A Londres, à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, H.G. Wells, vieil écrivain malade et passé de mode, survit alors que les V1 s’écrasent alentour occasionnant incendies et ravages. Le grand auteur n’a pas voulu se réfugier dans son manoir à la campagne. Il se remémore son incroyable parcours. Issu d’un milieu très modeste, il fut apprenti dans le textile, puis enseignant. De santé fragile, il se tourna très vite vers le journalisme et la littérature. Son premier roman « La machine à remonter le temps » rencontra immédiatement un immense succès, ce qui, très vite, lui assura aisance et admiration de la gent féminine. Visionnaire, il avait annoncé avec plus d’un demi-siècle d’avance, la montée des totalitarismes, la guerre aérienne et même la bombe atomique.
Cette biographie, particulièrement précise et bien documentée, s’articule sur trois axes. Tout d’abord l’oeuvre du célèbre romancier, ami de G.B. Shaw et Henry James, qui fut un écrivain aussi célèbre que prolifique et ne se cantonna nullement à l’anticipation et à la SF (« La guerre des mondes ») car il aborda pratiquement tous les genres : roman social, sentimental, politique et même vulgarisation scientifique et encyclopédique. Ensuite la politique : anarchiste, athée, libertin et anticlérical, Wells fut un membre influent de la Société Fabienne, creuset aristocratique du socialisme anglais, avant de se retrouver rejeté car minoritaire en raison de ses idées trop en avance pour son temps. En effet, il appelait de ses voeux le socialisme intégral avec redistribution de toutes les richesses, la création d’une société des nations, un gouvernement mondial et plaidait pour la libération de la femme par l’amour libre bien avant mai 68. Et enfin, le sexe, omniprésent dans cet ouvrage. Wells, marié deux fois avec des femmes qui ne le satisfaisaient pas sur ce plan, fut un séducteur compulsif et impénitent, eut une collection incroyable de maîtresses toutes belles, vierges et très jeunes. Oeuvre intéressante pour qui s’intéresse à Wells quoiqu’un peu indigeste, monotone et manquant singulièrement de la légèreté, de la drôlerie et de l’humour promis en quatrième de couverture et qui pourtant ne manquent pas dans les autres titres de Lodge.
Citation : « Le sexe pour Wells était idéalement une forme de récréation, comme le tennis et le badminton, quelque chose que l’on faisait quand on était venu à bout d’une tâche, pour se défouler et exercer un moment son corps plutôt que son esprit… »
3,5/5
Un homme de tempérament (David Lodge)Étiquettes : sexe