Le « Morning Rose » est un très vieux rafiot, en fait un ancien chalutier recyclé en cargo, qui croise dans l’Arctique, très au nord, non loin du Spitzberg. A la barre, on trouve le capitaine Imrie et son second, Mister Stokes, deux vieux loups de mer qui carburent l’un au whisky et l’autre au rhum. A bord, en plus d’un équipage réduit, voyage toute une équipe de tournage rassemblée par Otto Gerran, un producteur dont la société est en perte de vitesse et même en quasi-faillite. Le but de l’expédition est une terre perdue au nord du nord, appelée « L’ïle aux Ours ». Mais la tempête se déchaîne. Presque tous les passagers souffrent peu ou prou du mal de mer. Au cours d’une tournée effectuée dans les cabines pour réconforter les malades, Marlowe, le médecin de l’équipe, découvre l’un d’entre eux, Antonio, le maquilleur-costumier, mort empoisonné sans doute dans d’atroces souffrances. Et ce n’est que le premier de la liste…
« L’île aux Ours » se situe aux confins du thriller et du roman d’aventures maritimes tant la mer y est présente. Tout se passe à huis clos d’abord sur le « Morning Rose » puis dans le baraquement principal de l’île. Si on y ajoute un style narratif basé principalement sur les dialogues, on se trouve en présence plus d’un livret théâtral que d’un roman à proprement parler, ce qui ne serait pas gênant en soit si cela ne tournait pas parfois un peu trop au verbeux et au verbiage. Les personnages sont tous assez haut en couleur, voire à la limite du caricatural. Et qu’est-ce qu’on boit sur ce bateau ! Toutes les occasions, toutes les émotions sont autant de prétextes à vider des verres de rhum, tafia ou whisky. L’intrigue est intéressante et démarre plutôt bien. L’ennui c’est qu’elle s’essouffle assez vite et que la fin n’est pas très surprenante. Que peut venir faire une équipe de tournage en plein hiver avec juste quelques heures de lumière par jour, sur une île perdue proche du pôle nord, sûrement pas réaliser un film, le lecteur s’en doute tout de suite… Et le reste, avec les histoires de trésor de guerre nazi, est à l’avenant. Donc, en conclusion, pas vraiment le meilleur texte de l’auteur des célèbres et très réussis « Canons de Navarone ».
L’île des Ours