L’auteur, né en Catalogne, est chercheur en biochimie et maître de conférences spécialisé dans les mécanismes de la mort cellulaire.
J’avoue que je ne le savais pas, alors si vous êtes dans mon cas, je vous explique; la mort cellulaire est l’arrêt définitif des métabolismes et des fonctions vitales, puis la destruction de la cellule (unité de base des processus vitaux). Nous voilà bien renseignés, ça promet…
Un roman bien prometteur, ceci pour deux raisons. D’une part, le parcours professionnel de l’auteur nous motive à démarrer cette lecture avec une grande réjouissance et, d’autre part, les premiers chapitres sont d’une qualité quasi irréprochable. Cependant, un roman se lit jusqu’à la dernière ligne et là, pour moi, ça bug au bout d’un moment. J’y reviens après.
La trame du roman, quant à elle, est relativement bien choisie et originale.
Un bunker creusé au milieu du désert. Des médecins, des spécialistes du sommeil, des militaires, un patient. Le gouvernement, probablement, a décidé pour une question de sécurité nationale de placer en quarantaine cet homme qui se trouve dans une sorte de coma depuis plusieurs semaines. Plus que la peau sur les os, c’est vrai, mais les personnes qui s’occupent de lui prétendent qu’il est dangereux.
Le Docteur Metcalf, éminent spécialiste du sommeil, a décrété que le cas qui les occupe dépasse les normes de la science. Jugé incompétent par son manque de résultat, ce spécialiste sera remplacé. Alors on va chercher d’autres médecins, on élabore de nouvelles théories et on recommence à zéro, en laissant même de côté les bases sacrés de la science, justement, qui ne sont plus vraiment fiables.
Tout est question de mental dans ce thriller. Visiblement, ils ont peur de ce que peut provoquer ce patient « simplement » par son esprit. Cet homme a été retrouvé en pleine méditation, au milieu de centaines de cadavres qui ont l’air d’avoir implosés, brûlés de l’intérieur, totalement calcinés. Quoi que peuvent penser les scientifiques qui l’ont placé en isolement total, cet homme est tout de même parvenu à un certain résultat en utilisant un moyen qui dépasse ce que l’on connait. A part, peut-être, s’il s’agit d’une mise en scène. Mais un fait reste étrange; son cerveau ne semble jamais se reposer. Pas mort, pas vivant non plus; pas en état d’éveil, ni de sommeil, pas dans le coma non plus. Un nouvel état?
Et puis nous avons l’occasion de côtoyer notre homme en isolement, car il nous parle et nous narre sa manière de voir les choses. Et ce qu’il nous fait comprendre n’est pas vraiment rassurant. Il nous explique tout, soit son appartenance, un peu par hasard, à une sorte de secte scientifique qui tend à atteindre une puissance mentale absolue basée sur le sommeil. Je n’en dirai pas plus.
L’élément intéressant, à ce stade du roman, est le fait que nous ne savons pas vraiment si notre patient est une menace, un prédateur ou simplement une victime.
Un journaliste, reporter au Times et spécialiste des sectes, va être informé par un curieux personnage de l’existence d’un milieu particulier. Une clinique en Nouvelle-Angleterre qui, officiellement, n’existe pas vraiment, des personnes qui disparaissent, toutes avec le même point commun, des amnésiques.
Le cas du journaliste est juste un exemple, car nous allons passer à travers plusieurs personnages clés, face à un phénomène relativement troublant et inquiétant. Tout d’abord d’une manière assez floue puis, comme pour un objectif dont on règle la netteté, d’une manière toujours un peu plus précise. Petit à petit, nous comprenons ce qui se trame, reste à savoir pourquoi. Le fait d’avoir des vues tout azimuts sur ce phénomène à travers les chapitres est un point très attractif concernant le concept de ce roman.
Lors de la lecture, nous sommes évidemment à chaque instant entre une éventuelle réalité et de la fiction. L’auteur, avec son bagage professionnel, est sensé nous faire douter sur ce qui est possible ou non, avec conviction. Evidemment, dans ce roman, cela est poussé à l’extrême et jusque là, j’adhère. Mais voilà, Salvador Macip a ce fameux bagage avec lui mais, malheureusement, il semble avoir laissé sa valise fermée à clés et, à mon sens, n’utilise pas tout son potentiel. Dommage. Juste un début de théorie – je dois le reconnaitre, absolument intéressante -, mais qui perd tout son sens au fil des pages.
L’auteur étaye chaque étape qui se succède dans ce livre, avec quelques explications scientifiques, c’est vrai, mais j’en attendais bien davantage après avoir parcouru son curriculum vitae! Evidemment, il ne doit pas non plus nous appuyer la tête sous l’eau en utilisant tout le poids de sa science, bien entendu, mais en ce qui me concerne, il m’en faut plus.
Ce récit nous permet de nous interroger sur plusieurs choses, sur plusieurs paramètres qui touchent l’étique. Mais aussi comment traiter une découverte scientifique majeure, à qui transmettre les informations, quels sont les risques d’une telle découverte si elle tomberait entre les mains de personnes trop ambitieuses et mal intentionnées. Que peut-elle rapporter, que cela soit sur le plan positif ou négatif.
Est ce que l’on peut prétendre avoir un droit de jugement suprême sur le monde, sur la société, en étant pourvu d’une intelligence supérieure aux autres?
Sur le fond, ce roman permet de nous poser de bonnes questions; mais plus on avance dans le récit, plus cela devient fade, trop simple, trop commun, un semblant de déjà vu mille fois. Comme si l’auteur aurait perdu sa motivation en cours d’écriture, ou alors victime d’une grande perte d’inspiration pour finir son roman.
Un roman vite lu, car relativement captivant. On en attend beaucoup durant la lecture, on compte sur un dénouement surprenant, bluffant, bref comme j’aime. Mais en ce qui me concerne, cela n’a pas pris.
L’auteur a choisi un excellent sujet mais n’a pas su l’exploiter jusqu’au bout. Dans le titre, j’utilise le terme prometteur, car il y a un potentiel énorme qui tourne autour de ce roman. Il ne manquait pas grand chose pour qu’il s’imprègne dans les pages! Pour cette raison, je n’hésiterai pas à ouvrir un nouveau roman de Salvador Macip.
Bonne lecture.
« Hipnofobia », de Salvador Macip — Prometteur, dommage…