Dans les années 30, un jeune écrivain et journaliste allemand, Otto Rahn, séjourne à Ussat, dans le Sabarthès, région un peu reculée de l’Ariège. Il y rencontre un certain Antonin Gadal qui l’initie au catharisme et le fait participer à ses recherches dans les nombreuses grottes de la vallée. Pour les deux hommes, Montségur est le château du Graal. Il a même inspiré Wagner qui, en réalité, n’y est jamais venu. Quant aux grottes, sur les parois desquelles Rahn va jusqu’à dessiner de fausses inscriptions pour étayer sa thèse, elles n’ont jamais servi de refuges ou de temples secrets aux « Parfaits ». Rahn prend un petit hôtel en une gérance qui se révèle calamiteuse avant de disparaître mystérieusement pour échapper aux foudres de la justice…
Le livre du journaliste-écrivain spécialiste des histoires de nazis Christian Bernadac est un ouvrage historique de grande qualité. Disposant dans sa propre famille de personnes ayant côtoyé Otto Rahn, il a pu avoir accès à une très importante documentation sur son séjour en France. Sa disparition, sa mort sur un glacier des Alpes autrichiennes et sa réapparition dans la peau d’un diplomate restent problématiques. Qui fut réellement Otto Rahn ? Un simple hurluberlu influencé par Gadal, le « pape » du catharisme, en réalité simple responsable du syndicat d’initiative de la petite commune d’Ussat et donc en quête d’un peu de publicité, fut-elle au prix d’entorses à la vérité historique ? Fut-il un espion, un agent de la fameuse cinquième colonne surtout intéressé par les infrastructures techniques (centrales hydroélectriques) ou militaires de la région ? Quels furent ses rapports réels avec les nazis ? Cette somme très technique et très documentée, d’où une lecture un peu laborieuse, tente d’y répondre avec honnêteté, même si de grands pans de la vie du personnage restent dans l’ombre. Elle permet également de tordre le cou à toutes sortes d’idées reçues et de contre-vérités plus fumeuses les unes que les autres sur l’histoire des Cathares. Et cet aspect des choses est certainement le volet le plus intéressant de cet ouvrage.
3,5/5
Le mystère Otto Rahn (Christian Bernadac)