En tant que contemporain du coup d’État bolchevique (communiste) du 7 novembre 1917 à Petrograd en Russie, David Shub détaille la vie de Lénine, rendant ce livre passionnant grâce, notamment, à de très nombreuses citations. Le mythe Léniniste s’effondre enfin. Lénine : « petit bourgeois », « pseudo-intellectuel », et assisté financièrement toute sa vie, en somme, tout ce qu’il haïssait le plus au monde !
Précision factuelle : le Bolchevisme était le nom du Communisme avant mars 1918 en Russie.
Le 1er mars 1887, le frère de Vladimir Ilitch Oulianov, Alexandre, tenta d’assassiner le Tsar Alexandre III. Alexandre Oulianov fut alors condamné à mort et exécuté le 8 mai 1887.
Vladimir Ilich Oulianov, qui sera connu plus tard, sous le pseudonyme de Lénine, s’écria alors (page 17) :
« Je jure qu’ils me paieront leur crime ! »
Vladimir Ilitch Oulianov naquit à Simbirsk en Russie, le 22 avril 1870.
Son père était inspecteur provincial des écoles publiques et la famille possédait un train de vie correspondant à celui de la petite noblesse locale. Catégorie sociale, qui sera sous son « règne » : traquée, raflée, interrogée sous la torture, déportée en camps de concentration et/ou exécutée arbitrairement.
Lénine ne commença à travailler qu’à l’âge de 27 ans.
L’ironie de l’histoire fit que le père d’Alexandre Kerenski (futur responsable du Gouvernement Provisoire entre mars et octobre 1917, que Lénine renversa suite au coup d’État Bolchevique), Fédor Kerenski directeur du lycée de Simbirsk, dans lequel étudiait Lénine, lui facilita l’entrée à l’Université.
A cette époque celui qui représentait l’intelligentsia Russe se nommait : Nicolas Tchernychevski. Marx lui-même était en admiration devant celui qui allait devenir le mentor, en tant que Révolutionnaire, de Lénine.
D’autres Terroristes Révolutionnaires inspirèrent Lénine, comme : Michel Bakounine, Serge Netchaïev, Pierre Tkatchev.
En 1888, Lénine commença à étudier Karl Marx.
Lors de la dernière grande famine (environ 400 000 morts) sous le règne autocratique Tsariste, en 1891 – 1892, Lénine surprit son entourage par son discours Idéologiquement déjà quasiment formaté, intransigeant et ignoble, en déclarant (pages 42 et 43) :
« Les famines, expliqua-t-il, sont la conséquence directe d’un certain ordre social et seule l’abolition de cet ordre pourra empêcher leur retour. La famine actuelle, inévitable, contribue au progrès futur en détruisant l’économie paysanne et en poussant les paysans vers les villes. Ainsi se forme un prolétariat qui hâtera l’industrialisation du pays et ainsi les paysans seront amenés à réfléchir sur les causes et les effets d’une société capitaliste ; ils perdront leur foi dans le Tsar et le tsarisme et précipiteront la victoire de la révolution. »
« Le désir de ce qu’il est convenu d’appeler la « société » de venir en aide aux affamés s’explique aisément puisque cette « société » fait partie d’un ordre bourgeois qui se sent menacé de troubles et même de destruction totale. En réalités toutes ces parlotes à propos de secours aux affamés ne sont qu’une manifestation de la sentimentalité mielleuse qui caractérise nos intellectuels. »
Sauf que sous son régime Totalitaire Communiste, entre autres moyens d’extermination, Lénine devait engendrer, lui, une famine dix fois plus importante : faisant 5 000 000 de morts ; largement due à sa politique de Communisme de Guerre.
En mars 1898, lors d’un Congrès à Minsk, des organisations Sociales Démocrates fondèrent le Parti Ouvrier Social-Démocrate de Russie (P.O.S.D.R.).
En 1902, Lénine fonda son journal l’Iskra (L’Étincelle).
La même année Lénine et Trotski firent connaissance ; et Lénine publia son livre : « Que faire », titre reprit de celui de Tchernychevski. L’objectif de ce livre était de montrer de quelles manières les Révolutionnaires Professionnels devaient mobiliser le Peuple. Lénine continuait de mettre à jour son caractère despotique.
En 1903, se réunit le 2ème Congrès du P.O.S.D.R. à Londres. Suite à de légères divergences politiques entre Martov et Lénine, le P.O.S.D.R. se scinda en deux factions : Le Parti Menchevique (signifiant minoritaire) de Martov, et le Parti Bolchevique (signifiant majoritaire) de Lénine.
Quant à Trotski, il rompit ses relations avec Lénine jusqu’en 1917.
On trouve pléthore de discours et d’écrits de Lénine démontrant que son unique objectif était : la prise du Pouvoir Absolu et la conservation de celui-ci par tous les moyens de Terreur, ce qu’il écrivit clairement en pleine Guerre Civile (page 87) :
« Les classes sont dirigées par les partis, écrit-il en 1920, et les partis sont dirigés par des individus que l’on nomme des chefs… C’est l’ABC… La volonté d’une classe peut être accomplie par un dictateur… La démocratie soviétique n’est nullement incompatible avec la dictature d’un individu… Ce qui importe c’est une direction unique, l’acceptation du pouvoir dictatorial d’un seul homme… Toutes les phrases à propos de l’égalité des droits ne sont que sottises. »
Après l’échec de la tentative de Révolution de 1905, il devint difficile de financer le Parti Bolchevique. Lénine comptait sur les subventions de l’écrivain Maxime Gorki, du riche Moscovite Morozov, etc.. Mais surtout, Lénine sous-traita à la « brigade de fer Caucasienne », les « expropriations » de banques, c’est-à-dire des braquages de banques au moyen de bombes et de revolvers. Le chef de cette brigade était un certain « camarade Koba », de son véritable nom Joseph Djougachvili, mais plus connu sous le pseudonyme de…, Staline.
La tentative de révolution de 1905 fut l’une des conséquences de la guerre Russo-Japonaise. Lénine en déduisit donc qu’une autre guerre pourrait être le catalyseur nécessaire pour renouveler une tentative de révolution.
Et chose extraordinaire, il écrivit en 1913 à Maxime Gorki cette phrase prémonitoire (page 135) :
« Une guerre entre la Russie et l’Autriche servirait utilement la cause de la révolution en Europe occidentale, mais peut-on espérer que Nicolas et François-Joseph soient disposés à nous faire ce plaisir ? ».
Aussi incroyable que cela puisse paraître, un an après, comme l’écrit David Shub : « ce voeu était exaucé », puisqu’en juin 1914, l’Archiduc François-Joseph Ferdinand d’Autriche fut assassiné lors d’un voyage à Sarajevo ; ce qui déclencha la 1ère Guerre Mondiale.
Son objectif était désormais clair : transformer cette guerre…, en Guerre Civile, pour instaurer son Idéologie de « Dictature du prolétariat » par la « lutte des classes », ce qu’explique David Shub (page 140) :
« Et puis après ? La France n’est qu’une république arriérée composée de rentiers et d’usuriers endormis sur leur tas d’or. Si elle est battue par l’Allemagne, qui l’a d’ailleurs déjà vaincue sur le plan industriel, le mal ne sera pas grand. Pour nous, marxistes révolutionnaires, peu importe qui sera vainqueur, la seule chose qui compte c’est d’arriver à la guerre civile. »
« Les pacifistes et les objecteurs de conscience l’exaspéraient tout particulièrement. « La guerre n’est ni un accident ni un crime quoi qu’en pensent les défenseurs du christianisme, écrivait-il en novembre 1914. Comme tous les opportunistes ils n’ont à la bouche que les mots de patriotisme, d’humanité et de pacifisme alors que la guerre découle du capitalisme aussi logiquement et inévitablement que la paix. Toutes les manifestations de pacifismes ne sont que rêveries et lâcheté. Qui peut être assez idiot pour croire que la bourgeoisie se laissera abattre sans se défendre ? On ne détruira pas le capitalisme sans une ou plusieurs guerres civiles ; aussi est-ce le devoir des socialistes d’accentuer la lutte des classes en temps de guerre ; il faut profiter du moment où les bourgeois se battent entre eux pour transformer le conflit en lutte des classes. A bas les formules hypocrites des pacifistes bêlants et vive la guerre civile ! ».
Début 1917, Le Tsar Nicolas II étant incompétent pour sortir la Russie du marasme économique et social dans lequel elle végétait depuis si longtemps, les manifestations se multiplièrent et le 8 mars les ouvriers de Petrograd se mirent en grève. Cette fois-ci, les soldats plutôt que de tirer sur la foule, rejoignirent le camp de la population en se retournant contre leurs officiers et le régime autocratique Tsariste de Nicolas II.
Le 15 mars 1917, Nicolas II abdiqua ; et le Gouvernement Provisoire de Kerenski fut constitué.
Au moment où intervenait la Révolution Populaire Russe, la plupart des grands leaders Bolcheviques n’étaient pas présents en terre Russe : Lénine, Trotski, Zinoviev, Lounatcharski, etc., vivaient en Suisse, à Londres ou à Paris, Boukharine et Trotski à New-York, quant à Staline, Kamenev et Sverdlov, ils étaient en Sibérie.
Ce fut le branle bas de combat et tous (avec plus ou moins de difficultés), regagnèrent Petrograd.
Le problème pour Lénine était que pour rentrer en Russie, il lui fallait traverser l’Allemagne en guerre. Mais finalement pour des raisons stratégiques, les autorités Allemandes laissèrent donc traverser l’Allemagne à Lénine en train spécial, espérant que celui-ci déploierait une grande pagaille en Russie, ce qui aiderait l’Allemagne à gagner la guerre. De plus, les Allemands financèrent Lénine et le Parti Bolchevique afin qu’ils puissent intensifier leur propagande, notamment par l’intermédiaire de leur journal : la Pravda. Indirectement, l’Allemagne contribua donc financièrement à la mise en place du système Totalitaire Communiste de Lénine. Et même après le coup d’État, le financement Allemand perdura, comme en témoigne ce télégramme (page 258) :
« Cependant la prise du pouvoir ne tarit point les subventions allemandes. Ainsi, le 28 novembre 1917, le Sous-Secrétaire d’État Allemand télégraphiait à son ambassadeur à Berne : « Selon certaines informations, le gouvernement de Pétrograd se trouve aux prises avec de graves difficultés financières. Il serait bon par conséquent de lui envoyer de l’argent. »
En avril, la Pravda publia les « Thèses d’avril », dans lesquelles Lénine déclara clairement vouloir déclencher la Guerre Civile.
En Juillet 1917, les Bolcheviques tentèrent d’organiser une insurrection. Le 17 juillet les marins de Kronstadt et les manifestants se regroupèrent devant le Q.G. Bolchevique. Lénine prit de court, hésita et fit disperser le cortège. Ce fut un échec.
Le 19 juillet le Gouvernement Provisoire ordonna l’arrestation de Lénine, Zinoviev, Kamenev, etc.. Lénine et Zinoviev eurent juste le temps de s’enfuir en Finlande et Trotski, Kamenev et d’autres Bolcheviques furent emprisonnés.
En septembre, Kerenski se sentant menacé par un coup d’État du Général Kornilov, relâcha les Bolcheviques, Trotski et Kamenev, afin de compromettre le complot de Kornilov.
Le 3 octobre, Trotski fut élu Président du Soviet de Petrograd.
Après être rentré incognito à Petrograd, le 23 octobre Lénine réunit le Comité Central du Parti Bolchevique pour une très importante réunion consistant à voter POUR ou CONTRE : le coup d’État.
Les douze personnes présentes étaient donc : Lénine, Zinoviev, Kamenev, Staline, Trotski, Sverdlov, Ouritsky, Dzerjinski, Mme. Kollontaï, Boudnov, Sokolnikov et Lomov ; 10 votèrent POUR et deux CONTRE (Zinoviev et Kamenev).
A l’initiative de Trotski, le Soviet de Petrograd créa un Comité Militaire Révolutionnaire (C.M.R.), chargé d’organiser le coup d’État.
Le 6 novembre les Gardes Rouges prirent les points stratégiques de la ville : le central téléphonique, l’Hôtel des postes, et de nombreux édifices publics. Et le 7, des escouades de Bolcheviques armées cernèrent le Palais d’Hiver dans lequel se trouvait le Gouvernement Provisoire, ainsi que le Quartier Général de Kerenski. Ce dernier réussit à s’enfuir peu avant l’assaut.
Les ministres furent arrêtés et enfermés à la prison de la Forteresse Pierre-et-Paul.
Les Bolcheviques mirent en place immédiatement un nouveau Gouvernement, dont Trotski en improvisa le nom : le Soviet des Commissaires du Peuple ou Sovnarkom. Lénine était donc Président, Trotski Commissaire du Peuple aux Affaires Étrangères, Staline Commissaire du Peuple aux Nationalités, etc..
A partir de maintenant, le seul objectif de Lénine était de conserver le Pouvoir Absolu par tous les moyens de Terreur, afin d’appliquer son idéologie fanatique de « Dictature du prolétariat », sans se soucier le moins du monde des besoins et aspirations du Peuple Russe, comme le décrit David Shub (page 235) :
« La dictature n’étant pour lui que le prélude à la révolution mondiale, Lénine devait logiquement se servir de tous les moyens qui lui permettraient de garder le pouvoir. D’ailleurs la nature humaine, disait-il dans « l’État de la Révolution », est ainsi faite qu’elle a soif de soumission. Tant que le socialisme ne sera pas solidement instauré, le prolétariat aura besoin de l’État non pour établir la liberté, mais pour « écraser l’adversaire ». »
Entre avril et octobre 1917, les Bolcheviques n’avaient cessé de reprocher au Gouvernement Provisoire, l’ajournement de l’Assemblée Constituante. Et maintenant qu’ils détenaient le Pouvoir, les Bolcheviques étaient contraints de la convoquer, alors que Lénine avait compris, dès le coup d’État, qu’ils ne seraient pas majoritaires lors des élections prévues en novembre 1917.
Et ce qui devait arriver…, arriva, car le résultat fut le suivant (page 239) :
« Le scrutin se révéla encore plus désastreux qu’il ne le craignait. Sur 41 686 000 suffrages émis, les Bolcheviks n’obtinrent que 9 844 000 voix – soit moins du quart. Les Socialistes-Révolutionnaires en recueillirent 17 490 000 ; les partis socialistes d’Ukraine (alliés aux Socialistes-Révolutionnaires), 4 957 000 ; les Mencheviks, 1 248 000 ; le Parti Constitutionnel-Démocrate, 1 986 000 ; enfin, 3 300 000 voix environ se portèrent sur des candidats présentés par des partis musulmans ou d’autres minorités nationales. »
Dans ces conditions, Lénine ne voulait absolument pas convoquer l’Assemblée. Il tenta alors d’intimider des Députés et usa d’autres actions anti-Démocratiques, mais qui échouèrent.
L’Assemblée Constituante s’ouvrit donc le 18 janvier 1918 au Palais de Tauride, mais Lénine avait pris ses précautions si les évènements ne tournaient pas en la faveur des Bolcheviques, en faisant venir le régiment des fusiliers lettons, des escouades de marins de Kronstadt, les croiseurs Aurora et République ainsi que des bâtiments légers qui prirent position sur la Néva.
Lénine avait également anticipé la séance en préparant une « Déclaration des Droits des Classes exploitées » rédigée par Lénine, Staline et Boukharine. Cette déclaration stipulait bien évidemment, que : « tous les pouvoirs gouvernementaux devaient être remis au Comité exécutif central des Soviets, dominé par les Bolcheviks ». Bref, il s’agissait d’une très médiocre tentative de manipulation pour s’octroyer unilatéralement, le Pouvoir Absolu, rendant par conséquent caduque, l’objet même de l’Assemblée Constituante.
Les autres Partis ne votèrent évidemment pas ce texte crapuleux, et dès le lendemain les troupes en armes bloquèrent l’accès à L’Assemblée, et un décret du Sovnarkom (Parti Bolchevique) annonça la dissolution pure et simple de l’Assemblée Constituante.
Avec le coup d’État du 7 novembre 1917, il s’agissait du second symbole Démocratique institutionnel par excellence qui était à nouveau bafoué, en dissolvant par la force, l’Assemblée Constituante.
La Guerre Civile tant espérée par Lénine et Trotski, devenait tragiquement inéluctable !
D’ailleurs, en privé Lénine avoua ceci à Trotski (page 247) :
« Nous avons commis une faute en n’ajournant pas la convocation de la Constituante. Nous avons agi avec une très grande imprudence. Heureusement, les choses ont bien tourné. La dissolution de l’Assemblée constituante par le Gouvernement des Soviets signifie la liquidation complète et directe de l’idée de démocratie par celle de dictature. Cela servira de leçon. »
Après les négociations de Trotski avec les Autorités Allemandes, une paix « honteuse » fut signée à Brest-Litovsk entre la Russie et l’Allemagne, le 3 mars 1918. Paix « honteuse » car la Russie dut céder d’immenses territoires à l’Allemagne.
Mais au moins dorénavant, les Bolcheviques avaient les mains libres pour mener leur Guerre Civile impitoyable au nom de la « Dictature du prolétariat », contre leur PROPRE PEUPLE.
En effet, pour Lénine comme pour Trotski : Pouvoir Absolu rimait indissociablement avec Terreur de masse, comme le précise cet extrait (page 262) :
« Trotski rapporte que dans une proclamation des Bolcheviks il était dit que « quiconque aiderait ou secourrait un ennemi serait fusillé sur place. » Les Socialistes-Révolutionnaires ayant protesté, Lénine s’écria : « Mais non, c’est ça le vrai langage révolutionnaire ! Croyez-vous vraiment que nous puissions vaincre sans employer la terreur ? ». »
Puis, un jour lisant un rapport sur les combats contre les « contre-révolutionnaires », Lénine s’écria (toujours page 262) :
« Est-il impossible de trouver parmi nous un Fouquier-Tinville capable de mater les contre-révolutionnaires ! »
L’homologue de Fouquier-Tinville, Lénine le trouva en la personne du sadique Felix Dzerjinski. Cet autre sinistre personnage était le chef de la Tcheka, la Police Politique fondée par Lénine dès le 20 décembre 1917.
Dzerjinski fit, entre autres crimes de masse, ratisser Petrograd par la Tcheka, et toutes les nuits ses Tchékistes : perquisitionnaient, raflaient, interrogeaient, torturaient et exécutaient arbitrairement et sommairement, des soi-disant « ennemis du peuple ».
Voici un terrifiant « évènement » rapporté par Alexandre Naglovski, qui se déroula entre Lénine et Dzerjinski (pages 264 et 265) :
« Lénine avait l’habitude en séance d’échanger des notes avec ses collègues du Sovnarkom. C’est lors de la séance en question qu’il fit passer à Djerjinski une note ainsi conçue : Combien de lubriques contre-révolutionnaires avons-nous en ce moment en prison ? Djerjinski inscrivit le chiffre de 1 500. Lénine y jeta un coup d’oeil, marmonna quelque chose, fit une croix devant le chiffre et renvoya la note à Djerjinski… qui fit froidement exécuter le jour même les 1 500 prisonniers. Or, c’était un malentendu. Fotieva, le secrétaire de Lénine à l’époque expliqua à Naglovski que Lénine avait l’habitude de tracer une croix sur tous les documents qu’il avait lus ; mais Djerjinski n’avait pas hésité une seconde à l’interpréter comme une condamnation et il avait trouvé tout naturel de faire massacrer 1 500 personnes sans autre forme de procès. »
Au mois de mai 1918 fut instauré le Communisme de Guerre consistant à réquisitionner par la force, les récoltes agricoles des paysans et qui fut en grande partie responsable de la gigantesque famine de 1921 – 1922, faisant 5 000 000 de morts. La Tcheka avait comme autre mission : d’écraser les révoltes de paysans récalcitrants.
Ces révoltes grondaient dans tout le pays, la Guerre Civile battait son plein.
Au mois de juillet 1918, sans procès, Lénine fit fusiller dans une cave, l’ex-Tsar Nicolas II avec toute la famille impériale : sa femme, son fils, ses quatre filles et leurs serviteurs. Les corps furent brisés à coup de hache, puis brûlés.
Dans son fanatisme Idéologique Communiste, Lénine voyait des « ennemis » imaginaires partout, d’ailleurs voici deux télégrammes parfaitement révélateurs de cette paranoïa, symptomatique des systèmes Totalitaires (page 272) :
« Voici deux ordres datés d’août 1918 et signés : Lénine, Président du Sovnarkom :
« Formez de nouveaux gardes avec des hommes soigneusement triés qui devront user des moyens les plus violents vis-à-vis des koulaks, des prêtres et des Gardes Blancs. Internez tous les suspects dans un camp de concentration hors de la ville. Procédez sans délai et avisez-moi ». »
« Dans la répression des révoltes, confisquez sans pitié toutes les réserves de pain et jusqu’au dernier grain de blé. Choisissez dans chaque secteur des otages pris parmi les plus riches koulaks. Chargez-les de dépister, de concentrer et de délivrer les réserves aux autorités ; ils devront répondre sur leurs têtes de l’exécution de cette tâche. »
C’est assez clair. D’ailleurs dans sa polémique avec Karl Kautsky Lénine écrit : « On nous accuse d’avoir introduit la guerre civile dans les villages, nous serions plutôt disposés à nous en vanter. »
Le 30 août 1918, Fanny Kaplan tenta d’assassiner Lénine en lui tirant dessus.
Cet attentat contre Lénine déclencha un déchaînement de Terreur de la part des Bolcheviques. Dans les rues de Petrograd les gens étaient arrêtés de manière aléatoire par les Gardes Rouges. Toute personne ressemblant à un « bourgeois » était arrêtée, torturée et fusillée.
En seulement 5 jours, du 2 au 7 septembre, la Tcheka exécuta 512 « otages » uniquement à Petrograd.
Puis, le 5 septembre fut publié le décret sur la Terreur Rouge Bolchevique.
Dans toute la Russie, les Communistes exécutèrent des milliers de « suspects », « contre-révolutionnaires » et « otages » : enfants, femmes, vieillards, hommes.
Le plus rapidement possible, l’objectif général de Trotski et de Lénine était de Mondialiser la « Révolution Communiste ». Radek, un Bolchevique Soviétique, fut chargé par Lénine de mener une insurrection en Allemagne avec le chef des Spartakistes (Communistes Allemands), Karl Liebknecht, en janvier 1919. Cette insurrection échoua et les deux grands responsables du Parti Communiste Allemand, Rosa Luxembourg et Liebknecht y trouvèrent la mort. Entre 1919 et 1923, il y eut trois tentatives de putsch en Allemagne, mais sans succès…
En mars 1919, ce fut ensuite la Hongrie dans laquelle Bela Kun tenta d’instaurer une dictature Communiste…, nouvel échec.
Pour donner un cadre « institutionnel » à l’expansion Mondiale du régime Totalitaire Communiste, Lénine et Trotski fondèrent lors de son 1er Congrès en mars 1919 : l’Internationale Communiste ou 3ème Internationale nommée également Komintern.
D’autres tentatives de putschs eurent lieux en 1919 et 1920 : en Pologne, à Vienne, en Tchécoslovaquie ; mais toutes échouèrent.
Lors du 2ème Congrès en 1920, l’Internationale Communiste adopta les « 21 conditions » nécessaires à son adhésion par les États membres.
Tragiquement, après les échecs du début, les décennies suivantes furent celles de la « réussite » de l’hégémonie du Totalitarisme Communiste par le Komintern, à travers de nombreux pays de la planète…
Après que le Pouvoir Communiste ait mis à feu et à sang, l’ensemble de la Russie dans une Guerre Civile d’une barbarie innommable, l’Armée Rouge de Trotski finit par « gagner » cette terrible Guerre Civile, contre les Armée Blanches et Vertes. Les derniers soulèvements furent écrasés dans les régions de Samara en juillet 1920, dans celles de la Basse-Volga et d’Omsk. Le summum de la barbarie eut lieu dans la région de Tambov en Russie centrale où les deux organes de répression : l’Armée Rouge de Trotski ET la Tcheka de Dzerjinski se mirent de concert, pour anéantir totalement cette insurrection.
Restait alors le dernier grand bastion de résistance encore capable de faire trembler le Pouvoir Communiste : celui des marins de Kronstadt.
Ces derniers avaient aidé les Bolcheviques à fomenter la tentative de putsch de juillet 1917, ainsi que le coup d’État « victorieux » du 7 novembre.
Mais le 1er mars 1921, les marins de Kronstadt se révoltèrent et 15 000 hommes mirent en demeure le Gouvernement Communiste d’organiser de nouvelles élections, de rétablir : la liberté de parole et de la presse, la liberté de réunion pour les syndicats ouvriers ; d’abolir les réquisitions forcées de blé et de rétablir ainsi le libre marché. Depuis la mi-février 1921, les ouvriers de Petrograd s’étaient joint aux revendications des marins de Kronstadt. Les grèves se développèrent dans les arsenaux et les divers établissements de la ville.
Zinoviev proclama la loi martiale et le lock-out des usines en grèves et fit disperser les cortèges et manifestations, par les cadets de l’Armée Rouge.
Les marins, les ouvriers et les paysans qui étaient acquis aux Bolcheviques entre mars et octobre 1917, puisque les Communistes leur avaient promis : « la paix, du pain et le liberté », se révoltaient désormais contre ce Pouvoir Criminel, Terroriste et Totalitaire ayant appliqué totalement l’inverse de ses promesses (c’est le moins que l’on puisse dire !).
Les ouvriers rejoignirent l’île de Kronstadt isolée l’été, mais accessible par les glaces l’hiver.
Zinoviev inquiet face ce soulèvement télégraphia à Moscou pour demander du renfort.
Trotski envoya sur place le Général Toukhatchevski.
Le 6 mars, ce dernier prépara une troupe d’élite de 60 000 hommes, et Trotski fit afficher un dernier ultimatum sur les murs de Kronstadt.
Le 6 au soir, les avions bombardèrent Kronstadt, le 7, l’artillerie lourde des canons des bâtiments de guerre ouvrit le feu, et le 8, ce fut l’assaut par des régiments de l’Armée Rouge et des mitrailleurs de la Tcheka ; ces derniers spécifiquement chargés de réprimer toute tentative de désertion. La Tcheka fusilla 1 déserteur sur 5 à titre d’ »exemple ». Ce fut une véritable boucherie de masse, les glaces autour de Kronstadt devinrent rouge sang. Tout se termina le 16 mars 1921, dans un bain de sang faisant des milliers de victimes.
Voici ce que reconnaissait Toukhatchevski lui-même, après la répression (page 308) :
« J’ai fait le guerre pendant cinq ans, écrivit plus tard Toukhatchevski, mais jamais je n’avais assisté à un pareil massacre. C’était un véritable enfer. Les marins se battaient comme des lions ; on se demandait où ils puisaient tant de force et tant de rage. Il fallut enlever chaque maison une à une. »
Une foultitude de prisonniers furent abattus sur place et des milliers d’autres envoyés en camps de concentration.
En effet, les premiers camps de concentration avaient été ouverts dès août 1918, sur la demande expresse de Trotski et sur ordre de Lénine. Trotski avait promis la barbarie et il appliqua cette terrible promesse à la lettre.
Après 5 années d’étouffement du Peuple Russe, Lénine mit en place provisoirement sa Nouvelle Économie Politique (N.E.P.) au printemps 1921, en réinstaurant partiellement le commerce privé et la propriété privée, afin de relancer l’économie. Mais l’État conservait le contrôle total des industries et des transports. Bref, il s’agissait d’une pâle imitation du, si détestable (selon le Pouvoir Communiste) système…, Capitaliste !
Mais la Terreur Rouge Communiste, elle, était tragiquement toujours d’actualité.
En 1922, Lénine nomma Staline Secrétaire Général du Parti Communiste d’Union Soviétique (P.C.U.S.). Il lui remit en quelque sorte les « clefs de la boutique ». Et fort « logiquement », Staline perpétua et développa le Système Totalitaire Communiste réel, qu’ils venaient tous ensemble de mettre en place.
Lénine décéda le 21 janvier 1924, et tous les Partis Communistes de la planète appliquèrent par la suite, le corpus Idéologique de Lénine, qui désormais devait se nommer : le Marxisme-Léninisme.
En conclusion :
Tout chez Lénine relevait d’un manichéisme absolu, d’où sa célèbre tirade : « Qui n’est pas avec nous est contre nous ».
Dans le même style, il disait également (page 316) :
« Notre morale, dit-il à l’occasion d’un rassemblement des Jeunesses communistes, est entièrement subordonnée aux intérêts de la lutte du prolétariat. Tout ce qui peut contribuer à anéantir l’ancienne société et à réaliser l’union du prolétariat est moral ».
L’horreur absolue du système Totalitaire Communiste réel, avait désormais posé ses fondations sur les cadavres d’environ 10 000 000 de Russes innocents civils et militaires ; morts dans une violence psychologique et physique indescriptible. Et ceci n’était que le prélude à une tragédie qui dura…, jusqu’en 1991 en U.R.S.S., et qui perdure toujours aujourd’hui : en Corée de Nord, en Chine, à Cuba, au Vietnam…
Après toute cette démonstration d’intolérance et de haine…, bref d’INHUMANITE, je laisse le paragraphe de fin à David Shub qui résume parfaitement le fanatisme et le cynisme de l’ignoble personnalité de Lénine (pages 318 et 319) :
« Pour lui la Russie était le laboratoire qui devait lui permettre d’expérimenter la révolution sur une grande échelle ; le bonheur du peuple passait après. Qu’une expérience de ce genre entraînât d’immenses sacrifices, c’était inévitable et sans grande importance ; après tout, la pitié n’est qu’une conception bourgeoise. Lénine qui adorait les enfants, les animaux et la nature n’a presque jamais levé le petit doigt poux sauver une vie humaine ; lorsque Gorki essayait d’intervenir en faveur de quelque victime de la Tchéka, il lui répondait d’un ton impatient : « Mais pourquoi perdre son temps à des détails ? Ne voyez-vous pas quel tord vous vous faites aux yeux de nos camarades ouvriers ? ». »
Confer également, l’excellent ouvrage de Hélène Carrère d’Encausse : « Lenine ».
Détails sur Lénine
Auteur : David Shub
Editeur : Gallimard
Nombre de pages : 344
Isbn : 978-2070352692