’abri dans les grands centres impérialistes, est régulièrement plongé dans l’holocauste pour le repartage du monde.
(…) Par là même, elle montre la voie au prolétariat, qui n’a pas d’autre choix historique que d’exercer l’oppression pour mettre fin à l’oppression, la dictature pour mettre fin à la dictature, la violence suprême des armes pour mettre fin à toute violence.
Ivresse sanguinaire ! s’écrient tous les philistins. C’est exactement le contraire. Plus la révolution prolétarienne se montrera décidée, hardie, impitoyable avec l’ennemi, montre Trotsky en citant Lavrov, plus sa victoire sera rapide, et donc moins sanglante, moins coûteuse en vies humaines pour la classe ouvrière. Voilà comment raisonnent des marxistes : en matérialistes implacables, et non en pleurnicheurs ou pusillanimes petits bourgeois. »
Nous verrons qu’avec les citations ci-dessus de J-L. Dumont, ce dernier tient l’exact discours, jusqu’aux termes même, de Trotski.
Le seul point d’accord que j’aie avec J-L Dumont réside dans le fait que cet ouvrage de Trotski est certainement celui qui décrit, parmi ses nombreux écrits, le plus clairement l’Idéologie Communiste. En revanche, je laisse donc le lecteur seul juge, à travers ce commentaire et les nombreuses citations de Trotski, de la soi-disant « magnificence », pour reprendre le terme de J-L. Dumont, de l’Idéologie Bolchevique (Communiste)…
Comme on le sait, le Bolchevisme (Communisme) est fondé sur l’implacable Idéologie de la Dictature du Prolétariat. En son nom, tous les moyens, même les plus Terroristes sont « bons » pour appliquer ce dogme. Selon le célèbre adage de Trotski, qui deviendra même un texte en 1938, deux ans avant son assassinat : « La fin justifie les moyens » !
Toute sa vie, Trotski n’a eu de cesse de prôner et d’appliquer cette doctrine Criminelle. À ce sujet, il écrit :
« La dictature est indispensable parce qu’il ne s’agit pas de modifications partielles, mais de l’existence même de la bourgeoisie. Sur ce terrain, aucun accord n’est possible. La force seule peut décider.
(…) Qui veut la fin ne peut pas rejeter les moyens. La lutte doit être menée avec l’intensité suffisante pour assurer effectivement au prolétariat l’exclusivité du pouvoir. La transformation socialiste exigeant la dictature, « seule forme sous laquelle le prolétariat peut exercer le pouvoir d’État », cette dictature doit être assurée à tout prix.
(…) Qui renonce par principe au terrorisme, c’est-à-dire aux mesures d’intimidation et de répression à l’égard de la contre-révolution acharnée et armée, doit également renoncer à la domination politique de la classe ouvrière, à sa dictature révolutionnaire. Qui renonce à la dictature du prolétariat renonce à la révolution sociale et fait une croix sur le socialisme. »
Trotski incite les ouvriers à user de la grève contre le système Capitaliste et/ou à se sacrifier par le sang, afin d’aider le Communisme à prendre le Pouvoir par un coup d’État. Mais dans le même temps, Trotski persécute les ouvriers dans le cadre de l’ »impérieuse » édification de son régime Totalitaire Communiste. Il ne s’agit donc pas d’une Dictature du Prolétariat, mais en réalité, d’une Dictature SUR le Prolétariat. Sacrifier les ouvriers pour SA « Cause » ne pose aucun problème de moralité à Trotski :
« La grève générale ne peut avoir d’influence décisive que si elle est le prélude d’un conflit entre le prolétariat et la force armée de l’ennemi, c’est-à-dire d’une insurrection. Le prolétariat ne peut trancher le problème du pouvoir, problème fondamental de toute révolution, qu’en brisant la volonté de l’armée qu’on lui oppose. La grève générale entraîne des deux côtés la mobilisation et permet une première appréciation sérieuse des forces de résistance de la contre-révolution, mais seuls les développements ultérieurs de la lutte, après le passage à l’insurrection armée, déterminent le prix du sang que doit coûter au prolétariat la conquête du pouvoir. Mais qu’il faille payer avec du sang, que dans sa lutte pour conquérir le pouvoir et le conserver, le prolétariat doive savoir mourir et savoir tuer, de cela nul révolutionnaire véritable n’a jamais douté. Déclarer que le fait de la plus âpre lutte du prolétariat et de la bourgeoisie, une lutte à mort, « prend toute l’évolution à rebours », c’est tout simplement montrer que les têtes de certains idéologues respectés ne sont que des chambres obscures – camera obscura – dans lesquelles les choses apparaissent à l’envers.
(…) Personne n’a évidemment tenté de calculer à l’avance le nombre de victimes qui sera provoqué par l’insurrection révolutionnaire du prolétariat et sa dictature. Mais il était clair pour tous que ce nombre dépendrait de la force de résistance des classes possédantes.
(…) S’il veut ajouter que la guerre impérialiste, qui a sévi pendant quatre ans en dépit de la démocratie, a développé dans les mœurs la brutalité, a habitué au recours à la violence et appris à la bourgeoisie à ne s’embarrasser nullement de l’extermination des masses, il aura également raison. C’est un fait. Mais nous avons à combattre dans ces conditions. Il ne s’agit pas d’un duel entre des créatures prolétariennes et bourgeoises sorties de la cornue de Wagner-Kautsky, mais d’une bataille entre un prolétariat réel et une bourgeoisie réelle, tels qu’ils sont sortis de la dernière tuerie impérialiste. »
Quelle belle prose ! Mais ce que Trotski omet de dire, c’est qu’en réalité, comme précisé dans mon introduction, son Parti Bolchevique a, entre autres, fait fusiller et noyer (à la façon des noyades Nantaises de Carrier sous la Terreur Jacobine en 1793-1794) à Astrakhan du 12 au 14 mars 1919 : « entre deux mille et quatre mille ouvriers grévistes et mutins » (chapitre de Nicolas Werth intitulé « Un État contre son peuple » dans le Livre noir du Communisme) et (Sergueï Melgounov : « La Terreur Rouge en Russie (1918-1924)). Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres des massacres de masse ; comme également celui de l’écrasement de l’insurrection des marins de Kronstadt qui aura lieu en mars 1921 (confer l’ouvrage d’Alexandre Skirda : « Kronstadt 1921 : Prolétariat contre dictature communiste »).
Mais voilà ! en 1920, Trotski ne s’imaginait pas encore que les témoignages de Sergueï Melgounov (témoignage publié dès décembre 1923 à Berlin) et de tant d’autres victimes ; ainsi que les Archives Soviétiques partiellement ouvertes entre 1992 et 1994, après l’effondrement de l’U.R.S.S., nous livreraient les innombrables faits d’horribles massacres de masse. Des Crimes contre l’Humanité ont été commis par l’Armée Rouge de Trotski, lorsque cette Armée Rouge a pillé, brûlé, violé, torturé, massacré, rasé de la carte des villages entiers dans les régions de Samara, de Tambov, de la Volga, etc. !
En effet, derrière les mots terribles prononcés par Trotski, il n’y a pas seulement de la démence Idéologique, de l’absurdité, des postures, de la condescendance et du mépris ; mais il y a surtout : la déshumanisation, les souffrances psychologiques et physiques, les tortures, les exécutions arbitraires et sommaires, engendrant des centaines de milliers de morts, de cadavres : d’enfants, de femmes, de vieillards et d’hommes anonymes et oubliés !
Suite à leur défaite lors des élections de décembre 1917, il était évident que les Bolcheviques n’obtiendraient pas la majorité des voix (Lénine et Trotski en avaient parfaitement conscience) lors de l’Assemblée Constituante convoquée le 5 janvier 1918. D’ailleurs, Lénine a pourtant tout fait pour l’empêcher, mais en vain… Alors, il fit dissoudre l’Assemblée Constituante de manière parfaitement anti-Démocratique par la violence, dans la nuit du 5 au 6 janvier, faisant même plusieurs morts. Manifestement embêté, Trotski traite ici le sujet sur le bout des lèvres, en employant le terme relativement neutre de « dispersa » :
« Quand le pouvoir russe des Soviets dispersa l’Assemblée constituante, ce fait parut aux dirigeants social-démocrates de l’Europe, sinon le prélude de la fin du monde, du moins une rupture arbitraire et brutale avec tout le développement antérieur du socialisme. »
Eh oui ! Monsieur Trotski, n’importe qui serait choqué à moins, d’autant plus qu’il s’agit du second acte d’ordre institutionnel complètement anti-Démocratique. Le premier étant le coup d’État d’Octobre. Mais pour un Terroriste comme vous, Trotski, cela n’éveil absolument aucune réflexion et remise en cause d’ordre moral, ne parlons même de sentiment, caractéristique totalement absente de votre « logiciel » interne Idéologique Inhumain et barbare, de « Révolutionnaire Professionnel ».
Ensuite, Trotski utilise le mensonge et la propagande (l’Agit-Prop) pour falsifier et tenter vainement de justifier cet acte par définition anti-Démocratique. C’est par l’usage de méthodes aussi infâmes que l’on comprend mieux pourquoi il se revendique plus de la Terreur de 1793-1794, que de 1789 ! Après l’emploi du terme « dispersa », il utilise un mot plus « onirique » : « balayée ». Pour tenter de justifier ce « coup de balai » sur l’Assemblée Constituante, il ose faire passer la population paysanne pour arriérée mentalement et intellectuellement ! :
« Notre parti ne s’est pas refusé à conduire le prolétariat à la dictature en passant par la démocratie, car il se rendait clairement compte des avantages offerts à la propagande et à l’action politique par un tel passage « légalisé » au nouveau régime. De là notre tentative de convoquer l’Assemblée constituante. Cette tentative a échoué. Le paysan russe, que la révolution venait d’éveiller à la vie politique, se trouva en présence d’une douzaine de partis dont chacun semblait se donner pour but de lui brouiller les idées. L’Assemblée constituante se mit en travers de la révolution et fut balayée.
La majorité « conciliatrice » de l’Assemblée constituante n’était que le reflet politique de la sottise et de l’irrésolution des couches intermédiaires des villes et des campagnes et des éléments les plus arriérés du prolétariat. Si nous nous placions au point de vue des possibilités historiques abstraites, nous pourrions dire que la crise eût été moins douloureuse si l’Assemblée constituante avait, en un ou deux ans de travail, définitivement discrédité les socialistes-révolutionnaires et les mencheviks, montrant aux masses qu’il n’y a en réalité que deux forces : le prolétariat révolutionnaire dirigé par les communistes, et la démocratie contre-révolutionnaire a la tête de laquelle se placent des généraux et des animaux. »
L’avantage avec Trotski, c’est que lorsqu’il ment cela se voit, puisqu’il essaye de « noyer le poisson » dans un verbiage absurde, le tout, en n’oubliant pas de préciser à chaque fois, pensant diluer un peu plus son mensonge, que les victimes ne seraient pas…, des victimes, mais des « ennemis du peuple », « des contre-révolutionnaires ». C’est une technique classique dans l’univers Communiste, celle consistant à inverser les rôles en transformant les victimes en bourreaux et inversement. Encore un héritage de Robespierre et de sa clique de Terroristes : Carrier, Turreau, Marat, Saint-Just, Fouquier-Tinville, etc..
Le drame, c’est qu’il est tellement convaincu de ce qu’il pense, qu’il arrive à en conditionner d’autres, en tout cas, suffisamment pour l’aider à maintenir son régime de Terreur…
Pourtant, comme Trotski nous livre dans ce livre une grande partie de toute la noirceur de son « âme », il doit se surprendre lui-même, habitué qu’il est à mentir, à nous livrer une part de vérité. En fait, ce n’est pas de gaieté de cœur qu’il opère se travail sur lui-même, mais uniquement parce qu’il doit répondre aux accusations objectives de Kautsky :
« Il n’est pas difficile de déduire de ce qui précède les réponses aux deux questions que nous pose insidieusement Kautsky. D’abord, pourquoi avons-nous convoqué l’Assemblée constituante, puisque nous avions en vue la dictature du prolétariat ? Et ensuite, si la première Assemblée constituante que nous avons cru devoir convoquer s’est montrée réactionnaire et si elle n’a pas correspondu aux intérêts de la révolution, pourquoi nous refusons-nous à convoquer une nouvelle Assemblée constituante ?
(…) Nous avions décidé à l’avance que si la majorité nous appartenait à l’Assemblée constituante, elle se dissoudrait elle-même en transmettant ses pouvoirs aux Soviets, comme le fit plus tard la Douma municipale de Pétrograd, élue sur les bases du suffrage démocratique le plus large.
(…) N’envisageant l’organisation du pouvoir révolutionnaire que dans les Soviets, et ceux-ci détenant déjà, au moment de la convocation de l’Assemblée constituante, le pouvoir effectif, la question était inévitablement résolue pour nous dans le sens de la dispersion par la force de l’Assemblée constituante, qui ne pouvait être disposée à se dissoudre elle-même au bénéfice du pouvoir des Soviets. »
Voyons maintenant de quelle manière Trotski tente de se dépatouiller sur un autre sujet crucial, celui de la prise d’otages des familles de ses victimes ; toujours dans une surenchère monstrueuse d’extermination, et toujours en usant de la bonne vieille et ignoble méthode consistant à transformer ses victimes en bourreaux. Pour essayer de se justifier, il se sert de l’autre grande référence Révolutionnaire Historique Française : la Commune de Paris de 1871 :
« Les décrets de la Commune sur les otages et sur leur exécution en réponse aux atrocités des Versaillais, ont été motivés, selon la profonde explication de Kautsky, « par le désir de conserver des vies humaines, non de les détruire ». Admirable découverte ! Il ne reste plus qu’à l’élargir. On peut et on doit faire comprendre qu’en temps de guerre civile nous exterminerons les gardes-blancs afin qu’ils n’exterminent pas les travailleurs. Dès lors notre but n’est pas de supprimer des vies humaines, mais bien de les préserver. Mais comme nous devons combattre pour les préserver les armes à la main, cela nous conduit à détruire des vies humaines – énigme dont le secret dialectique fût élucidé par le vieil Hegel, sans parler des sages appartenant à de plus anciennes écoles. »
Quelle « logique » cynique et implacable ! Selon Trotski, il faut donc tuer davantage pour tuer…, moins, ou tout du moins de manière sélective : soi-disant uniquement pour préserver les vies des « travailleurs » !
S’il se livre tant dans cet ouvrage, c’est aussi parce qu’il ne se rend même plus compte des inepties et horreurs qu’il déblatère.
Et comme tout Criminel de masse qui se respecte, il est atteint également de paranoïa aiguë : il voit des « ennemis » partout, c’est aussi pour cela qu’il faut exterminer toujours plus, indéfiniment… :
« Kautsky, en dépit de tous les événements actuels dans le monde, ne comprend absolument pas ce qu’est la guerre en général, et la guerre civile en particulier. Il n’arrive pas à comprendre que tout partisan de Thiers à Paris, ou presque, n’était pas simplement un « opposant » idéologique des communards, mais bien un agent et un espion de Thiers, un ennemi mortel, guettant le moment de leur tirer dans le dos. Or l’ennemi doit être mis dans l’impossibilité de nuire, ce qui, en temps de guerre, signifie qu’il doit être détruit.
Le problème de la révolution, comme celui de la guerre, est de briser la volonté de l’ennemi, de le forcer à capituler en acceptant les conditions du vainqueur. La volonté est, assurément, un fait d’ordre psychologique, mais à la différence d’un meeting, d’une réunion publique ou d’un congrès, la révolution poursuit ses fins par le recours à des moyens matériels, bien que dans une mesure moindre que la guerre.
(…) Le degré d’acharnement de la lutte dépend de toute une série de conditions intérieures et internationales. Plus la résistance de l’ennemi de classe vaincu se montrera acharnée et dangereuse, plus le système de coercition se transformera inévitablement en système de terreur. »
Eh oui ! La Terreur de masse permet aux régimes Totalitaires, en général, d’effectuer des exterminations préventives, prophylactiques, d’individus ou groupes sociaux, ethniques, religieux, politiques, etc., risquant de devenir potentiellement de futurs « ennemis » ! D’où cette volonté, dans l’univers Communiste, de chercher et trouver continuellement de nouveaux groupes d’individus à rééduquer, à enfermer dans les camps de concentration ou à exterminer, afin de ne garder qu’une toute petite partie de la population pour créer l’ »Homme nouveau », absolument pur, exempt de toutes souillures « capitalistes », bourgeoises » et « impérialistes » ! Bref, un véritable programme Génocidaire.
Puis, Trotski disserte sur les notions de Révolution et de Terrorisme :
« La révolution n’implique pas « logiquement » le terrorisme, de même qu’elle n’implique pas « logiquement » l’insurrection armée. Quelle grandiloquente banalité ! Mais la révolution exige en revanche de la classe révolutionnaire qu’elle mette tous les moyens en œuvre pour atteindre ses fins ; par l’insurrection armée, s’il le faut ; par le terrorisme, si c’est nécessaire. »
Ici, dans sa première phrase, il commence pas trop mal dans son analyse. Mais lorsqu’on veut, comme lui, imposer une Idéologie Totalitaire par la force, cela se termine inéluctablement dans le Terrorisme de masse, comme il l’explicite dans sa deuxième phrase…
Il continue de dérouler son délire Idéologique criminel et démontre une fois de plus, si cela était encore nécessaire, qu’en 1920, il avait depuis certainement longtemps déjà et définitivement, abandonné l’Humanité pour sombrer du côté obscur, celui de l’IN-humanité et de la barbarie :
« La question des formes et du degré de la répression n’est évidemment pas une question « de principe ». C’est une question d’adaptation des moyens au but. À une époque révolutionnaire, le parti qui a été chassé du pouvoir, qui ne veut pas admettre la stabilité du parti dirigeant, et qui le démontre par la lutte forcenée qu’il mène contre lui, ce parti ne se laissera pas intimider par la menace des emprisonnements, puisqu’il ne croit pas qu’ils dureront. C’est précisément par ce fait simple mais décisif que s’explique la fréquence des exécutions dans la guerre civile.
Mais peut-être Kautsky veut-il dire que la peine de mort n’est pas, en général, conforme au but qu’on veut atteindre, et qu’on ne peut pas « effrayer les classes » ? Ce n’est pas vrai. La terreur est impuissante – et encore n’est-ce qu’en « fin de compte » qu’elle l’est – si elle est appliquée par la réaction contre la classe historiquement montante. Mais la terreur peut être très efficace contre la classe réactionnaire qui ne veut pas quitter la scène. L’intimidation est un puissant moyen d’action politique, tant dans la sphère internationale qu’à l’intérieur. La guerre, de même que la révolution, repose sur l’intimidation. Une guerre victorieuse n’extermine en règle générale qu’une petite partie de l’armée vaincue, mais démoralise ceux qui restent et brise leur volonté. La révolution agit de même : elle tue quelques individus, elle en effraie mille. Dans ce sens, la terreur rouge ne se distingue pas en principe de l’insurrection armée, dont elle n’est que la continuation. Ne peut condamner « moralement » la terreur d’État de la classe révolutionnaire que celui qui rejette par principe (en paroles) toute violence, quelle qu’elle soit – et donc toute guerre et tout soulèvement. Mais il faut n’être pour cela qu’un quaker hypocrite. »
Ici, Trotski est trop modeste, puisque les victimes de son régime Totalitaire Communiste étaient déjà fort nombreuses avant ce fameux décret du 5 septembre 1918 concernant la « Terreur Rouge Bolchevique », dès le coup d’État d’Octobre 1917. Alors avec la mise en place du Communisme de Guerre et de la Terreur Rouge, les victimes se sont comptées dès la fin 1918 par dizaines de milliers, puis jusqu’en 1924, par centaines de milliers. À ce déjà terrible bilan humain, il faut ajouter les 5 000 000 de paysans morts de faim à cause, essentiellement, de l’implacable politique du Communisme de Guerre. Non, non, Trotski n’usurpe absolument pas son intitulé de : Criminel de masse. D’ailleurs, un peu plus loin, il confirme encore lui-même… :
« »Mais alors, en quoi votre tactique se différencie-t-elle de celle du tsarisme ? nous demandent les pontifes du libéralisme et du kautskysme.
Vous ne le comprenez pas, faux dévots ? Nous allons vous l’expliquer. La terreur du tsarisme était dirigée contre le prolétariat. La gendarmerie tsariste étranglait les travailleurs qui militaient pour le régime socialiste. Nos Commissions Extraordinaires fusillent les propriétaires fonciers, les capitalistes, les généraux qui s’efforcent de rétablir l’ordre capitaliste. Vous saisissez cette… nuance ? Oui ? Pour nous, communistes, elle est tout à fait suffisante. »
Heureusement que l’on sait qu’il est mort depuis 1940, sinon il nous ferait presque « mourir » de peur !
Pour rester sérieux, il n’est pas besoin d’être un historien de la Russie pour savoir que l’Autoritarisme Tsariste de la dynastie des Romanov, était loin d’être aussi criminogène que l’État-Parti Totalitaire Communiste de Trotski.
Venons-en maintenant à l’un des fondements spécifiques des régimes Totalitaires : le Liberticide, la suppression de toutes Libertés comme la Liberté d’expression, et en particulier celle de la presse. Une nouvelle fois, son aplomb laisse sans voix, mais est particulièrement édifiant sur le sujet :
« En temps de guerre, toutes les institutions et tous les organes du pouvoir d’État et de l’opinion publique deviennent, directement ou indirectement, des organes pour la conduite de la guerre. Ceci concerne en premier lieu la presse. Nul gouvernement soutenant une guerre sérieuse ne peut permettre la diffusion sur son territoire de publications qui soutiennent directement ou secrètement l’ennemi. À plus forte raison en période de guerre civile. La nature ce cette dernière telle que les deux partis ont, à l’arrière de leurs troupes, des cercles importants de la population qui sont du côté de l’ennemi. À la guerre, où la mort sanctionne les succès et les échecs, les agents ennemis qui se sont faufilés à l’arrière des armées doivent subir la peine de mort. Loi inhumaine sans aucun doute, mais personne n’a encore considéré la guerre comme une école d’humanité, à plus forte raison la guerre civile. Peut-on sérieusement exiger que, pendant la guerre contre les bandes contre-révolutionnaires de Denikine, les publications des partis qui le soutiennent puissent paraître sans encombre à Moscou ou à Petersbourg ? Le proposer au nom de la « liberté » de la presse équivaudrait à exiger au nom de la publicité la publication des secrets militaires. « Une ville assiégée, écrivait le communard Arthur Arnould, ne peut admettre ni que le désir de la voir tomber s’exprime librement en son sein, ni qu’on incite ses défenseurs à la trahison, ni qu’on communique à l’ennemi les mouvements de ses troupes. Telle a été la situation de Paris pendant la commune ». Et telle est la situation de la République soviétique depuis deux années qu’elle existe. »
Ah ! Elle a bon dos la Guerre Civile que vous avez engendrée, Monsieur Léon Trotski : mais manque de chance pour vous, la privation de Liberté en général, entre autres répressions et persécutions, est bien évidemment restée une constante (Guerre Civile ou non !), non seulement, durant les 74 interminables (pour le Peuple Russe) années de l’existence de l’U.R.S.S., jusqu’à son effondrement en 1991, mais également sous TOUS les régimes Totalitaires Communistes de la planète.
Enfin ! Nous abordons maintenant le chapitre qui, selon moi, constitue le summum de l’ »œuvre » Totalitaire de Trotski. Il est intitulé : chapitre IX « Les questions d’organisation du travail ». Ce chapitre tourne autour du grand principe Trotskiste nommé : LA MILITARISATION DU TRAVAIL. Tout un programme… Ici, Trotski se lâche totalement, il se libère et nous donne une parfaite définition de l’Esclavagisme moderne.
Comment les Communistes, jusqu’à ce jour, ont pu et peuvent encore croire que Trotski fut un défenseur de la « classe » ouvrière. Cela reste, pour moi, un grand mystère, cette légende basée sur absolument…, rien, puisque ses propres écrits et ses actes démontrent complètement l’inverse…
Tout d’abord, dans la citation qui va suivre, même s’il se reprend immédiatement dans la seconde partie de sa phrase en expliquant exactement l’inverse, Trotski avoue de manière totalement inattendue et inespérée, pour nous autres, Humanistes, que la Guerre Civile fut la conséquence du coup d’État d’Octobre 1917 :
« Certes, le blocus et la guerre civile ont été les conséquences de la révolution prolétarienne en Russie. »
Bel effort ! Il progresse légèrement sur la voie de la rédemption. Mais chez Trotski, cela ne dure jamais bien longtemps, emporté qu’il est par la fierté de son lyrisme condescendant.
En effet, pour Trotski, le principe fondamental de l’organisation du travail repose uniquement sur la contrainte, comme tout le corpus de son Idéologie Totalitaire, d’ailleurs. Il nous explique alors… :
« Si toutes les sociétés précédentes étaient basées sur l’organisation du travail dans l’intérêt d’une minorité qui organisait son appareil de contrainte étatique contre l’écrasante majorité des travailleurs, nous faisons dans l’Histoire universelle la première tentative d’organisation du travail dans l’intérêt de cette majorité travailleuse. Cela n’exclut cependant pas l’élément de contrainte sous toutes ses formes, des plus douces aux plus rudes. L’élément de nécessité, de coercition étatique, non seulement ne quitte pas la scène historique, mais, au contraire, il y jouera encore pour une période assez considérable un rôle extrêmement grand.
En règle générale, l’homme s’efforce d’éviter le travail. L’assiduité au travail ne lui est pas innée : elle est créée par la pression économique et par l’éducation sociale. L’homme, peut-on dire, est un animal assez paresseux.
(…) La tâche de l’organisation sociale consiste justement à faire entrer la « paresse » dans des cadres définis, pour la discipliner et stimuler l’homme à l’aide de moyens et de mesures qu’il a lui-même imaginés. »
Pour arriver à trouver que ce méprisant personnage veuille le bien de la « classe » ouvrière, il faut, soit être totalement Idéologisé, soit souffrir du syndrome de Stockholm, voire les deux à la fois !
Mais c’est loin d’être encore terminé…
Sachant que sous le régime de Trotski, les premiers camps de travaux forcés, camps de « rééducation » et camps de concentration étaient déjà ouverts depuis l’été de 1918, on perçoit déjà nettement la volonté de les développer. Les camps prendront, sous Staline, la gigantesque forme concentrationnaire du…, Goulag :
« Les besoins en combustibles ne peuvent être satisfaits, ne fût-ce que partiellement, sans une utilisation massive et sans précédent de la force ouvrière pour la coupe du bois, l’extraction de la tourbe et des schistes.
(…) Une quantité considérable de main-d’œuvre est encore nécessaire pour l’organisation du flottage. Et ainsi de suite…
(…) La campagne a maintenant plus de terre, mais les machines agricoles faisant défaut, il faut davantage de bras pour la travailler.
(…) Non seulement l’ouvrier, mais encore le paysan, doit donner sa force à l’État soviétique pour la Russie laborieuse et, avec elle, les travailleurs eux-mêmes ne soient pas écrasés. L’unique moyen de nous procurer la main-d’œuvre nécessaire aux tâches économiques, c’est l’instauration du travail obligatoire.
Le principe même du travail obligatoire est pour les communistes indiscutable : « Qui ne travaille pas ne mange pas ». Et comme tous doivent manger, tous sont obligés de travailler. L’obligation du travail est mentionnée dans notre Constitution et dans le Code du Travail. Mais elle n’était jusqu’ici qu’un principe. Son application n’avait eu qu’un caractère accidentel, partiel, épisodique. Ce n’est que maintenant, face aux problèmes que pose la renaissance économique du pays, que la nécessité de travail obligatoire se pose devant nous de la manière la plus concrète. L’unique solution correcte, en principe comme en pratique, des difficultés économiques, consiste à considérer toute la population du pays comme le réservoir de main d’œuvre nécessaire – une source presque inépuisable – et à en organiser dans un ordre rigoureusement établi le recensement, la mobilisation et l’utilisation.
Comment recruter pratiquement la main-d’œuvre sur la base de l’organisation du travail ?
(…) Il était donc naturel que nous soyons obligés, au moins dans les premiers temps, d’utiliser sur une vaste échelle l’appareil du département de la guerre pour la mobilisation du travail.
Centralement et localement, nous avons créé des organes spéciaux pour la mise en vigueur de l’obligation du travail ; à cet effet, des comités fonctionnent déjà dans les provinces, dans les districts, dans les cantons.
(…) La mise en vigueur du travail obligatoire suppose d’une part une œuvre colossale d’éducation, et d’autre part la plus grande prudence dans la démarche pratique adoptée.
(…) Partout où ce sera possible, il faudra remplacer la mobilisation directe par la tâche de travail, c’est-à-dire imposer à un canton donné l’obligation de fournir, dans un laps de temps donné, tant de stères de bois, ou de transporter par roulage jusqu’à telle ou telle station de quintaux de fonte, etc.
(…) En un mot, il faut affiner, améliorer, perfectionner les procédés, les méthodes et les organes destinés à opérer la mobilisation de la main-d’œuvre. Mais il est également indispensable de se convaincre que le principe même de l’obligation du travail a remplacé tout aussi radicalement et sans retour le principe de l’embauche libre, que la socialisation des moyens de production a remplacé la propriété capitaliste.
La militarisation du travail
L’obligation du travail serait inconcevable sans l’application – dans une certaine mesure – des méthodes de militarisation du travail.
(…) Les mencheviks ne se prononcent pas seulement contre la militarisation du travail, mais aussi contre le travail obligatoire. Ils repoussent ces méthodes comme « coercitives ». Ils prêchent que l’obligation du travail équivaut à une baisse de la productivité du travail, et que la militarisation ne signifie qu’une dilapidation inutile de force de travail.
« Le travail obligatoire est toujours du travail peu productif », telle est l’expression exacte de la résolution des mencheviks. Cette affirmation nous amène au cœur même de la question. Car ainsi que nous le voyons, il ne s’agit nullement de savoir s’il est sage ou insensé de déclarer telle ou telle usine en état de guerre ; s’il y a intérêt à donner au tribunal révolutionnaire militaire droit de punir les ouvriers corrompus qui volent les matières premières et les outils qui nous sont si précieux, ou qui sabotent le travail.
(…) Car il ne peut être question de passer de l’anarchie bourgeoise à l’économie socialiste sans dictature révolutionnaire et sans formes coercitives d’organisation économique.
(…) Sans les formes de coercition étatique qui constituent le fondement de la militarisation du travail, le remplacement de l’économie capitaliste par l’économie socialiste ne serait qu’un mot creux. Pourquoi parlons-nous de militarisation ? (…) Aucune autre organisation sociale, excepté l’armée, ne s’est cru le droit de se subordonner aussi complètement les citoyens, de les soumettre aussi totalement à tous égards à sa volonté, que ne s’est considéré en droit de le faire et ne le fait l’État de la dictature prolétarienne. L’armée seule, précisément parce qu’elle a tranché à sa manière les questions de vie et de mort des nations, des États, des classes dirigeantes, a acquis le droit d’exiger de tous et de chacun la soumission à ses tâches, à ses buts, à ses règlements et à ses ordres.
(…) Nos organisations économiques, et avec elles nos organisations professionnelles et industrielles, ont le droit d’exiger de leurs membres toute l’abnégation, toute la discipline, tout le sérieux que l’armée a été seule jusqu’ici à exiger.
(…) Si l’économie planifiée est impensable sans l’obligation du travail, cette dernière est à son tour irréalisable sans l’abolition de la fiction de la liberté du travail et son remplacement par le principe de l’obligation du travail, complété par la réalité de la coercition.
Que le travail libre soit plus productif que le travail obligatoire, c’est tout à fait vrai en ce qui concerne l’époque du passage de la société féodale à la société bourgeoise. Mais il faut être un libéral, ou, à notre époque, un kautskyste, pour en faire une vérité éternelle et l’appliquer par translation à notre époque de transition du régime bourgeois au régime socialiste. S’il est vrai, comme le dit la résolution des mencheviks, que le travail obligatoire est toujours et en toutes circonstances improductif, alors toute notre œuvre d’édification est vouée à l’effondrement. Car nous ne pouvons avoir d’autre voie au socialisme que l’organisation autoritaire des forces et des ressources économiques du pays, que la répartition centralisée de la force de travail conformément au plan général d’État. L’État ouvrier se considère en droit d’envoyer tout travailleur là où son travail est nécessaire. Et pas un socialiste sérieux ne viendra dénier à l’État ouvrier le droit de lever la main sur le travailleur qui refusera le travail qui lui a été assigné.
(…) Sans obligation du travail, sans droit de donner des ordres et d’exiger leur exécution, les syndicats deviennent des formes vides de contenu. Les syndicats sont en effet nécessaires à l’État socialiste en construction, non afin de lutter pour de meilleures conditions de travail – c’est la tâche de l’ensemble de l’organisation sociale et étatique – mais afin d’organiser la classe ouvrière pour la production, afin de la discipliner, de la répartir, de la grouper, de l’éduquer, de fixer certaines catégories et certains ouvriers à leur poste pour un laps de temps déterminé, – en un mot, pour incorporer autoritairement les travailleurs, en plein accord avec l’État, dans les cadres du plan économique unique.
(…) La militarisation du travail n’est donc pas, camarades, dans le sens fondamental que j’ai indiqué, l’invention de quelques hommes politiques ou de notre département militaire, mais elle apparaît comme une méthode inévitable d’organisation et de discipline de la force de travail dans l’époque de transition du capitalisme au socialisme. S’il est vrai, comme il est dit dans la résolution des mencheviks, que toutes ces formes contraignantes (la répartition obligatoire de la main-d’œuvre, son affectation passagère ou prolongée à certaines branches ou entreprises, sa réglementation conformément au plan économique général d’État) mènent partout et toujours à une diminution de la productivité, alors faites une croix sur le socialisme. Car il est impossible de fonder le socialisme sur la baisse de la productivité du travail. Toute organisation sociale est fondamentalement une organisation du travail. Et si notre nouvelle organisation du travail mène à une baisse de la productivité, alors la société socialiste en construction va fatalement à sa ruine, quelle que soit notre ingéniosité et quelles que soient les mesures de salut que nous imaginions. »
En plus de toutes ces citations, et en attendant celles à venir… voici une phrase qui, à elle seule, vaut son « pesant de cacahuètes » :
« Même l’organisation du servage a été, dans certaines conditions, un pas en avant et a amené une augmentation de la productivité du travail. »
À ce stade du livre qui a encore envie (Communiste ou non) de vivre dans cette société Trotskiste, donc Communiste ?
Mais poursuivons dans le discours hallucinant de cet Esclavagiste de Trotski, qui « persiste et signe », dans son délire Totalitaire :
« S’il advenait que notre organisation du travail planifiée, et par conséquent contraignante, qui va remplacer l’impérialisme, mène à un affaiblissement de l’économie, cela signifierait la ruine de toute notre culture, un recul de l’humanité vers la barbarie et la sauvagerie.
(…) Toute l’histoire de l’humanité est l’histoire de l’organisation et de l’éducation de l’homme collectif pour le travail, en vue d’obtenir une plus grande productivité. L’homme, comme je me suis déjà permis de le dire, est paresseux, c’est-à-dire qu’instinctivement il s’efforce d’obtenir au prix du minimum de peine le maximum de produits. Sans cette tendance, il n’y aurait pas de développement économique. La croissance de la civilisation se mesure à la productivité du travail humain, et toute nouvelle forme de rapports sociaux doit subir l’épreuve de cette pierre de touche.
(…) Quelles sont donc nos méthodes de rééducation des travailleurs ?
(…) Nous, en revanche, nous organisons le travail dans l’intérêt des travailleurs eux-mêmes, et c’est pourquoi nous ne pouvons avoir aucune raison de masquer le caractère socialement obligatoire de l’organisation du travail. Nous n’avons que faire des contes des prêtres, des libéraux et des kautskystes. Nous disons ouvertement et sans détours aux masses qu’elles ne peuvent sauver le pays socialiste, le relever et l’amener à une situation florissante qu’au prix d’un travail rigoureux, d’une discipline absolue et de la plus grande conscience dans le travail de la part de chaque travailleur.
La principale de nos ressources est l’influence idéologique, le propagande non seulement par les paroles, mais par les faits. L’obligation du travail revêt un caractère contraignant, mais cela ne signifie pas du tout qu’elle constitue une violence sur la classe ouvrière.
(…) La militarisation du travail par la volonté des travailleurs eux-mêmes est la dictature socialiste.
(…) Les « samedis communistes » ne sont pas seulement une manifestation splendide de solidarité communiste, mais la garantie la plus sûre du succès de l’application de l’obligation du travail. Il faut, par une action de propagande, éclairer, élargir et approfondir ces tendances si véritablement communistes.
(…) Les journaux doivent suivre au jour le jour la production des usines les plus importantes, enregistrant les succès et les échecs, encourageant les uns et dénonçant les autres…
(…) Les grands et les petits leaders de la technique doivent occuper la place centrale dans l’esprit public ; il faut contraindre les mauvais ouvriers à avoir honte de mal connaître leur affaire.
(…) L’augmentation de la quantité des articles produits est la tâche principale, à laquelle se subordonnent toutes les autres. Dans la difficile période actuelle, le salaire est pour nous, en premier lieu, non pas un moyen d’assurer l’existence personnelle de chaque ouvrier, mais un moyen d’estimer ce que chaque ouvrier apporte par son travail à la République ouvrière.
C’est pourquoi le salaire, tant en argent qu’en nature, doit correspondre le plus exactement possible avec la productivité du travail individuel. (…) Sous le régime de la production socialisée, le travail aux pièces, les primes, etc., ont pour objet d’accroître la masse du produit social et par conséquent d’élever le bien-être commun. Les travailleurs qui concourent plus que les autres à l’intérêt commun acquièrent le droit de recevoir une part plus grande du produit social que les fainéants, les négligents et les désorganisateurs.
Enfin, en récompensant les uns, l’État ouvrier ne peut pas ne pas punir les autres, c’est-à-dire ceux qui enfreignent manifestement la solidarité du travail, sapent le travail commun et causent un dommage considérable au relèvement socialiste du pays. La répression en vue de réaliser les buts économiques est une arme nécessaire de la dictature socialiste.
(…) Tel est, camarades, l’ensemble des moyens dont dispose l’État ouvrier pour élever la productivité du travail. (…) Nous ne faisons que commencer avec vous à l’écrire, avec la sueur et le sang des travailleurs. Nous disons : ouvriers et ouvrières, vous êtes entrés dans la voie du travail réglementé. Ce n’est que dans cette voie que vous édifierez la société socialiste.
(…) C’est par la voie empirique, et nullement en nous basant sur des considérations théoriques, que nous sommes arrivés à poser la question de l’utilisation de l’armée à des tâches de travail (question qui a pris chez nous une grande importance de principe).
(…) L’application de l’obligation du travail n’est pas concevable, pour nous, autrement que comme la mobilisation de forces de travail en prédominance paysannes sous la direction des ouvriers avancés. De la sorte, il n’y a pas eu et ne pouvait y avoir aucun obstacle de principe dans l’application de l’armée à l’œuvre du travail. En d’autres termes, les objections de principe de ces mêmes mencheviks contre les armées du travail n’étaient, au fond, que des objections contre le travail « obligatoire » en général et, par conséquent, contre l’obligation du travail et contre les méthodes soviétiques d’édification économique dans leur ensemble. Nous n’avons pas eu de peine à les réfuter.
(…) À l’heure actuelle, nous avons plusieurs armées de travail en action : la 1° armée, les armées de Pétrograd, d’Ukraine, du Caucase, de la Volga, de réserve. Cette dernière a, comme on sait, contribué à augmenter la capacité de transport du chemin de fer de Kazan à Ekatérinenbourg.
(…) Les masses, qui pendant longtemps encore auront à supporter le poids de la peine et des privations, doivent comprendre dans toute son ampleur la logique interne inévitable de ce plan économique, afin de se montrer capables d’en supporter le fardeau.
(…) Mais quelle que soit la rapidité avec laquelle les événements continueront à se développer, il est évident qu’à la base de toute notre action (mobilisation du travail, militarisation du travail, samedis communistes et autres aspects du volontariat communistes du travail), doit se trouver un plan économique unique. »
Enfin, Trotski en arrive à nous présenter le schéma global, l’aboutissement de ses mesures Totalitaires, de la concrétisation de l’objectif final du Communisme et de la Dictature du Prolétariat :
(…) La dictature du prolétariat se traduit par l’abolition de la propriété privée des moyens de production, par la domination de la volonté collective des travailleurs sur tout le mécanisme soviétique, et nullement par la forme de direction des diverses entreprises.
(…) De même que la lampe, avant de s’éteindre, brille d’une flamme plus vive, l’État, avant de disparaître, prend la forme de la dictature du prolétariat, c’est-à-dire de l’État le plus impitoyable, qui s’empare impérieusement de la vie des citoyens de tous côtés.
(…) Aucune autre organisation dans le passé, excepté l’armée, n’a exercé sur l’homme une plus rigoureuse coercition que l’organisation étatique de la classe ouvrière dans l’époque de transition la plus difficile. C’est précisément pourquoi nous parlons de militarisation du travail.
(…) Un régime interne sévère est inséparable de l’organisation militaire.
(…) Mais nous vivons maintenant à une époque de dictature politique et économique. (…) Pendant que nous nous battons sur le front de la guerre civile pour protéger la révolution contre ses ennemis, le journal des mencheviks écrit : « À bas la guerre civile ! ». Cela, nous ne pouvons l’admettre. La dictature est la dictature, la guerre est la guerre. »
Que rajouter de plus à de tels aveux à caractères Terroristes et Totalitaires…? Juste que, contrairement à ce qu’affirme Trotski, durant les 74 années du régime Communiste Soviétique, non seulement l’État n’a jamais disparu, mais qui plus est, il a toujours été…, Totalitaire !
En Conclusion :
De même qu’il existe, pour tenter de comprendre le « Mal Absolu », l’importante autobiographie de Rudolf Hoess (le Commandant du camp de concentration et d’extermination de Auschwitz-Birkeneau) : « Le commandant d’Auschwitz parle », l’incontournable interview par Gitta Sereny de Frantz Stangl (le Commandant du camp d’extermination de Treblinka), ainsi que l’excellent ouvrage : « Eichmann à Jérusalem » de Hannah Arendt sur le procès du principal organisateur de « La Solution Finale de la Question Juive en Europe » (l’Holocauste) : Adolf Eichmann ; on peut grâce à ce texte de Trotski, décortiquer et analyser le mode de fonctionnement psychologique totalement fanatisé des Criminels de masse. D’ailleurs, on retrouve chez ces différents « monstres humains », les mêmes pathologies, comme : l’insatiable volonté de manipulation par le mensonge et la propagande, la paranoïa, la mégalomanie, un incroyable narcissisme, des pensées et des comportements tyranniques, une violence extrême, le fanatisme, la psychopathie, ainsi que cette extraordinaire capacité à s’auto-persuader de détenir la « Vérité Absolue » : l’ »Idée » (l’Idéologie) devant être appliquée par tous les moyens : comme nous l’avons vu, principalement par la Terreur de masse !
Clairement grisé par le Pouvoir en cette année 1920, certain, désormais, de le conserver ad vitam aeternam, et se pensant indétrônable, invincible, croyant détenir une « Vérité Absolue » qu’il considérait comme incontestable, Trotski se permettait librement dans ce texte, de livrer sans réserves, ses pensées les plus intransigeantes et ses principes dogmatiques les plus implacables.
Détails sur Terrorisme et Communisme. L’anti-Kautsky
Auteur : Léon Trotsky
Nombre de pages : 257