Si l’on ne connaît pas Pierre Magnan, on peut commencer à le découvrir par le dernier livre qu’il vient d’écrire, et qu’il qualifie lui-même de chant du cygne.
Car c’est une somme qu’il nous propose là. Il arpente son terroir bien-aimé de bas-alpin en élargissant son horizon aux siècles passés, et dont un chêne majestueux devient le repère temporel.
La peste de 1349 à Manosque ouvre le bal macabre d’une intrigue qui mêle les chevaliers du Temple, une famille d’antique noblesse, et la magie des abords de Forcalquier dans une fresque tourbillonnante où le sagace romancier livre à travers ses personnages sensuels, des leçons de vie bien méditées.
Pour ceux qui connaissent et aiment le Pierre Magnan du Grison d’Arcadie ou des enquêtes de l’inspecteur Laviolette, ils ne retrouveront pas la densité des tranches de vie disséquées par un esprit sans illusions sur l’âme de ses contemporains. S’ils lisent ce livre comme celui d’un auteur inconnu, ils ne bouderont pas leur plaisir et se plongeront plus tard, avec délices dans La Naine ou Les courriers de la mort…
Chronique d’un château hanté
Pierre Magnan
Editeur Denoël 2008
Étiquettes : Forcalquier, Moyen-Age, peste, Pierre Magnan
et si le lecteur lisait cette chronique comme la présente l’auteur: « un chant du cygne »,…
si le lecteur était seulement capable d’entendre ce que l’écrivain, au crépuscule, veut tenter de transmettre, trouve t-on dans la dernière fugue inachevée de Bach, ce qu’il nous offrait dans son oratorio de Noël?
les livres sont aussi les témoins d’un chemin de vie, et même si ce chemin arpente les mêmes lieux: les collines dans la violence sauvage d’un environnement hanté par l’angoisse, l’angoisse ici se mêle à celle du quotidien, l’angoisse du risque de l’inachèvement du livre.