En 1960, Georges Arnaud assiste à une conférence de presse donnée par Henri Jeanson, à l’époque recherché pour haute trahison car son réseau finance le FLN avec ses porteurs de valises qui se vantent de verser chaque mois 400 millions aux rebelles algériens. L’ennui, c’est qu’Arnaud est le seul journaliste français présent au milieu d’une quinzaine d’envoyés étrangers. Le pouvoir lui reproche de ne pas avoir dénoncé Jeanson, de protéger ses sources et au bout du compte d’être un irréductible opposant à la guerre menée en Algérie. Georges Arnaud est alors arrêté et jeté en prison. Lors d’un procès qu’il veut transformer en tribune politique, il reçoit le soutien de Joseph Kessel, Jean-Paul Sartre, Jacques Prévert, François Maspero, André Frossard, Pierre Lazareff et de nombreuses autres personnalités. Chacun s’élève à la fois contre la tentative de violation du secret professionnel, dont Arnaud bénéficie en tant que journaliste et, de plus en plus, contre la pratique de la torture en Algérie qui constitue le véritable enjeu de cette affaire. Inaugurant la stratégie dite d’enfermement militant, Georges Arnaud passera deux mois en prison. Il profitera du scandale occasionné pour demander non seulement son acquittement mais aussi des excuses de la part de l’armée. Son procès, qui se tient devant le tribunal permanent des forces armées de Paris, aboutira à une condamnation en sursis à deux années d’emprisonnement. Ce verdict sera ensuite annulé par la cour de cassation.
« Mon procès » est la simple reproduction de tous les échanges verbaux de ce procès, depuis les interventions de la kyrielle de témoins de moralité jusqu’aux plaidoiries du bataillon d’avocats au premier rang desquels ferraille le célèbre maître Vergès, lui aussi très impliqué dans cette lutte pour l’indépendance. Sans grand intérêt littéraire, ce livre reste néanmoins un véritable document historique et ne peut se révéler intéressant que de ce point de vue. Une fois encore, notre auteur à succès s’y présente comme un exemple probant d’intellectuel engagé et même activiste, comme un agitateur politique bien ancré à gauche et ayant permis notamment de mettre en exergue la notion déontologique de « secret professionnel » dans le journalisme.
Mon procès (Georges Arnaud)