Imaginez-vous un papa comme ça. Très classique. Nom : Gaston Berrien. Papa qui fabrique des chapeaux dans l’ancien bordel la Fleur Blanche rue des Moulins, à l’endroit même où entre deux tableaux, Toulouse-Lautrec recevait sa maman… ça, c’est dans la journée…la nuit papa tient un tripot clandestin. Vous, son fils, tromperiez-vous pour autant votre chagrin en braquant les putes et en défonçant les machines à sous ? Non, vous feriez pas ça. Vous feriez pas non plus chanter votre papa avec vos potes en allant poster des missives vachardes rue des Petits Champs. Vous êtes un garçon tellement honnête que vous décourageriez aussi votre petite soeur de baisouiller avec le rejeton de Guy Tannay, politicard véreux et ameuteur de meufs à gros nibards. Seriez-vous choqué si vous découvriez que papa fait chante le politicard… à contrecoeur… Non. Pas possible. A Paris comme à New York, ça n’arrive plus aujourd’hui.
» A contrecoeur, Gaston fut bien obligé d’employer la seule arme qu’il possédat. Mais les mots eurent du mal à franchir le double barrage de ses dents et de ses lèvres.
– Souvenez-vous, monsieur le Ministre. Gilda. Tour de poitrine, 98. Tour de taille…
– Taisez-vous, coupa tannay, Je ne suis pas seul… »
Lisez ce livre et vous verrez bien si vous avez du respect pour les vieilles valeurs bourgeoises. Et si vous en redemandez, allez donc liroter le polar de Michel Lebrun… sur Lourdes.
La tête du client, de Michel LebrunÉtiquettes : braquage, Chantage, La Fleur Blanche, Toulouse-Lautrec
la tête de client de Michel Lebrun m’a fait passer une nuit blanche. moitié comédie de boulevard, moitié roman noir, c’est un sublimé de littérature pour insomniaque. J’imagine au théâtre, Gaston Berrien joué par Michel Blanc en personnage banal, mais suffisamment retors pour maîtriser subtilement une série de rebondissements s’encastrant les uns les autres, telles des poupées russes, comme si Michel Lebrun était le précurseur du polar américain d’aujourd’hui ou d’hier. Fameuse idée que d’imaginer employés de la chapellerie et escort girls passer indifféremment d’un lieu à l’autre, d’un boulot à l’autre.C’est ce qui entraîne des quipropos où se droisent en scène, grandes cocottes,adolescents boutonneux, vierges folles, députés ripoux et même d’authentiques voyous sortant de zonzon.l’apothéose, c’est quand toute cette foule se retrouve à l’hosto, dans la pretite chambre où Berrien se remet d’une bastos prise dans le buffet.Devant la surprise de sa femme,Françoise devant ces escort entreprenantes avec le malade, le chapelier Berrien les présente tout simplement
» Les épouses de mes meilleurs clients »
Françoise épouse pourtant bafouée répond:
» elles sont très sympathiques ces dames.il faudra les inviter à dîner un de ces soirs »
Ce livre pourrait aussi s’appeller: CONNE ET Cocue