Etant fidèle et très adepte de ce breuvage qu’est le café, je n’ai pas pu m’empêcher de me plonger rapidement dans la tasse que nous sert Pascal Marmet. La couverture dégage déjà bien quelques effluves torréfiées qui donnent une envie pressante de parcourir les pages qui se cachent derrière.
Un roman qui ne va pas spécialement vous terrifier, mais passablement vous torréfier! Bon…
Dès les premières lignes, on remarque assez vite que Pascal Marmet a longuement trempé sa plume dans une encre bien particulière, riche en caféine, dans une tasse remplie d’un arabica, ou plutôt d’un robusta bien serré, pour nous conter cette histoire. Les effluves qui s’atténuent après avoir oublié momentanément la couverture du bouquin reviennent rapidement à la charge en parcourant les premiers chapitres.
Tout est arômes et senteurs, c’est olfactivement stimulant.
Après, encore faut-il aimer le café. Mais si on suit les multiples enseignements sur le café qui agrémentent ce roman, je crois qu’il n’y a pas beaucoup de monde sur cette terre qui n’apprécie pas ce breuvage… De plus, – et je l’approuve – c’est bien plus qu’une boisson, c’est un vrai ralliement social!
Oui je vous parle d’enseignements, car en plus de suivre une sympathique histoire, on en apprend sans cesse sur ce breuvage magique; légendes, avérées ou non, peu importe, c’est passionnant. nous réalisons un authentique voyage dans le monde, à travers le temps et les âges. Accessoirement, ou peut-être même principalement, cette histoire se métamorphose en une vraie encyclopédie dédiée au café.
Mais quelle histoire?
Nous rencontrons Julien, 20 ans, qui vit à Paris. Un gars tout à fait normal, à part peut-être le fait qu’il soit presque aveugle depuis son enfance; une rétinopathie évolutive. Et peut-être encore un aspect à relever concernant ce jeune homme; il est plus qu’accro au café, un vrai drogué de cet or brun, comme il l’appelle lui-même. Mais pas un drogué dans un sens négatif, mais plutôt dans le genre passionné. Un homme mal voyant, mais extrêmement avisé lorsqu’il s’agit de faire fonctionner ses narines et son sens du goût.
« Le verdict est tombé: rétinopathie évolutive inopérable. Depuis ce jour, mon nez, mes oreilles et mes dix doigts sont mes yeux, mes dix prunelles. Je regarde avec mes oreilles transformées en sonar de dauphin, mon cerveau a appris à voir avec les sons, et en temps réel, je stocke ces milliers d’informations dans mon GPS interne pour me repérer dans l’espace et revenir sur mes pas sans problème. » Chaque pas, respiration, paroles, température équilibre… sont pour moi des images d’une grande netteté. Tous ces efforts tendent vers un but unique: l’autonomie. »
Cette passion n’est pas venue de rien; dans sa famille, on est torréfacteurs de père… pardon, de grand-père en fils. Attentif derrière son comptoir au « moulin à café » à Saint-Germain-des-Prés, contenter et transmettre la passion du café aux clients fut pour lui une activité plus qu’enrichissante. Travailler avec son grand-père, presque à l’état d’esclavage depuis l’âge de 5 ans, reste pour lui une chance dans sa vie qui n’a pas si bien démarrée.
Plonger les mains dans des sacs de fèves fendues, quel bonheur.. Mais ceci c’était avant, car notre amoureux de cet or brun s’est fait virer comme un malpropre par son grand-père. Etrange relation, il faut le dire.
Julien va se réfugier chez sa meilleure amie, sa protectrice, Johanna, une fille relativement extravertie! Un grand voyage va dès lors commencer, pas uniquement géographiquement parlant, mais aussi un voyage à travers les sens.
Pascal Marmet nous emmène dans des lieux étonnants, très aromatiques, dont je ne me doutais même pas de l’existence, tels que la caféothèque de Paris, ou encore le café Coutume tenu par Antoine Nétien, et encore bien d’autres. Après avoir passés quelques instants en ces lieux plein d’arômes et de savoir-faire, en compagnie des personnages, nous n’avons qu’une seule envie, passer le reste de notre temps à déguster de nombreux grands crus! Et oui, les grands crus ne se retrouvent pas uniquement dans le monde du vin.
Quelques comparaisons seront évidemment établies entre torréfacteur du coin, passionné, passionnant, et l’industrie de la capsule, tel que le géant Suisse Nestlé Nespresso. L’auteur, par le biais de ses personnages, nous donnera un peu sa vision sur le sujet. Je crois que c’est plus sur le principe que sur la qualité qu’il sera le plus critique!
Mais il n’y a pas que le café, il y a aussi tout une histoire de famille, une histoire dure et difficile que nous raconte Pascal Marmet. Nous nous retrouvons face à un vieil homme aigri, égoïste, qui vit de culpabilité et de souffrance, et un jeune homme bon, serviable, un peu soumis, passionné, soit son petit-fils, qui vit également de culpabilité. Sauf que lui, il n’a pas vraiment de raison d’être coupable, et il ne le serait probablement pas si son idiot de grand-père se serait comporté différemment avec lui.
Mais il y a des secrets, des non-dits, qui sont difficiles à assumer et qui nous empêchent d’être comme on voudrait être vraiment. Et en ce qui concerne ces secrets, là on est face à du sérieux. A un tel point que cela devient un vrai calvaire de les dévoiler, une impossibilité, même si cela serait humainement essentiel de le faire.
C’est en se rendant en Amérique du sud et centrale que Julien va découvrir et entendre des révélations étonnantes sur ses proches, des propos qui font mal.
L’histoire est bien écrite, narrée à la première personne, mais en changeant de personnages, ce qui rend le roman intéressant au niveau des divers points de vue. De cette manière, nous avons l’occasion de connaître ce que chaque personnages principaux pensent (réellement), soit de nous retrouver dans leur conscience.
Un roman très poussif au niveau des explications historiques, géographiques et sociales sur le café; peut-être un peu trop à mon goûts à certains moments. J’avoue avoir un peu saturé parfois, bien que le sujet m’ait grandement fasciné.
Voilà, à présent si le café n’est pas votre tasse de thé, tentez tout de même l’expérience, Pascal Marmet sait raconter des histoires en vous captivant rapidement.
Bonne lecture et bonne dégustation!
Le roman du café, de Pascal Marmet