Miséricorde: pitié qui amène au pardon
Le titre peut paraître assez spécial une fois la lecture achevée, car il n’y a pas vraiment de pitié dans cette histoire, et je crois encore moins de pardon!
8,5 millions d’exemplaires ont déjà été vendus dans le monde. Je reconnais que ce roman est remarquable, mais pas au point de devenir une référence mondiale du polar. Lorsque je prétends ce genre de chose, je pense aux nombreux polars que j’ai lus, nettement moins connus et surtout reconnus, et qui en mériteraient tout autant, voir même un peu plus pour certains. Voilà c’est dit.
Nous découvrons de très bonnes choses dans ce roman, je l’avoue. Les lecteurs pourront apprécier le grand savoir-faire dont fait preuve l’auteur pour décrire – intensément – ses personnages. Un atout qui a toujours sa grande importance pour moi; si ce n’est la plus importante. La relation de travail entre le personnage principal et son associé syrien, pour ne pas dire son disciple, est absolument géniale. Rocambolesque, mais ingénieusement bien construite.
Seconde chose que je désire relever, c’est l’aspect géographique. Nous sommes à Copenhague, au Danemark, et Jussi Adler-Olsen, qui vient évidemment de cette région, nous peint un tableau assez précis de son pays, que ce soit au niveau politique, économique, géographique ou encore au niveau culturel. Ce n’est pas courant de se retrouver dans cette partie de l’Europe du nord pour un polar et je reconnais que c’est assez dépaysant, dont pour moi, intéressant.
Le déroulement de l’intrigue est assez perspicace. Nous vivons aux côtés d’une proie enfermée, une femme sans défense et livrée à elle-même, ou plutôt livrée à des personnes dont on ignore tout, même les motivations. Parallèlement, nous sommes aux côtés du flic qui va rouvrir l’enquête sur la disparition de cette femme, un peu par hasard, des années après. L’auteur alterne habilement ces deux périodes qui vont évidemment se rejoindre.
Soit dit en passant, l’auteur nous permet de nous poser moult questions au niveau psychologique, vis à vis d’une personne qui, à terme, n’a plus aucun espoir, mais alors plus du tout! Le passage reliant la combativité à la renonciation totale est très bien réalisé.
Sans cesse, le lecteur se demandera pourquoi? Par qui? Sera-t-elle retrouvée?
L’auteur nous livre sont histoire à la méthode dite Cliffhanger, respectivement en alternant les chapitres qui se terminent à chaque fois sur un suspense poussé à son comble. Du coup, évidemment, on veut savoir, donc on ne s’arrête pas et on continue obligatoirement. Et là encore, c’est assez habilement réalisé.
2002
Vice-présidente du parti-démocrate à Copenhague, Merete Lynggaard est une femme politique adulée par le peuple danois et les médias. Une femme battante, positive, qui ne se laisse pas faire, qui sait ce qu’elle veut et qui va de l’avant. Quelques ennemis tout de même – évidemment! – nous sommes dans le milieu politique. Merete Lynggaard vit avec son frère handicapé dans une maison retirée de la capitale. Un frère qui a tout perdu suite à un accident de voiture, alors qu’il avait 13 ans. Elle en avait 16.
Un trajet en famille qui s’est terminé en froissement de tôle et giclées de sang. Oluf, le petit frère, restera à jamais, pour Merete, le souvenir de ce jour tragique.
Merete Lynggaard va disparaître de la surface de la terre alors qu’elle se rendait à Berlin, avec son frère, en ferry. Le frangin sera d’abord soupçonné de l’avoir balancée par dessus le bastingage. Elle ne sera jamais retrouvée. Le frère ne sera jamais inculpé, il n’y est pour rien, l’affaire sera classée.
Nous, lecteurs, nous ne savons pas où elle se trouve, mais nous savons ce qu’elle endure car nous sommes avec elle le temps de quelques chapitres. Merete Lynggaard est devenue une femme en cage, ceci depuis des années. Nous sommes témoins de son acharnement à tenir le coup, à ne pas devenir folle; soit, elle ne capitulera jamais. Forte, méthodique, même en captivité! Ses ravisseurs lui demandent en fait juste une seule chose; qu’elle devine par elle-même pourquoi elle est là. Un vent violent de vengeance semble souffler sur elle, mais pourquoi?
Entre quatre murs, elle aura le temps de se poser la question durant des années.
2007
La brigade criminelle de Copenhague croule sous les affaires en cours et a du mal à garder la tête hors de l’eau. L’ambiance au sein de la brigade n’est pas franchement formidable et ce n’est pas la présence de l’enquêteur Carl Morck qui va détendre l’atmosphère. Carl est un agent qui n’est pas vraiment apprécié dans la brigade; acerbe, râleur, presque personne n’aime bosser avec lui, bien qu’il soit extrêmement efficace.
Alors qu’il se remet tant bien que mal d’une sale affaire qui a mal tournée; un collègue décédé et un autre tétraplégique, on lui propose gentiment de changer de service. En d’autres termes, on lui ouvre un placard et on lui demande de dégager, tout en lui certifiant que c’est uniquement pour son bien. Sans oublier, bien sûr, de refermer la porte du placard bien fort.
Et cela tombe plutôt bien car un parti politique a déposé une nouvelle motion exigeant un nouveau service s’occupant de vieilles affaires non élucidées, nommées « affaires bâclées » par la déléguée du parti. Finalement, on l’appellera le Département V, qui traitera des affaires dites spéciales. Carl Morck, selon le chef de la brigade criminelle, sera l’homme de la situation pour prendre les rennes de ce nouveau service un peu inutile à ses yeux, mais qui pourra rapporter des crédits pour son propre service.
Pour Carl Morck, direction le sous-sol de la police criminelle, soit son nouveau secteur d’action; une jolie vue sur les murs… Notre homme va réussir à obtenir un associé, le syrien Hafez El Assad. D’abord homme à tout faire plutôt encombrant, s’occupant du nettoyage, du classement et du rangement en tout genre, il va vite devenir un élément important pour Carl Morck. Le courant entre les deux hommes ne va pas passer facilement, mais Carl Morck va s’apercevoir petit à petit que ce petit gaillard au langage maladroit, qui comprend tout de travers et qui place son tapis de prière au milieu de son bureau, semble avoir d’étonnantes ressources.
Carl Morck va choisir sa première affaire du Département V, un peu au pif, soit l’enquête classée sur la disparition 5 ans auparavant de Merete Lynggaard, la femme politique. Au fait, c’est plutôt son associé Hafez el Assad qui va la choisir, même s’il n’a pas vraiment le droit – pour ne pas dire pas du tout! – de consulter les dossiers. Mais l’homme « à tout faire » va vite se montrer très malin, en plaçant quelques remarques très pertinentes, tout en balayant les bureaux. Carl Morck reprend l’enquête depuis le début, en sortant pas mal d’éléments qui ont été négligés à l’époque.
Le personnage de Carl Morck est assez paradoxal. Flic absolument détestable, arrogant, on ne peut s’empêcher de l’apprécier tout de même. Divorcé, gérant comme il le peut le fils de son ex-femme en pleine crise d’adolescence, Carl est un homme passablement perturbé par sa dernière enquête qui s’est terminée dans un bain de sang. Replié sur lui-même, toujours cette même question; aurait-il pu protéger ses deux collègues… Bonne question.
Roman très vite lu malgré ses presque 500 pages. L’auteur sait nous harponner assez rapidement pour nous diriger vers son intrigue assez subtile au niveau de l’assemblage des pièces du puzzle. Plus il avance, plus les pièces s’assemblent rapidement pour arriver à un dénouement explosif, soit une rapide course contre la montre. La précipitation ne servira par contre à rien, bien au contraire.
God læsning venner! Miséricorde: pitié qui amène au pardon
Le titre peut paraître assez spécial une fois la lecture achevée, car il n’y a pas vraiment de pitié dans cette histoire, et je crois encore moins de pardon!
8,5 millions d’exemplaires ont déjà été vendus dans le monde. Je reconnais que ce roman est remarquable, mais pas au point de devenir une référence mondiale du polar. Lorsque je prétends ce genre de chose, je pense aux nombreux polars que j’ai lus, nettement moins connus et surtout reconnus, et qui en mériteraient tout autant, voir même un peu plus pour certains. Voilà c’est dit.
Nous découvrons de très bonnes choses dans ce roman, je l’avoue. Les lecteurs pourront apprécier le grand savoir-faire dont fait preuve l’auteur pour décrire – intensément – ses personnages. Un atout qui a toujours sa grande importance pour moi; si ce n’est la plus importante. La relation de travail entre le personnage principal et son associé syrien, pour ne pas dire son disciple, est absolument géniale. Rocambolesque, mais ingénieusement bien construite.
Seconde chose que je désire relever, c’est l’aspect géographique. Nous sommes à Copenhague, au Danemark, et Jussi Adler-Olsen, qui vient évidemment de cette région, nous peint un tableau assez précis de son pays, que ce soit au niveau politique, économique, géographique ou encore au niveau culturel. Ce n’est pas courant de se retrouver dans cette partie de l’Europe du nord pour un polar et je reconnais que c’est assez dépaysant, dont pour moi, intéressant.
Le déroulement de l’intrigue est assez perspicace. Nous vivons aux côtés d’une proie enfermée, une femme sans défense et livrée à elle-même, ou plutôt livrée à des personnes dont on ignore tout, même les motivations. Parallèlement, nous sommes aux côtés du flic qui va rouvrir l’enquête sur la disparition de cette femme, un peu par hasard, des années après. L’auteur alterne habilement ces deux périodes qui vont évidemment se rejoindre.
Soit dit en passant, l’auteur nous permet de nous poser moult questions au niveau psychologique, vis à vis d’une personne qui, à terme, n’a plus aucun espoir, mais alors plus du tout! Le passage reliant la combativité à la renonciation totale est très bien réalisé.
Sans cesse, le lecteur se demandera pourquoi? Par qui? Sera-t-elle retrouvée?
L’auteur nous livre sont histoire à la méthode dite Cliffhanger, respectivement en alternant les chapitres qui se terminent à chaque fois sur un suspense poussé à son comble. Du coup, évidemment, on veut savoir, donc on ne s’arrête pas et on continue obligatoirement. Et là encore, c’est assez habilement réalisé.
2002
Vice-présidente du parti-démocrate à Copenhague, Merete Lynggaard est une femme politique adulée par le peuple danois et les médias. Une femme battante, positive, qui ne se laisse pas faire, qui sait ce qu’elle veut et qui va de l’avant. Quelques ennemis tout de même – évidemment! – nous sommes dans le milieu politique. Merete Lynggaard vit avec son frère handicapé dans une maison retirée de la capitale. Un frère qui a tout perdu suite à un accident de voiture, alors qu’il avait 13 ans. Elle en avait 16.
Un trajet en famille qui s’est terminé en froissement de tôle et giclées de sang. Oluf, le petit frère, restera à jamais, pour Merete, le souvenir de ce jour tragique.
Merete Lynggaard va disparaître de la surface de la terre alors qu’elle se rendait à Berlin, avec son frère, en ferry. Le frangin sera d’abord soupçonné de l’avoir balancée par dessus le bastingage. Elle ne sera jamais retrouvée. Le frère ne sera jamais inculpé, il n’y est pour rien, l’affaire sera classée.
Nous, lecteurs, nous ne savons pas où elle se trouve, mais nous savons ce qu’elle endure car nous sommes avec elle le temps de quelques chapitres. Merete Lynggaard est devenue une femme en cage, ceci depuis des années. Nous sommes témoins de son acharnement à tenir le coup, à ne pas devenir folle; soit, elle ne capitulera jamais. Forte, méthodique, même en captivité! Ses ravisseurs lui demandent en fait juste une seule chose; qu’elle devine par elle-même pourquoi elle est là. Un vent violent de vengeance semble souffler sur elle, mais pourquoi?
Entre quatre murs, elle aura le temps de se poser la question durant des années.
2007
La brigade criminelle de Copenhague croule sous les affaires en cours et a du mal à garder la tête hors de l’eau. L’ambiance au sein de la brigade n’est pas franchement formidable et ce n’est pas la présence de l’enquêteur Carl Morck qui va détendre l’atmosphère. Carl est un agent qui n’est pas vraiment apprécié dans la brigade; acerbe, râleur, presque personne n’aime bosser avec lui, bien qu’il soit extrêmement efficace.
Alors qu’il se remet tant bien que mal d’une sale affaire qui a mal tournée; un collègue décédé et un autre tétraplégique, on lui propose gentiment de changer de service. En d’autres termes, on lui ouvre un placard et on lui demande de dégager, tout en lui certifiant que c’est uniquement pour son bien. Sans oublier, bien sûr, de refermer la porte du placard bien fort.
Et cela tombe plutôt bien car un parti politique a déposé une nouvelle motion exigeant un nouveau service s’occupant de vieilles affaires non élucidées, nommées « affaires bâclées » par la déléguée du parti. Finalement, on l’appellera le Département V, qui traitera des affaires dites spéciales. Carl Morck, selon le chef de la brigade criminelle, sera l’homme de la situation pour prendre les rennes de ce nouveau service un peu inutile à ses yeux, mais qui pourra rapporter des crédits pour son propre service.
Pour Carl Morck, direction le sous-sol de la police criminelle, soit son nouveau secteur d’action; une jolie vue sur les murs… Notre homme va réussir à obtenir un associé, le syrien Hafez El Assad. D’abord homme à tout faire plutôt encombrant, s’occupant du nettoyage, du classement et du rangement en tout genre, il va vite devenir un élément important pour Carl Morck. Le courant entre les deux hommes ne va pas passer facilement, mais Carl Morck va s’apercevoir petit à petit que ce petit gaillard au langage maladroit, qui comprend tout de travers et qui place son tapis de prière au milieu de son bureau, semble avoir d’étonnantes ressources.
Carl Morck va choisir sa première affaire du Département V, un peu au pif, soit l’enquête classée sur la disparition 5 ans auparavant de Merete Lynggaard, la femme politique. Au fait, c’est plutôt son associé Hafez el Assad qui va la choisir, même s’il n’a pas vraiment le droit – pour ne pas dire pas du tout! – de consulter les dossiers. Mais l’homme « à tout faire » va vite se montrer très malin, en plaçant quelques remarques très pertinentes, tout en balayant les bureaux. Carl Morck reprend l’enquête depuis le début, en sortant pas mal d’éléments qui ont été négligés à l’époque.
Le personnage de Carl Morck est assez paradoxal. Flic absolument détestable, arrogant, on ne peut s’empêcher de l’apprécier tout de même. Divorcé, gérant comme il le peut le fils de son ex-femme en pleine crise d’adolescence, Carl est un homme passablement perturbé par sa dernière enquête qui s’est terminée dans un bain de sang. Replié sur lui-même, toujours cette même question; aurait-il pu protéger ses deux collègues… Bonne question.
Roman très vite lu malgré ses presque 500 pages. L’auteur sait nous harponner assez rapidement pour nous diriger vers son intrigue assez subtile au niveau de l’assemblage des pièces du puzzle. Plus il avance, plus les pièces s’assemblent rapidement pour arriver à un dénouement explosif, soit une rapide course contre la montre. La précipitation ne servira par contre à rien, bien au contraire.
God læsning venner!
« Miséricorde », de Jussi Adler-Olsen