Il était une fois un homme du Nord qui rencontra une femme du Sud quelque part dans les confins glacés de l’Antarctique. Tous deux tombèrent immédiatement amoureux mais une sorte de champ magnétique contraire les empêchait de pouvoir s’approcher à moins de trente centimètres l’un de l’autre. Alors pour profiter d’un semblant de contact, chaque nuit, ils échangeaient leur place dans le lit pour sentir quand même la chaleur et le parfum de l’autre. Et chaque jour, l’homme du Nord racontait une histoire à la femme du Sud. Il commençait toujours par celle des trois sœurs qui se disputaient le droit de s’occuper d’un bébé trouvé dans un couffin sur la banquise…
Cette « Encyclopédie des débuts de la terre » n’en est pas vraiment une. Ce n’est pas non plus une suite de contes et légendes comme pourrait le laisser supposer la présentation d’ensemble mais un simple « roman graphique », presque un grand conte inspiré par quelques grands textes faciles à reconnaître au passage. Isabel Greenberg s’est livrée à une relecture de l’Odyssée et s’est surtout énormément inspirée de la Bible puisqu’on retrouvera au fil des pages les histoires de Moïse, de Caïn et Abel, de l’arche de Noé, de la tour de Babel et même de Jonas et la baleine. Tout le travail de l’auteure a consisté à les adapter, à les revisiter et à les transformer de fond en comble sans en dénaturer l’esprit. Le lecteur qui s’attend plutôt à un travail sur les contes et légendes nordiques et sera pour ses frais. Le graphisme est séduisant par sa simplicité naïve proche du minimalisme ou du trait enfantin, toujours en noir et blanc, sans fioritures, avec parfois une petite touche de couleur très discrète. Les visages ronds et inexpressifs sont également interchangeables. Un agréable ouvrage plein de rêve, de poésie, de mythologie retravaillée, d’amour, d’humour et d’humanité. On appréciera également la qualité de la présentation éditoriale de ce bel album à forte couverture cartonnée.
4/5
L’encyclopédie des débuts de la terre (Isabel Greenberg)