De 1852 à 1953, il ne fallut pas moins d’un siècle pour que deux humains parviennent à atteindre le plus haut sommet du monde, l’Everest (du nom du géomètre britannique qui fut le premier à le définir comme tel). Dans ce livre, Henri Vernes, le père de Bob Morane, retrace l’épopée de cette odyssée héroïque dans laquelle les Anglais se taillèrent la part du lion, bien que ce soit un Australien Edmund Hillary et un Népalais, Tensing Norkey, qui plantèrent l’Union Jack à la pointe de l’auguste Mont le 29 mai 1953. Mais que d’échecs, que de souffrances, que de déceptions et que de morts avant d’en arriver là. Les expéditions se succédèrent à un rythme soutenu. Les Russes y disparurent corps et biens sans qu’un seul survivant ou qu’un seul cadavre n’ait été retrouvé. Les Suisses durent renoncer pas bien loin du sommet, vaincus par des conditions climatiques défavorables. Seuls les deux héros, profitant d’une très courte et très exceptionnelle fenêtre de temps calme, réussirent et se couvrirent de gloire. Et pourtant dès 1924, Norton atteignait 8450 m sans utiliser d’oxygène et devait renoncer. Il faut imaginer ce que représentaient ces expéditions : des dizaines de sherpas, des tonnes de matériels, une dizaine de camps de base ou intermédiaires échelonnés tout au long de la voie, sans oublier la kyrielle de bonbonnes d’oxygène sans laquelle personne n’arrivait à aller plus loin que Norton. Si on y ajoute, les tempêtes de neige, le blizzard, les avalanches, les températures de – 40°, on comprend qu’il ait fallu autant de temps et autant de peine pour réaliser cet exploit…
Très vivant et très bien écrit (pouvait-il en être autrement de la plume d’un auteur aussi prolifique et aussi passionnant que le regretté Henri Vernes ?), cet ouvrage historique retrace en détail toutes les péripéties de cette aventure, raconte la plupart des tentatives, même les plus farfelues, comme celle de cet homme seul qui se lança mais ne revint jamais. Le lecteur intéressé par le monde de la montagne découvrira à quel point chaque expédition contribua à la victoire finale et de quelle dose de courage et d’abnégation tous ces alpinistes durent faire preuve. Tous méritèrent le titre de « Conquérants de l’Everest », même s’ils ne furent que deux à atteindre le sommet. A noter que ce livre qui ne pourra que passionner les amoureux de la montagne, propose en fin de volume tout un dossier technique sur l’Himalaya avec une chronologie sur la conquête de l’Everest, quelques explications techniques ainsi que le relevé des « premières » des quatorze plus hauts sommets de la chaîne. « Plus de huit pays différents se sont partagés ces plus de 8000. Ainsi donc, la montagne est internationale et n’appartient à personne ! »
4/5
Les conquérants de l’Everest (Henri Vernes)