En 2002, enthousiasmé par la lecture des « Cavaliers » de Joseph Kessel, le jeune Louis Meunier, frais émoulu d’une grande école de commerce, décide de partir à l’aventure en Afghanistan plutôt que de se lancer dans le monde impitoyable des affaires. Employé par une ONG, il commence à découvrir le pays à Kaboul puis à Maïmaya, tout au nord du pays, aux confins du Turkménistan. Il est ébloui par la beauté des paysages et saisi par la dignité farouche de ses habitants. Il découvre un jeu (ou un sport équestre) ancestral, le « buzkashi », sorte de tournoi dans lequel s’affrontent des cavaliers qui doivent s’emparer d’une carcasse de veau bourrée de sable pour aller la jeter dans un « cercle de justice » et marquer le point. Tous les coups, même les plus rudes et les moins fair-play, sont autorisés. Les parties sont d’une violence et d’une sauvagerie si envoutantes que Louis Meunier n’aura de cesse de vouloir être le premier européen apte à y participer quel qu’en soit le prix à payer.
Témoignage aussi surprenant que saisissant, « Les cavaliers afghans » ne peuvent pas laisser indifférent tant y souffle un grand vent de passion et de liberté. Il nous fait partager, au fil de voyages et de périples mémorables en des lieux où aucun touriste ne se risque (et pour cause !), toutes ses découvertes dans un pays à la fois conforme aux clichés véhiculés par les médias (talibans, drogue, burka et guerres tribales) et également fort différent (mentalité aussi moyenâgeuse que chevaleresque, accueil de l’étranger mais aussi loi du plus fort et esprit clanique n’admettant aucune influence venue d’ailleurs). Jamais colonisé, l’Afghan est resté un peuple fier et intransigeant sur ses moeurs et ses valeurs. Au fil de pages qui se dévorent comme celle d’un excellent roman (et même mieux car tout ce qui est raconté est authentique), le lecteur découvrira qu’avec le temps et la dégradation des rapports entre les locaux et les occidentaux (américains principalement), le coup de foudre pour ce pays attachant puis la belle histoire d’amour équestre et humaine va malheureusement se déliter avant de devenir de moins en moins possible. Accueillis comme des libérateurs, les Occidentaux sont lentement passés au statut d’occupants avec le rejet et la résistance qui l’accompagne, ce qui désole Meunier bien évidemment… Un magnifique livre à lire absolument si l’on veut en savoir un peu plus sur l’Afghanistan et sur une discipline qui n’a rien à voir avec le concours complet ou avec le Derby d’Epsom…
4,5/5
Les cavaliers afghans (Louis Meunier)