L’incroyable témoignage très détaillé d’un survivant des camps de concentration du Goulag, Aron Gabor, dans l’un des plus grands pays esclavagistes de l’Histoire de l’Humanité : l’U.R.S.S. (environ 20 MILLIONS de Russes innocents sont passés par le Goulag, et plusieurs MILLIONS y sont morts) !
Aron Gabor, Hongrois d’origine, et Secrétaire général de la Croix-Rouge Hongroise, tombe dans un piège à Budapest lors d’une invitation de l’ambassadeur d’URSS en 1945. En fait, il est séquestré puis kidnappé, emprisonné, interrogé et condamné à mort par les autorités Soviétiques.
En 1948 sa peine est commuée à 5 ans d’enfermement, il est alors déporté en wagon à bestiaux au camp de concentration du Kouzbaslag en Sibérie.
Là, il se trouve plongé dans l’enfer gelé de la Taïga Sibérienne par -40° ; revenu au niveau des conditions de survie de l’homme de Cro-Magnon.
Autour de lui, c’est une véritable hécatombe, les zeks (prisonniers) meurent :
– Aux travaux forcés : écrasés par des troncs d’arbres pendant leurs abattages, ou broyés entre les billes de bois lors des travaux de flottage ;
– De maladies : typhoïde, malaria, dysenterie, etc. ;
– D’épuisement ;
– De froid : gelés ;
– Fusillés ;
– Suicidés ou automutilés afin d’éviter les travaux forcés ;
– De faim : contre un travail de forçat, ils ne reçoivent que quelques centaines de grammes de pain par jour ;
– Etc.
Entre autres, l’auteur nous décrit un exemple des inhumaines conditions de survie dans le fin fond de la Taïga Sibérienne, page 246 :
« Ces hommes recommencent leur vie et ne considèrent rien d’autre que ce qui leur permet d’améliorer leur situation. Le diamètre de leur vie est de cinq mètres : le feu. Il sèche les vêtements, donne de la chaleur pour la nuit, pourrait cuire les pommes de terre et le poisson, mais le lièvre aussi, tout ce qu’il faudrait, juste un fil de fer selon Yakoute. Un point de vue d’homme de Cro-Magnon ?
C’est le seul point fixe, si tu le dépasses, rien qui de ce qui a constitué ton ancienne vie, d’une civilisation supérieure, ne pourra te sauver. En cinq jours, nous avons reculé de cinq mille, cinquante mille ans. Nous sommes actuellement au point de départ : le feu, le poisson, le gibier, les racines. Le début de l’existence de l’être humain. Qu’on allume le feu avec des allumettes ne fausse pas le tableau, car Yakoute peut le faire sans ça en cinq minutes. L’essentiel est que nos désirs doivent se limiter aux possibilités que nous offre notre environnement immédiat. Est-ce que tu as entendu aujourd’hui ou hier une seule remarque sur le fait que la forêt, désert frigorifié, est aussi abjecte que les fours crématoires de Hitler ?
Personne n’a parlé, pourtant eux, ils savent mieux que nous que nous sommes assis à seulement quelques mètres de la mort, par moins quarante degrés. Pas un seul n’affirme que c’est un acte honnête d’envoyer des centaines d’hommes dans la forêt gelée, mais ils ne discutent pas. Ils enregistrent qu’ils sont ici et ne peuvent pas aller plus loin que les traces de ski et les miradors. C’est leur espace vital. Pourquoi c’est ainsi ? En ce moment, la question n’a aucune importance et chercher la réponse équivaut à se demander pourquoi il ne fait pas chaud en Sibérie ».
15 ans après son arrestation, Aron Gabor finit par réussir à rentrer en Hongrie en 1960, puis à Munich pour y écrire en 1968 cette formidable oeuvre témoignage, avant de mourir en 1982.
Au point de vue idéologique, on retrouve cette ignoble utopie du totalitarisme communiste, qui consiste à dire que pour construire le communisme « le bonheur de l’humanité », il faut éradiquer l’ancien monde : bourgeois, capitaliste, impérialiste ; c’est-à-dire rééduquer ou exterminer le « peuple ancien » afin de créer le « peuple nouveau ».
Pour réaliser cette IDEOLOGIE, ce régime considère que la vie humaine n’a plus aucune valeur.
A la page 176, Aron Gabor présente simplement la distinction de degré despotique entre la dictature et le totalitarisme :
« Les dictateurs sont des novices à côté d’eux. Le dictateur sait qu’il fait du mal, c’est en toute connaissance de cause qu’il fait souffrir le peuple. Mais les libérateurs dont je parle croient qu’ils font le bien, servent le bonheur de l’humanité, veulent la liberté. Ceux-là sont terribles. Il n’existe pas de parade contre eux. La morale, le croyance, l’idéologie sont leurs remparts ».
Confer également les précieux témoignages sur le thème du Totalitarisme, de :
– Alexandre Soljénitsyne (L’archipel du Goulag) ;
– Alexandre Soljénitsyne (Une journée d’Ivan Denissovitch) ;
– Jacques Rossi (Qu’elle était belle cette utopie !) ;
– Jacques Rossi (Le manuel du Goulag) ;
– Evguénia S. Guinzbourg (Le vertige Tome 1 et Le ciel de la Kolyma Tome 2) ;
– Margarete Buber-Neumann (Déportée en Sibérie Tome 1 et Déportée à Ravensbrück Tome 2) ;
– Iouri Tchirkov (C’était ainsi… Un adolescent au Goulag) ;
– Boris Chiriaev (La veilleuse des Solovki) ;
– Malay Phcar (Une enfance en enfer : Cambodge, 17 avril 1975 – 8 mars 1980) ;
– Sergueï Melgounov (La Terreur rouge en Russie : 1918 – 1924) ;
– Zinaïda Hippius (Journal sous la Terreur) ;
– Jean Pasqualini (Prisonnier de Mao) ;
– Kang Chol-Hwan (Les aquariums de Pyongyang : dix ans au Goulag Nord-Coréen) ;
– Varlam Chalamov (Récits de la Kolyma) ;
– Lev Razgon (La vie sans lendemains) ;
– Pin Yathay (Tu vivras, mon fils) ;
– Ante Ciliga (Dix ans au pays du mensonge déconcertant) ;
– Gustaw Herling (Un monde à part) ;
– David Rousset (L’Univers concentrationnaire) ;
– Joseph Czapski (Souvenirs de Starobielsk) ;
– Barbara Skarga (Une absurde cruauté) ;
– Claire Ly (Revenue de l’enfer) ;
– Primo Levi (Si c’est un homme) ;
– Primo Levi (Les naufragés et les rescapés : quarante ans après Auschwitz) ;
– Harry Wu (LAOGAI, le goulag chinois) ;
– Shlomo Venezia (Sonderkommando : Dans l’enfer des chambres à gaz) ;
– Anastassia Lyssyvets (Raconte la vie heureuse… : Souvenirs d’une survivante de la Grande Famine en Ukraine) ;
– François Ponchaud (Cambodge année zéro) ;
– Sozerko Malsagov et Nikolaï Kisselev-Gromov (Aux origines du Goulag, récits des îles solovki : L’île de l’enfer, suivi de : Les camps de la mort en URSS) ;
– François Bizot (Le Portail) ;
– Marine Buissonnière et Sophie Delaunay (Je regrette d’être né là-bas : Corée du Nord : l’enfer et l’exil) ;
– Juliette Morillot et Dorian Malovic (Evadés de Corée du Nord : Témoignages) ;
– Barbara Demick (Vies ordinaires en Corée du Nord) ;
– Vladimir Zazoubrine (Le Tchékiste. Récit sur Elle et toujours sur Elle).
Détails sur Le cri de la Taïga
Auteur : Aron Gabor
Editeur : Editions du Rocher
Nombre de pages : 701
Isbn : 978-2268052410