La garrigue brûle de Pierre MOLAINE
Quelle heureuse initiative des Editions des Traboules d’avoir publié un roman inédit de Pierre MOLAINE, Prix Renaudot 1950 (pour Les Orgues de l’enfer) ! En effet, La Garrigue brûle, premier inédit posthume de cet auteur, permet au lecteur la redécouverte (ou, plus souvent, la découverte) d’un écrivain qui avait rompu avec la littérature dans les années 1970 et avait mal résisté aux nouvelles tendances romanesques de la deuxième moitié du XXème siècle.
Mais quel retour !
L’histoire de ce médecin qui « rompt en visière avec le genre humain » après avoir connu toutes les satisfactions de la vie, sauf une – l’amour vrai et durable – son regard sur les autres et lui-même, la philosophie – colorée de dérision et d’humour – qui en résulte, nous offre un socle de réflexion « classique » sur la vanité stérile des choses humaines.
Roman crépusculaire qui renvoie pour chacun de nous aux crépuscules successifs dont une vie est faite. Ce héros-grand bourgeois est confronté aux conséquences d’ une fracture à la fois sociale (beau témoignage sur les désordres culturels d’un moment de l’Histoire) et familale (comme le prouve la fin) qui se transformera en séisme définitivement destructeur.
Un bien beau livre qui retient l’intérêt jusqu’au dénouement, inattendu ! De plus, et c’est si rare aujourd’hui, le roman d’un « écrivain », c’est-à-dire de quelqu’un qui sait manier avec talent la langue et lui rendre tout son pouvoir de séduction, tout particulièrement dans l’évocation de paysages maritimes .
Oui, un livre magistralement crépusculaire !
http://pierremolaine.site.voila.fr
Détails sur Un inédit posthume de Pierre MOLAINE, Prix Renaudot
Isbn : 2915681902
Belle langue. Séduction. Moraliste, Pierre Molaine ? Non. Plutôt un homme désespéré devant ses étudiants de 1968. Il ne les comprend pas. Il a toujours agi par devoir. Ses valeurs sont maintenant piétinées. Que dirait-il des mœurs actuelles? Comment réagirait-il aux livres de Beigbeder et Libérati ? Le monde change et il n’est pas facile d’en suivre le mouvement.La solution réside peut-être dans cette auto-dérision propre à Morlaine.
Pour compléter le commentaire précédent, je dirais, en toute amitié, qu’il me semble refléter une légère confusion : en effet, il s’agit d’un personnage qui, certes, utilise le “je”, mais qui doit être différencié de l’auteur. Que dirait MOLAINE, au regard de certaines réalités ? Je ne sais pas. Que dirait son héros ? Le livre donne la réponse. Quoi qu’il en soit, en effet, un livre séduisant, ne serait-ce que par la qualité de sa langue. Pour moi, une belle découverte.