A Haïti, un an après la catastrophe du grand tremblement de terre de 2010, Fito, auteur d’un unique mais très rémunérateur best-seller, se laisse conduire par un maquereau auprès de Mirline, une petite fille que sa mère prostitue sous une tente du camp de réfugiés de Canaan. Dans cet endroit désolé, les gens sont si pauvres et si démunis que tous les moyens sont bons pour parvenir à survivre. Le lendemain, Fito va accueillir à l’aéroport Tatsumi, une journaliste japonaise avec qui il a longuement correspondu via Internet.
« Aux frontières de la soif » est un court roman (160 pages) qui se situe entre le sentimental et le social. Les conséquences du malheur qui a frappé Haïti ne sont envisagées que sous un angle particulier, celui du sexe autant dire par le petit bout de la lorgnette. Les mères poussent leurs petites filles à coucher avec des hommes riches qui viennent ainsi raviver une sexualité souvent défaillante et assouvir leurs pires fantasmes. Plus les gamines sont jeunes, mieux c’est. Et si elles sont vierges, elles n’en ont que plus de valeur. Kettly Mars a choisi un ton distancié et parfaitement neutre pour raconter les « exploits » de Fito qui n’en demeure pas moins un vieux pédophile pervers pour lequel il est difficile voire impossible d’éprouver la moindre empathie. Pire, Tatsumi, personnage sans épaisseur et réduite à sa seule dimension d’androgyne érotique, laisse également indifférent. Et pour ne rien arranger, une intrigue qui tiendrait sur la surface d’un timbre poste. Un style assez agréable, bien entrelardé de phrases et d’expressions créoles (heureusement traduites), mais sans originalité particulière. Heureusement, qu’on ne perd pas trop de temps avec ce livre qui sera donc vite lu et vite… oublié.
2,5/5
Aux frontières de la soif (Kettly Mars)