Dans la Brenne, territoire marécageux du Berry, la belle, libre et séduisante Virginie se consacre à plein temps à son élevage de chevaux de courses. Célibataire endurcie, elle vit sur sa grande propriété, « la Fosse aux louves » avec Hélène, sa mère et ses deux filles et ne laisse rien à espérer à Alexandre, son ami voisin et amouroux platonique de toujours. Fin cavalier, le pianiste de renommée mondiale Tristan de l’Escuyer est un passionné de dressage alors que sa fille Elise, amie et voisine l’été, préfère nettement le saut d’obstacles. Paresseux et alcoolique, Antoine Vauriacourt tire le diable par la queue sur sa petite propriété qui lui semble ridicule par rapport aux 500 hectares de celle de Virginie. Il n’en faut pas plus pour exacerber sa jalousie, son envie et sa haine…
« La fosse aux louves » se classe naturellement dans la catégorie des romans de terroir ne serait-ce que par son enracinement dans la campagne berrichonne, par son cadre équestre (le lecteur apprendra certaines choses sur le dressage en douceur, le fameux murmure à l’oreille des chevaux) et par les problèmes de gestion des petites ou grandes exploitations agricoles. Mais il peut également relever du roman noir, social et même naturaliste avec son intrigue magnifiquement bâtie autour d’une sombre affaire d’héritage avec passions exacerbées, secrets de famille et machination bien crapuleuse. Dans cette campagne profonde, les haines fermentent, les passions rancissent, les amours déçues se transforment en haines mortelles. Tout cela est magnifiquement décrit. L’auteur ne tombe jamais ni dans le pathos, ni dans le manichéisme, ni dans le convenu. Il sait dépeindre avec une grande finesse psychologique des caractères tranchés et souvent ambigus. Sa plume est si alerte, son style si fluide, son histoire si prenante et ses personnages (surtout les femmes bien entendu) si attachants que le lecteur a dévoré l’ouvrage d’une traite et n’a pas pu aller se coucher avant de savoir le fin mot (très surprenant) de cette lamentable histoire. Excellent. A conseiller fortement aux amateurs (trices) du genre.
4,5/5
La Fosse aux louves (Bertrand Carette)