Robert Conquest est un historien britannique de réputation mondiale puisqu’il est celui qui a publié deux grands ouvrages sur la Terreur Stalinienne qui sont édités de nos jours, en un seul et même volume, nommé : « La Grande Terreur : les purges Staliniennes des années 30, précédé de Sanglantes Moissons : la collectivisation des terres en URSS. »
Dans ce livre : Le Féroce XXe siècle : Réflexions sur les ravages des idéologies, l’auteur présente une rétrospective, entre autres, des deux grandes Idéologies Totalitaires du 20ème siècle : le Communisme et le Nazisme.
Etant donné qu’il est difficile de résumé un ouvrage d’analyses comme celui-ci, je me propose plutôt de partager quelques réflexions particulièrement intéressantes.
D’abord, Robert Conquest fait un retour dans le passé, pour essayer de comprendre la genèse de ces deux Totalitarismes.
Il propose comme source de la violence et de la Terreur : l’IDEE. En effet, le pseudo-intellectuel fanatique prend le pouvoir par la force avec comme principal objectif, l’application stricto sensu de l’Idée (ou Idéologie) en tant que Pensée Unique. Il déploie alors TOUS les moyens de Terreur dont il dispose pour son exécution, engendrant donc les exterminations de masse.
L’auteur résume très bien cette « nécessité » pour les Révolutionnaires professionnels, de violenter la société au nom du dogme qu’ils imposent par le Terrorisme, pages 22 et 23 :
« Les révolutionnaires croyaient qu’il était dans la nature des choses d’utiliser la dictature et la terreur pour le bien de l’humanité, de la même manière que les prêtres aztèques pensaient qu’ils avaient parfaitement raison d’extraire le coeur de milliers de victimes, puisque, s’ils ne l’avaient pas fait, le soleil serait parti, ce qui aurait représenté une catastrophe encore pire pour l’humanité. Dans les deux cas, les moyens sont acceptables, puisqu’ils sont inévitables. Du moins, si la théorie est correcte… »
Puis il complète, pages 96 et 97 :
« Pour plusieurs raisons, le despotisme révolutionnaire se trouve, tôt ou tard, dans l’obligation d’instaurer une terreur à une échelle sans égale. D’abord, une dictature extrémiste mettant en oeuvre un programme de destruction de classes ou de races tout entières doit nécessairement compter sur un plus grand niveau de terreur qu’un simple régime « réactionnaire ». Mais il convient également de tenir compte d’un point plus important : un régime révolutionnaire extrême parvient d’ordinaire au pouvoir lorsque son prédécesseur s’est aliéné les classes pensantes pendant toute une période où s’est développé leur esprit critique. Or, le but de la révolution étant d’instaurer le règne d’une théorie infaillible, censée conduire l’histoire à son terme prédestiné, il est obligatoire de faire taire toute critique en provenance de la société, ce qui implique de la ramener à une situation où il lui est impossible d’exercer un jugement contre l’Etat. Conceptuellement, il s’agit là d’une tâche très difficile, qui passe par la destruction des attitudes dont la révolution s’est servie pour renverser l’ancien pouvoir. Elle ne peut être menée à bien que par l’utilisation massive de la terreur contre la classe révolutionnaire elle-même. »
Donc, Robert Conquest explique fort bien, que finalement le prolétariat n’était qu’un prétexte pour renforcer et donner un habillage à la mise en place de l’Etat Totalitaire Communiste, page 105 :
« Le pouvoir du prolétariat n’était qu’un nom de code pour la dictature émergente du parti. »
D’ailleurs, les ouvriers qui s’opposaient au régime Bolchevique (Communiste) étaient systématiquement : déportés en camps de concentration ou massacrés comme tous les autres, page 160 :
« En 1918, les usines votèrent pour les mencheviks et d’autres partis non bolcheviques et lancèrent des grèves massives que Lénine réprima « impitoyablement », selon ses propres mots, alors que d’importants soulèvements ouvriers avaient pour cadre plusieurs villes industrielles. Et, en 1921, les ouvriers de Petrograd firent cause commune avec la révolte de Cronstadt. »
Puis, Robert Conquest propose : l’ignorance, comme composante essentielle à toutes tragédies, synthétisant cette notion, page 34 :
« Comme nous l’avons dit, les erreurs intellectuelles sont généralement provoquées par l’ignorance du fait que l’homme est à la fois un individu et un être social. »
Il démontre également que l’Idéologie Marxiste-Léniniste, est fondée sur les FAUSSES théories de Marx ; erreurs largement confirmées depuis, principalement par la « survivance » effective du système Capitaliste, comme décrit, pages 59 et 60 :
« Dans Le Capital, il explique qu’il a découvert les « lois naturelles » de la production capitaliste, ajoutant que « ces lois mènent d’une manière implacable vers des résultats inévitables ». Et le marxisme de Marx est réellement une théorie scientifique, dans le sens où il est possible de prouver la fausseté de ses prédictions : par exemple, qu’avec l’augmentation du rapport entre le capital et le travail dans la production, les bénéfices devraient (forcément) chuter et les salaires diminuer ; que le capitalisme constituerait une contrainte à la production ; que des pays industriels se polariseraient de manière croissante entre un groupe restreint de capitalistes et un énorme prolétariat de plus en plus pauvre ; et que celui-ci devrait renverser ceux-là dans une révolution. Ces prédictions de Marx n’étaient pas des suggestions aléatoires, mais des déductions rigoureuses de son analyse d’ensemble des travaux sur le système capitaliste. »
Toujours, page 60 :
« Le problème principal du marxisme réside, en fait, dans la fameuse théorie de la « plus-value ». Elle ne possède aucun fondement clair. Le bénéfice peut être aussi facilement défini comme un produit du capital, ou de la conjonction du capital et du travail. »
(…) « En réalité, ce n’était qu’une manière de donner un habillage scientifique et une forme doctrinale à l’idée simple que les riches volent les pauvres. Désormais, un Doktor allemand l’avait prouvé. »
L’auteur fait ensuite le parallèle entre la volonté déterminée de l’extermination de catégories d’êtres humains, en comparant les deux Totalitarismes, page 108 :
« Grossman, lui-même juif et le principal auteur soviétique sur l’Holocauste, établit une analogie avec le comportement des nazis à l’égard des Juifs. Une activiste communiste explique : « Je me disais à l’époque : « Ce ne sont pas des gens, ce sont des koulaks. » (…) Qui a inventé ce mot « koulak », de toute façon ? Est-ce vraiment un terme ? Quelle torture leur a été infligée ! Pour les massacrer, il était nécessaire de proclamer que les koulaks n’étaient pas humains. De même que les Allemands proclamaient que les Juifs n’étaient pas des hommes, Lénine et Staline ont proclamé : « Les koulaks ne sont pas des êtres humains ». »
De nombreux autres thèmes sont abordés par Robert Conquest, comme : la Guerre Froide, l’Europe…
Un ouvrage de réflexions donc, dans lequel l’auteur constate que, malheureusement, l’IDEE a continué à sévir dans la seconde moitié du 20ème siècle.
Et comme les tragédies de l’Histoire ne servent dramatiquement pas de leçons, l’IDEE sous d’autres masques, poursuit son sinistre chemin, inexorablement, dans notre 21ème siècle…
Confer également, l’autre tout aussi passionnant ouvrage de Robert Conquest sur le même thème : « La Grande Terreur : les purges Staliniennes des années 30, précédé de Sanglantes Moissons : la collectivisation des terres en URSS. »
Détails sur Le Féroce XXe siècle. Réflexions sur les ravages des idéologies
Auteur : Robert Conquest
Editeur : Editions des Syrtes
Nombre de pages : 319
Isbn : 978-2845450332