Au fin fond du Morvan, à la ferme de l’Huis Maugrit, la vie n’a jamais été facile. Il a fallu survivre à deux terribles guerres. Le grand-père est revenu mutique de la première. Le père, Roland, parti au maquis lors de la seconde, y a trouvé la mort. Toute la charge de l’exploitation s’est retrouvée sur les épaules de sa femme, Marie Courbet, qui a dû en assurer la continuité avec l’aide de son fils Victor, de sa fille Bernadette et d’un vieil ouvrier agricole. Mais à la mort de Roland, elle découvre que celui-ci était le père d’un jeune homme, Vincent, qui réapparut pendant la guerre et s’intéressa à Bernadette, sa demi-soeur, à laquelle il fit un enfant, François, avant de retourner dans la capitale. Le temps passant, la société évoluant, la ferme devenant de moins en moins rentable, Marie a l’idée de créer une ferme-auberge dans la maison du grand-père. Cette reconversion est un joli succès. Mais un beau jour, Vincent, devenu chirurgien, revient au village avec femme et enfants…
Un vrai roman de terroir avec tous les ingrédients du genre : la nostalgie du bon vieux temps, la lente érosion et le déclin d’un monde en voie de disparition ou de mutation. Didier Cornaille a su dérouler une intrigue suffisamment dramatique et humaine pour intéresser le lecteur. Le personnage de Marie Courbet, obstinée, autoritaire et dure à la tâche, reste néanmoins attachant et émouvant ne serait-ce que par tous les drames qu’elle subit tout au long de cette histoire qui s’étend sur trois générations et par le courage qu’il lui faut pour tenir à bout de bras son petit domaine. Au delà du simple volet sentimental pas mièvre du tout, le lecteur appréciera les descriptions des différentes phases d’activités que l’on put trouver dans le Morvan, terre pauvre et ingrate, depuis la tradition peu connue des « galvachers », ces meneurs de boeufs qui partaient se louer pour les labours en Champagne et ailleurs, jusqu’au tourisme vert et aux résidences secondaires d’aujourd’hui, en passant par l’exploitation des mines de fluorite ou le travail en usine qui a fini par disparaître également. Un beau livre bien écrit, agréable à lire et instructif. Que demander de plus ?
4/5
Les terres abandonnées (Didier Cornaille)