A New-York, Elsa Shutz, qui a écrit des dizaines de romans à l’eau de rose sous le pseudonyme d’Hermione Beldame, se retrouve à 55 ans à la croisée des chemins. Partie de rien, elle a réussi au-delà de ses espérances. Elle est riche, célèbre, deux fois veuve et deux fois divorcée. Elle pensait ne plus rien avoir à espérer de l’amour quand elle rencontra un certain George qui fit battre son cœur, qui l’attira fortement mais qui sembla assez décevant dès le début. Il lui donnait des rendez-vous, les annulait, lui préférant des réunions de travail et des séminaires. Il discutait avec elle mais n’avait jamais un geste tendre. Il finit même par l’abandonner pour retourner dans le Sud des Etats-Unis. Cette brève rencontre, cet amour frustrant et inachevé troubla Elsa au point de l’amener à replonger dans ses souvenirs et à se repasser toute l’histoire de sa vie. De son enfance pauvre auprès d’une mère aimante mais tyrannique jusqu’à ses succès littéraires en passant par son court passage à l’Université avec sa première expérience amoureuse.
« Jours tranquilles à Manhattan » est un roman psychologique et sentimental qui ne tombe jamais dans l’eau de rose et dans la mièvrerie. Avec finesse et intelligence, Marilyn French nous y conte la vie d’une femme depuis les années 50 jusqu’à nos jours avec ses joies, ses peines, ses compagnons, ses amies, les accouchements, la maladie, les divorces, la mort de deux conjoints. La vraie vie à la fois belle et moche, facile et difficile, exaltante et morne. L’écriture est agréable à lire, simple et efficace. Le personnage d’Elsa est attachant car il est facile de s’identifier à lui. De plus, le cadre et la réalité de la vie plutôt difficile vers le milieu de l’autre siècle est fort bien rendu tout comme le contraste avec l’ambiance survoltée de New-York. Un roman très réussi qui se lit avec plaisir car il pose les questions essentielles, la vie, la mort, la jeunesse, la vieillesse, l’amour, l’amitié, etc…
4/5
Jours tranquilles à Manhattan (Marilyn French)